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Catalyser la transition énergétique avec le crowdfunding

L’énergie est le point central de la transition écologique de notre modèle de développement. Face aux besoins croissants en énergie, de la hausse des coûts des matières premières fossiles et des investissements colossaux dans des infrastructures nouvelles qui modèlent nos territoires, le financement participatif a un rôle à jouer dans le financement et la désirabilité de la transition énergétique.

Dans le cadre des Accords de Paris, la France s’est engagée à réduire d’au moins 40% ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. Cet objectif ambitieux s’inscrit dans un contexte d’une forte hausse des besoins énergétiques futurs avec l’électrification de nos usages en particulier dans l’industrie et les transports. Selon les estimations de RTE, le gestionnaire public du réseau électrique, la consommation électrique augmenterait de 35 % d’ici 2050 en passant de 475 TWh à 645 TWh, une augmentation massive. Pour les pouvoirs publics, le défi est immense. Il nécessite de mettre en place une politique ambitieuse qui réponde aux besoins futurs tout en conservant la trajectoire de décarbonation de notre consommation.

La transition énergétique, une nécessité pour nos besoins immédiats

À Belfort, Emmanuel Macron a dessiné les grandes lignes de ce que pourrait être la stratégie énergétique de la France entre relance du nucléaire, investissement dans les énergies renouvelables, notamment dans le solaire et l’éolien en mer, et sobriété énergétique des bâtiments. Alors que le nucléaire représente encore aujourd’hui plus des deux tiers de la production d’électricité, les énergies renouvelables (éolien, solaire et bioénergies) ne comptent que pour 12 % du mix énergétique en 2020, selon les chiffres du Ministère de la transition écologique. Si les énergies vertes représentent un investissement annuel autour de 8 milliards d’euros, les objectifs de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 qui fixaient d’augmenter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2020, n’ont pas été atteints.

Le vieillissement des centrales nucléaires, les délais incompressibles de construction de nouvelles centrales, sans parler des invraisemblables dérapages budgétaires de l’EPR de Flamanville qui n’a toujours pas injecté le moindre électron sur le réseau 14 ans après le démarrage du chantier, plaident pour une forte accélération des investissements dans des unités de production d’énergie renouvelable.

La crise ukrainienne met cruellement en évidence l’absence de souveraineté énergétique des pays européens. La dépendance au gaz russe et les tensions sur les marchés des matières premières suite aux sanctions contre la Russie obligent l’Union Européenne à accélérer en urgence le basculement rapide et massif de son bouquet énergétique vers les énergies renouvelables.

La réponse ne peut pas avoir d’effet immédiat, mais le développement des énergies renouvelables sous toutes leurs formes constitue à relativement court terme le seul moyen d’améliorer significativement l’indépendance énergétique, et donc stratégique, des Européens tout en préservant leur pouvoir d’achat. Malgré le retard pris dû à l’absence de vision stratégique des dernières années, la mobilisation des capitaux vers les énergies renouvelables doit nous assurer une production énergétique décarbonée, abondante, compétitive et indépendante des jeux géopolitiques.

L’Etat donne le LA au développement des EnR

L’impulsion réglementaire participe activement au développement des EnR (énergies renouvelables). Ainsi, la commission de la régulation de l’énergie (CRE) a mis en place des dispositifs de soutien sous la forme d’un complément de rémunération pour garantir un tarif de vente de l’électricité verte. Cela offre un cadre très sécurisant permettant le développement d’une filière créatrice d’emplois tout en accompagnant une baisse structurelle et spectaculaire des coûts du kWh. Autre exemple, la publication d’un décret tarifaire en octobre 2021 proposant de relever le guichet ouvert pour les toitures et les ombrières solaires à 500 kWc contre 100 kWc par le passé, a engendré en deux mois le dépôt aux autorités de 9 000 demandes représentant 650 MW, soit un besoin de financement d’environ 700 millions d’euros. Et ces nouvelles installations produiront leurs premiers kWh à un horizon de quelques mois seulement !

La rapidité de déploiement de ces unités de productions couplées à une excellente prévisibilité des flux financiers futurs, sont la clé pour la mise en ligne massive et à coût maîtrisé de nouvelles capacités décarbonées. Ils assurent également un investissement à un couple rendement/risque attractif pour les particuliers qui souhaiteraient soutenir ce type de projet sur les plateformes de crowdfunding.

Le crowdfunding comme levier pour les énergies renouvelables

Les plateformes de crowdfunding ont ainsi un rôle à jouer dans le développement des énergies renouvelables. Le 9e baromètre annuel de Financement Participatif France montre une forte dynamique des collectes sur les projets EnR avec plus de 200 millions d’euros collectés sur les 2 milliards d’euros qu’ont drainé l’ensemble des plateformes en 2021, soit presque le double de l’année précédente. La tendance devrait se poursuivre et même s’accentuer ces prochaines années avec le foisonnement de nouveaux entrants dans le secteur des énergies vertes, avec des besoins de financement en fonds propres importants. Des plateformes de financement participatif se sont spécialisées dans le soutien des projets EnR en apportant des capitaux non dilutifs. Leur vocation n’est pas non plus de remplacer le financement bancaire qui est aujourd’hui massif dans ce secteur, mais d’intervenir en substitution des fonds propres des porteurs de projets, notamment en dette obligataire.

Le rôle des plateformes ne se limite donc plus à mettre en avant les projets pour en faire la pédagogie dans les territoires, même si elles continuent activement de jouer ce rôle et que celui-ci est primordial pour rendre désirable la transition en cours auprès du grand public. Le secteur s’est professionnalisé et a démontré sur les 8 ans de son historique son exigence dans la sélection et la structuration des dossiers. Cette capacité d’appréciation du risque et l’expertise sectorielle est un élément de réassurance fort pour les investisseurs qui adoptent de plus en plus massivement ce nouveau moyen de décarboner son épargne et d’aligner en toute transparence ses placements avec ses valeurs.

Léo Lemordant Mars 2022

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