Dans le contexte d’un surplus de quotas croissant depuis 2008, ces deux tendances affaiblissent davantage la demande de quotas.
En 2011, les émissions du secteur de la combustion qui couvre 70 % des émissions de l’EU ETS ont baissé de 2,2 %, en raison d’une moindre demande en énergie. Le repli de la production d’électricité dans la majorité des grands pays européens, à l’exception de la Pologne, répond à la baisse de la demande largement due à la crise économique et à la douceur des températures. Selon notre indicateur élaboré avec Metnext, les conditions clémentes observées cette année ont limité la demande d’électricité de 2,5 %. L’essor des énergies renouvelables et le maintien de la part du nucléaire dans le mix-électrique - malgré la fermeture de 8 réacteurs en Allemagne - ont également joué en faveur d’une baisse des émissions. À noter le cas atypique de l’Espagne dont la hausse de 24 % des émissions de son secteur électrique s’explique notamment par la mise en place de nouvelles subventions à la production à base de charbon.
Les autres secteurs industriels ont, quant à eux, vu leurs émissions de CO2 chuter dans tous les secteurs à l’exception du verre (+ 3 %), des produits céramiques (+ 1,5 %) et de la production d’acier (+ 0,7 %), et ce en dépit d’une faible croissance de leur niveau de production. Le contraste est saisissant entre les émissions des industries des nouveaux États membres en hausse de 5,4 % et celles des pays actuellement en difficulté, tels que la Grèce, l’Irlande et le Portugal, en baisse de 18,9 %. Par rapport à 2008, ce sont les émissions des secteurs de la céramique (– 32,3 %), du ciment (– 20,2 %), de l’acier (– 14,1 %) qui ont le plus baissé.
Au regard des perspectives économiques et sans signal politique fort, le prix du CO2 restera trop faible pour déclencher les investissements nécessaires pour assurer la transition vers une économie sobre en carbone.
Par ailleurs, les données de restitution révèlent que les installations ont utilisé 178,8 millions de CER issus des projets MDP et 75,8 millions d’ERU issus des projets MOC. Les opérateurs ont été plus nombreux à utiliser des crédits : 36 % des installations ont restitué au moins un crédit international contre 25 % en 2010. Au total, ce sont 555 millions de crédits carbone internationaux qui ont été restitués depuis le début de la phase II. L’accélération constatée de la restitution de crédits internationaux s’explique par deux raisons :
L’écart de prix entre EUA et CER s’est creusé de 10 % en 2011 et atteint un niveau proche d’ 1 EUA = 2 CER. L’incitation financière à restituer des crédits internationaux s’est donc renforcée.
Les restrictions qualitatives HFC/N2O adipique à compter du 1er mai 2013 incitent les acteurs à restituer au plus vite leurs crédits provenant des projets non éligibles en phase III de l’EU ETS. Entre 2008 et 2010, 81 % des CER restitués provenait de ces types de projets.
Par conséquent, en tenant compte de l’importation de crédits Kyoto, le déséquilibre entre l’offre et la demande de quotas s’accroît : 452 MtCO2 l’année dernière, contre 284 MtCO2 en 2010, 249 MtCO2 en 2009 et – 34 MtCO2 en 2008. Selon nos estimations, l’excédent cumulé transférable en phase III atteint 1,5 Gt, soit 80 % des émissions annuelles de l’EU ETS. Le niveau actuel du prix de l’EUA qui évolue autour de 6-7 €/t répond logiquement à ce déséquilibre.
Au regard des perspectives économiques et sans signal politique fort, le prix du CO2 restera trop faible pour déclencher les investissements nécessaires pour assurer la transition vers une économie sobre en carbone. La proposition de la Commission européenne (CE) de décaler le calendrier des enchères ne pourra avoir un impact significatif et durable sur le prix que si elle s’accompagne d’une annulation définitive des quotas mis en réserve.