Pouvez-vous présenter le Corporate Sustainability Assessment (CSA) ?
Au cœur de l’expertise de RobecoSAM, le CSA constitue l’une des plus importantes bases de données au monde sur la durabilité des entreprises. Cet outil, créé en 1999, évalue les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de près de 3 000 des plus grandes entreprises dans le monde. Sur la base d’un questionnaire exhaustif, il permet ainsi de collecter près de 600 données par société afin d’évaluer leur durabilité. Pour tenir compte de l’évolution constante de la problématique de chaque sujet, près de 10 % à 20 % des questions sont modifiées d’une année sur l’autre. L’ensemble de ces informations donne lieu à une note de durabilité et au classement de chacune des entreprises au sein de son secteur. Celles qui sont classées dans les 10% supérieurs de chaque secteur sont alors intégrées dans la famille des Dow Jones Sustainability Indices (DJSI), référence mondiale en la matière.
En quoi est-il différenciant, notamment des agences de notation ?
Le CSA nous donne un accès direct aux entreprises qui investissent chacune près de 200 heures en moyenne pour répondre à l’ensemble des questions. C’est un échange à double sens. Nous apprenons sur les entreprises et les secteurs, mais le CSA leur sert aussi de benchmark pour comparer leur profil ESG par rapport à leurs pairs, grâce aux feedbacks dont elles peuvent bénéficier. En outre, notre historique de données courant sur 16 années permet de mettre en place des modèles d’analyse plus perfectionnés.
Nous ne faisons pas de rating car nous pensons qu’une notation pure ne fournit pas une image complète.
L’ensemble de l’approche de RobecoSAM s’efforce de garder la matérialité financière de l’ESG en ligne de mire. Comme un gérant de stratégies actives, nous voulons combiner toutes les données que nous pouvons collecter afin de prendre les meilleures décisions d’investissement possible.
Comment utilisez-vous cette masse de données ?
Notre approche de l’ESG est fondée sur la notion de « best in class », comme c’est le cas pour les indices DJSI. Mais l’utilisation de nos données diffère selon les produits que nous créons. Nous devons répondre à trois problématiques de base d’un investisseur. La première concerne l’intégration des informations sur la durabilité dans le processus de gestion et plus particulièrement dans la valorisation des entreprises.
Si vous trouvez des critères qui ont une influence sur le succès de l’entreprise, vous allez naturellement avoir envie de les utiliser, que ce soit pour détecter des risques ou bénéficier d’opportunités.
Cela peut être fait de manière fondamentale – par une approche bottom up ou quantitative – en combinant les différentes données dans un modèle. La deuxième problématique est plus pro-active, avec la volonté de créer un impact spécifique sans sacrifier le rendement. Enfin, certains investisseurs ont des convictions ou des valeurs éthiques non négociables, qui se concrétisent par une politique d’exclusion sectorielle (comme les mines) ou transversales (travail des enfants), hors toute considération de performance financière.
Des cas comme Volkswagen vous amènent-ils à changer ou adapter votre approche ?
Nous améliorons notre méthodologie continuellement depuis le début de notre activité. Concernant Volkswagen plus précisément, il s’agit en l’occurrence d’une fraude qui ne pouvait même pas être découverte par les auditeurs de l’entreprise, donc à plus forte raison par nous. En revanche, nous réagissons rapidement. Nous avons un système de Media Stakeholder Analysis (MSA) qui suit le flux de nouvelles quotidiennes sur toutes les entreprises que l’on couvre.
Tout incident détecté – et il y en a plusieurs centaines par an – est soumis à l’analyste en charge du secteur qui doit alors décider s’il est assez significatif pour être rapporté au comité en charge de la conception des indices.
Ce dernier, après avoir écouté les arguments de la société, peut prononcer une exclusion immédiate de tous nos indices, comme ce fut le cas avec Volkswagen.