Les actions des pays émergents sont devenues incontournables dans toute allocation de portefeuille. Les raisons en sont bien connues. D’un point de vue démographique, l’explosion de la classe moyenne et l’urbanisation continuent d’alimenter la demande intérieure, au moment où le ralentissement dans les pays développés oblige les économies émergentes à rééquilibrer leur modèle de croissance. Un modèle appelé à devenir moins dépendant des exportations et orienté vers des thèmes plus domestiques.
De manière générale, les pays émergents disposent d’importantes marges de manœuvre budgétaires et monétaires. Après avoir gagné en crédibilité au cours des dernières années, leurs banques centrales sont réactives face à l’évolution de la conjoncture et des assouplissements monétaires sont à l’œuvre dans de nombreuses économies. En outre, le développement des infrastructures permet d’augmenter le potentiel de ces économies et d’atténuer les risques inflationnistes, tout en optimisant l’aménagement du territoire. Pour toutes ces raisons, le rattrapage de ces régions ne devrait pas s’interrompre avant longtemps. La croissance des émergents devrait largement dépasser 5% en 2012, contre 1,4% pour les économies avancées.
Tout le potentiel de valorisation des entreprises cotées de ces pays est loin d’avoir été réalisé. D’un côté, ces marchés pèsent encore marginalement dans les allocations au regard de leur poids dans l’économie mondiale, et plus encore, de leur contribution à la croissance mondiale. De l’autre, le développement à marche forcée de ces marchés s’accompagne d’une liquidité accrue, de la montée en puissance de gros investisseurs institutionnels locaux et d’un foisonnement inédit de titres. La Chine a représenté à elle seule presque la moitié des montants levés en bourse dans le monde en 2011. Il faut s’attendre à une reprise des ‘IPO’ au Brésil dans les prochains mois. Enfin, les contreperformances de 2011 ont renforcé l’attractivité de la zone. En dépit du rallye de ce début d’année, l’indice MSCI Emerging Markets (MSCI EM) demeure encore 22% en-deçà de son niveau atteint en octobre 2007, alors même que la capacité bénéficiaire des sociétés locales a fortement progressé depuis. En conséquence, le PE 2012 moyen ne dépasse pas 11 en Asie et tombe même sous les 10 au Brésil voire 5,3 en Russie, en dépit de taux de croissance des bénéfices par actions attrayants.
Reste à savoir comment investir dans ces marchés. Jusqu’à présent, la plupart des investissements se sont portés sur les grands fonds internationaux, qui atteignent aujourd’hui des tailles considérables, et, plus récemment, sur les ETF. L’encours global des ETF investis sur les actions des pays émergents a atteint 222 milliards de dollars à fin janvier 2012, contre 119 milliards sur les marchés européens.Emmanuel de Sinety
Ce mode d’intervention constitue certes un moyen commode de s’exposer à ces marchés, mais plutôt selon une approche tactique. Et il atteint ses limites dès lors qu’il ne donne accès qu’aux très grandes capitalisations et ne permet pas de distinguer les gisements de valeur là où ils se trouvent réellement.
Ceux, désormais nombreux, qui perçoivent cette classe d’actifs dans une logique d’investissement à long terme, doivent envisager une autre approche. Les marchés émergents sont en effet très hétérogènes entre régions, pays, secteurs, voire segments de marché. L’investissement dans les entreprises cotées sur ces marchés exige une analyse fondamentale fondée sur une recherche très approfondie et une connaissance intime des entreprisesassortie d’une proximité avec leurs dirigeants. En outre, les gérants les plus expérimentés, ayant fait face à des crises telles que celles que nous connaissons en zone euro, appliquent leur process de gestion avec sang-froid et discipline. Une présence locale, de longue date, est réellement source de valeur ajoutée.
L’investissement dans les entreprises cotées sur ces marchés exige une analyse fondamentale fondée sur une recherche très approfondie et une connaissance intime des entreprisesassortie d’une proximité avec leurs dirigeants.Emmanuel de Sinety
Les marchés émergents ne sont plus le Far West qu’ils étaient il y a quelques années. Désormais très réglementés, liquides et diversifiés, ils sont devenus des marchés très propices au stock picking, où une approche basée sur les valorisations prend tout son sens. Une preuve de plus de leur normalisation.