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Chasse aux sorcières à Wall Street

Un an après le début de la crise des subprimes, la panique s’est emparée des banquiers de Wall Street, après l’arrestation des deux ex-gérants de fonds de la banque d’affaires Bear Stearns...

En juin 2007, la faillite des fonds « high grade structured credit strategies fund » et « enhanced leverage master fund » de Bear Stearn entrainant la perte de 1, 6 milliards de dollars pour les investisseurs, avait donné le coup d’envoi à la crise des subprimes.

Un an plus tard, les gérants de ces deux fonds, Ralph Cioffi et son compère Mathew Tannin sont toujours sous les feux des projecteurs. Fait inédit pour des gérants de fonds, ils sont inculpés pour conspiration et fraude, et risquent jusqu’à 20 ans de prison.

La justice reproche aux deux acolytes d’avoir sciemment trompé les investisseurs, en leur garantissant la fiabilité de fonds qu’ils savaient en proie à la faillite et d’avoir menti sur la part des fonds investie en subprime, 60% au lieu des 6% indiqué dans les rapports mensuels.

Un e-mail à charge, de M. Tannin à M. Cioffi envoyé trois mois avant la faillite des fonds, a été saisi par la justice. Tannin y expliquait à son collègue que le marché des subprimes était pourri et qu’il fallait immédiatement fermer les fonds si les modèles de calcul internes à Bear Stearns n’étaient même qu’approximativement exacts. Il estimait de surcroît qu’il n’y avait plus aucun moyen de dégager des plus-values du fait de la dégradation systématique des obligations notées AAA.

Pourtant, de façon concomitante, ils continuaient à vanter l’attrait de leur fonds aux investisseurs qu’ils rencontraient.

A l’heure où la classe politique et l’opinion publique cherchent des boucs émissaires, les gérants de fonds apparaissent comme des coupables idéaux.

Depuis le mois de mars, la justice a procédé à plus de 400 inculpations et plus d’une soixantaine d’arrestation à travers une opération dénommée « Malicious Mortgage ».

Cependant, aucun autre gérant n’a encore été interpellé, mais il va sans dire que le nettoyage d’e-mails bat son plein. Tout professionnel, qui malgré l’anticipation d’une faillite sur le marché subprime et qui aurait simultanément continué à solliciter les fonds des investisseurs risque gros. Voire très gros. Plusieurs gérants de fonds seraient d’ailleurs prêts à l’exode, rejoindre un paradis fiscal où l’environnement juridique est plus protecteur en cas de faillite du fonds et ainsi éviter des procès à répétition.

Epargnés pour le moment, plusieurs analystes risquent également d’être sur la brèche dans un futur proche. Fin mars 2007, beaucoup d’entre eux minimisaient l’impact de la crise des « subprimes » américains sur les résultats des banques d’investissement et ses répercussions sur l’ensemble du marché. La question est de savoir s’ils avaient accès comme leur collègue de Bear Stearns, aux modèles internes de leur banque, qui dans bien des cas, laissaient envisager une faillite généralisée des produits investis en subprime.

Pour cet analyste de Wall Street, qui a survécu à a bulle internet, cette nouvelle chasse aux sorcières est démagogique, car selon lui les vrais coupables sont les agents commerciaux dans le courtage immobilier, qui, pour encaisser des commissions, arrangeaient les dossiers de clients qu’ils savaient insolvables.

Paul Monthe Juillet 2008

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