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Se préparer au nouveau régime nominal

BlackRock Investment Institute privilégie les obligations indexées sur l’inflation et anticipe une bonne tenue des actions au sein des portefeuilles stratégiques, dans un contexte d’inflation plus haute et de taux réels plus bas dans les années à venir.

Les actions mondiales ont atteint des sommets alors que les nouvelles positives sur les vaccins se sont multipliées, et ce malgré les difficultés qui s’annoncent à court terme. Les négociations autour d’un nouveau plan de relance budgétaire américain se sont poursuivies.
La Réserve Fédérale Américaine pourrait revoir les orientations relatives à ses achats d’actifs lors de sa réunion de politique monétaire de cette semaine
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La révolution macroéconomique enclenchée cette année pourrait notamment se traduire par une réaction plus faible des rendements nominaux aux hausses de l’inflation. De fait, les investisseurs doivent penser dès maintenant à positionner leurs portefeuilles à long terme en fonction de cette (probable) nouvelle dynamique. Nous recommandons ainsi de renforcer la détention des obligations indexées sur l’inflation, et prévoyons que les actions seront soutenues par la baisse des taux réels au sein des portefeuilles stratégiques.

La révolution budgétaire et monétaire conjointe qui a été enclenchée cette année devrait entraîner un plafonnement des rendements des obligations nominales par les banques centrales – et ce, même si l’inflation augmente. Les implications sur les performances globales des classes d’actifs en seront probablement considérables, ainsi que sur les performances des différents secteurs du marché actions. La sensibilité de ces derniers à une hausse des taux d’intérêt est variable. Les secteurs « Value », qui présentent des primes de risque sur actions plus élevées, comme l’énergie, ont un historique général de surperformance en période de hausse des taux nominaux. Le graphique ci-dessus montre notre estimation de l’incidence, sur la performance attendue de chaque secteur, d’une hausse hypothétique de 0,5 % des taux nominaux américains : les secteurs de la finance et de l’énergie en souffriraient le moins, et celui des technologies le plus. Les secteurs de croissance (Growth) à plus forte valeur ajoutée, et à plus faible prime de risque sur actions, comme justement les technologie, sont plus sensibles aux taux d’intérêt en raison de leurs flux de trésorerie de long terme. Toutefois, avec des taux nominaux se maintenant dans une fourchette et des taux réels plus faibles, tels que les envisage notre scénario de base, il paraît peu probable qu’un catalyseur significatif se matérialise, qui provoquerait une transition durable de la Growth vers la Value – à la différence de ce qui a pu être observé durant les épisodes précédents de hausse de l’inflation.

La nouvelle relation qu’entretiennent l’inflation et les taux d’intérêt constitue l’un de nos thèmes d’investissement clés, que nous avons appelé le nouveau régime nominal et que nous présentons dans nos Perspectives globales pour 2021. Nos perspectives en matière d’inflation sont de nature structurelle, en raison des conséquences de la révolution conjointe des politiques fiscale et monétaire enclenchée en 2020, et de l’augmentation des coûts de production qui devrait procéder de la réorganisation attendue des chaînes d’approvisionnement mondiales – nous ne voyons donc pas ici simplement un choc d’offre externe, facteur traditionnel de pressions inflationnistes.

Il y a peu de chances que les anticipations d’inflation deviennent extrêmes comme dans les années 1970, et nous estimons plutôt que l’inflation de l’indice des prix à la consommation (IPC) américain devrait se situer dans une moyenne légèrement inférieure à 3 % entre 2025 et 2030.

Ceci étant, il se pourrait bien que les investisseurs sous-estiment le potentiel de hausse de l’inflation. Si les points morts d’inflation – un indicateur des anticipations d’inflation basé sur le marché – ont crû depuis mars, ils sont cependant encore sensiblement inférieurs à nos attentes. Même si l’augmentation des pressions sur les prix que nous prévoyons s’avérait modeste, elle n’en constituerait pas moins un changement significatif par rapport à ce qui a été observé pendant les dernières décennies, au cours desquelles l’inflation s’était constamment située en dessous des objectifs des banques centrales. Cet écart, notable, entre nos attentes et le comportement du marché offre une opportunité d’investissement stratégique potentielle : les investisseurs pourraient ainsi commencer à positionner leurs portefeuilles stratégiques afin de se prémunir contre les risques – tout en tirant profit des opportunités – que présente le nouveau régime nominal.

Selon notre nouvelle analyse de l’inflation, les rendements nominaux vont être moins sensibles à la hausse de cette dernière ; en outre, ils sont aujourd’hui plus proches de leurs limites inférieures effectives.

Pour ces raisons, la fourchette de rendement estimée devrait être plus étroite et, conséquemment, les corrélations négatives avec les actifs risqués devraient être moindres et le rôle protecteur des emprunts d’État nominaux au sein des portefeuilles remis pour sa part en question. L’association de la baisse des rendements réels et de la hausse de l’inflation accroît les anticipations de performance des obligations indexées sur l’inflation par rapport à celles des emprunts d’État nominaux ; elle conforte par là même notre choix de réduire nos détentions d’obligations nominales et de renforcer nos expositions aux titres indexés sur l’inflation.

En conclusion, le nouveau régime d’inflation devrait avoir des implications majeures pour les décisions d’allocation stratégique d’actifs : notamment, le coût sera élevé pour qui se trompera sur le niveau réel d’inflation et, également, pour qui fera une interprétation erronée de l’incidence de cette dernière sur les rendements nominaux et réels. Notre scénario de base nous incite à détenir davantage d’obligations indexées sur l’inflation et moins d’emprunts d’État nominaux. Le plafonnement des rendements obligataires nominaux nécessite que nous maintenions une allocation d’actions privilégiée plus élevée qu’elle ne le serait normalement dans un environnement inflationniste. Les investisseurs professionnels pourront obtenir plus d’informations sur les implications stratégiques du nouveau régime nominal en consultant les Perspectives de portefeuille que nous venons de publier.

Jean Boivin , Mike Pyle , Natalie Gill , Vivek Paul Décembre 2020

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