Selon la Commodity Futures Trading Commssion (CFTC), le régulateur américain des marchés de matières premières, les faits se sont déroulés le 24 février 2006 et le 26 avril 2006, derniers jours de trading (« expiry day ») du contrat future sur gaz naturel « NYMEX mars 2006 » et du contrat future sur gaz naturel « NYMEX mai 2006 ». Le prix de dénouement de chaque contrat est alors déterminé par le volume moyen pondéré des trades exécutés entre 2:00 et 2:30 pm (le « closing range »).
La plainte suggère que le fonds Amaranth et Hunter ont amassé chacun de ces « expiry day » plus de 3.000 contrats de futures NYMEX avant le « closing range », tout en se positionnant sur l’IntercontinentalExchange (ICE) en y prenant de larges positions « short » en swaps sur gaz naturel dont les prix de dénouement sont basés sur ceux des futures NYMEX.
Puis ils revendaient massivement leur 3.000 contrats futures pendant le « closing range », provoquant une baisse des prix et du même coup un gain substantielle pour eux grâce à la détention de positions « short » en swaps sur l’ICE.
La CFTC accuse en outre Amaranth et Hunter d’avoir essayé de dissimuler leur agissement en produisant de faux rapports au NYMEX en réponse à une enquête qu’elle menait sur la journée de trading du 26 avril 2006.
Pour Walter Lukken, président du CFTC, il s’agit avant tout d’assurer que les opérations sur les marchés de futures se passent de façon transparente et compétitive à l’abri de toute distorsion de prix. La CFTC entend ainsi dissuader tout opérateur qui tenterait de manipuler les cours à l’avenir.
Il y a un mois, un rapport parlementaire réalisé par la commission d’enquête du Comité sur la sécurité intérieure et les affaires gouvernementales du Sénat américain avait déjà mis en lumière le rôle du fonds Amaranth dans la flambée des prix du gaz naturel aux Etats-Unis pendant l’été 2006 et avait appelé à des mesures législatives afin d’éviter une récidive.
Avant sa chute, Amaranth faisait figure de "Mamouth" sur le marché américain du gaz naturel. D’après le rapport, Amaranth avait détenu jusqu’à 100.000 contrats de gaz naturel, représentant 28 milliards de mètres cubes de gaz naturel, soit 5% de tout le gaz naturel utilisé aux Etats-Unis pendant une année.
Les spéculations à grande échelle du fonds avaient ainsi entraîné une flambée des cours à l’été 2006, alors même que "les fondamentaux de l’offre et de la demande étaient largement inchangés".
Selon le rapport, certaines sociétés, telles que des services publics, avaient dû soit absorber ce coût supplémentaire, soit le répercuter sur le consommateur final, comme les usagers résidentiels qui payèrent des factures de chauffages plus élevées.
"Le cas Amaranth n’est pas juste l’histoire d’un simple hedge fund dominant le marché, mais celle d’un système de régulation défaillant qui a laissé les marchés énergétiques à la merci de tout courtier disposant de ressources suffisantes pour altérer les prix de l’énergie", analysait le rapport.
Pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise, le rapport appelait notamment à accroître le budget de la CFTC.