Head of Global Institutional Sales chez HSBC Global Asset Management, à Londres, et classée dans le Top 50 des femmes les plus puissantes de l’industrie des hedge funds, Barbara Rupf Bee explique sa vision sur la place des femmes dans la finance.
Comment avez-vous été amenée à choisir le milieu de la finance ?
A vrai dire, je n’avais pas de plan de carrière. Cela s’est produit naturellement, au fil du temps, de l’évolution de mon intérêt professionnel et de celui des opportunités d’emploi qui m’ont été offertes.
J’aime beaucoup cet environnement en perpétuel changement, la diversité des différentes personnes qui en font partie, le dynamisme du secteur.
je crois à une égalité systématique en matière de savoir, d'expérience et de compétence, quel que soit l'emploi!Barbara Rupf Bee
Une étude de Hedge Fund Research indique que les femmes ont beaucoup mieux performé que les hommes cette année dans la gestion de fonds alternatifs. Qu’en pensez-vous ?
Cette étude ne démontre rien, elle ne fait qu’affirmer qu’un certain nombre de gérantes ont réalisé de très bonnes performances. D’une manière générale, je ne pense pas que les femmes font mieux que les hommes ; la vraie réponse se trouve dans chaque individu, et non dans le genre. Evidemment, de grandes différences existent dans la manière dont les hommes et les femmes, en tant qu’individu, travaillent, mais une fois encore je n’attribue pas cela au genre ; cela est davantage lié à l’expérience, au savoir, au savoir-faire individuel.
La finance s’est-elle construite sur un fonctionnement ou un modèle masculin ?
Qu’est-ce qu’un modèle masculin ? Aimer les voitures ? Mais doit-on être un homme pour aimer les voitures ?
L'argument du manque de femmes à Lehman Brothers ne tient pas !Barbara Rupf Bee
Une tendance à vouloir dominer son prochain, surtout si c’est une femme ?
Cela ne fait pas partie de mon expérience. A la réflexion, j’ai rencontré autant d’ « alpha females » que d’ « alpha males » dans le contexte professionnel. Peut-être moins de femmes leaders d’un point de vue quantitatif, mais toutes aussi déterminées dès lors qu’elles avaient une opportunité. En ce qui me concerne, je base ma croyance sur le fait que chaque personne - homme ou femme - est égale en termes de chances.
La crise financière se serait-elle produite avec des boards plus féminisés ?
La crise n’aurait pas été évitée avec un ratio hommes/femmes différent ; cette crise a été provoquée par une insuffisance de supervision et de prudence, et je ne pense pas que les choses auraient été différentes avec plus de femmes dans les conseils d’administration. D’ailleurs, pour rebondir sur l’idée « Lehman Sisters », il faut savoir qu’un très grand nombre de femmes travaillent dans le secteur financier aux Etats-Unis : autrement, l’argument du manque de femmes à Lehman Brothers ne tient pas. Cela dit, si on pose la question de l’intelligence émotionnelle impliquée dans l’évaluation du risque, les conclusions peuvent être différentes. Mais l’efficacité de l’intelligence émotionnelle dans la gestion du risque n’a pas encore été prouvée.
L'efficacité de l'intelligence émotionnelle dans la gestion du risque n'a pas encore été prouvée!Barbara Rupf Bee
Vous avez occupé des postes aux quatres coins du monde. Y a-t-il des différences notables ?
Si l’on jette un coup d’oeil sur l’industrie financière américaine, on trouve beaucoup de femmes leaders, plus en tout cas qu’au Royaume-Uni ou dans les pays européens, où les opportunités n’ont pas beaucoup augmenté. Cela dit, il y a des exceptions à la règle, comme dans les pays nordiques, où existe un haut ratio de femmes dirigeantes. La même proportion peut être vue en Asie (à l’exception du Japon) et en Amérique latine, où les femmes ont plus facilement des responsabilités... Je pense que les tendances sont corrélées à des facteurs géographiques, avec des rôles précis dévolus aux femmes dans certains pays. En Europe, les femmes n’ont pas les mêmes possibilités en raison de facteurs culturels ou sociaux. Tout dépend de l’origine et de l’histoire, mais dans mon cas, il n’y a pas réellement de différence entre un homme et une femme, le plus important étant d’être le mieux adapté possible pour un rôle/emploi défini. C’est la croyance de mes parents, c’est la mienne, et c’est ainsi que je ne me suis jamais sentie désavantagée en tant que femme. Dans le même ordre d’idées, je crois à une égalité systématique en matière de savoir, d’expérience et de compétence, quel que soit l’emploi. On ne doit pas spécifiquement être un homme ou être une femme pour être performant, c’est qui vous êtes en tant qu’individu, et tout ce que vous apportez, qui a de l’importance.