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El Niño : les vents du changement dans les prix des produits de base ?

Un nombre infini de facteurs peut influencer les prix des produits de base. Il est beaucoup question cette année des conditions météorologiques mondiales, connues sous le nom d’El Niño, et de leur potentiel à avoir un effet sur l’ensemble des produits de base, dans tous les secteurs.

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À partir des données en sa possession, l’Administration nationale des océans et de l’atmosphère (National Oceanic and Atmospheric Administration, NOAA), l’organisation responsable de l’identification des conditions météorologiques mondiales, annonce une probabilité supérieure à 90 % qu’El Niño continue dans l’hémisphère nord au cours de l’hiver 2015-2016 et s’affaiblisse graduellement au cours du printemps 2016.

Qu’est-ce qu’El Niño ?

Généralement, les alizés soufflent d’est en ouest dans le Pacifique, le long de l’équateur, poussant vers l’Asie l’eau plus chaude et les températures plus élevées. La NOAA relève et surveille les températures de l’air et de l’eau en surface à travers le monde au moyen d’un réseau de balises mises en place dans le sud de l’océan Pacifique, depuis les îles Galápagos jusqu’à l’Australie. Pendant El Niño, les températures de l’eau en surface s’élèvent et les alizés faiblissent. Comme ce phénomène s’autoalimente, le potentiel d’un évènement El Niño augmente.

En quoi El Niño peut-il avoir un impact sur les conditions météorologiques mondiales ?

Chaque évènement El Niño est différent. Lors de celui de 1997, l’air plus chaud qu’à l’ordinaire dans l’est du Pacifique a provoqué une augmentation des pluies sur la côte ouest de l’Amérique du Sud, et de la sécheresse le long de la côte est. Le Pérou et l’Équateur ont connu de graves inondations alors que le Brésil et une partie de la Bolivie ont subi des sécheresses prolongées. Le changement des alizés produit généralement des conditions de sécheresse excessives en Australie, en Indonésie et dans d’autres parties de l’Asie du Sud-Est.

Cette année déjà, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a annoncé qu’El Niño a affecté la mousson en Asie du Sud, avec des pluies inférieures à la moyenne d’environ 12 %. Les effets potentiels sur la météorologie des États-Unis pourraient être plus favorables ; il pourrait apporter des pluies bienvenues et un temps plus frais sur le sud et le sud-ouest des États-Unis, et, dans lemême temps des conditions plus chaudes sur la partie nord du pays.

Non content de causer des calamités comme les feux de forêt, et des risques sanitaires tels que la dengue ou le paludisme, un évènement El Niño sévère est capable d’affecter le prix de beaucoup de produits de base dans le monde.

Comment cette météo pourrait-elle avoir un impact sur les produits de base ?

LES CÉRÉALES

Ce sont les approvisionnements en céréales qui sont les plus touchés par le temps qu’il fait, en particulier la culture du blé. Les États-Unis et l’Australie représentant à peu près 30 % des exportations mondiales de blé, des changements météorologiques extrêmes dans l’ensemble du Midwest des États-Unis ou une sécheresse en Australie pourraient avoir de sérieuses implications sur les prix.

Toute contrainte forte sur l’approvisionnement en céréales au niveau mondial a le potentiel de pousser les prix à la hausse : selon moi, il est probable que la vélocité et la durée de l’inflation des prix dépendra directement de la gravité de l’évènement El Niño. Toutefois, il est important de noter que, selon l’analyse USDA des stocks en fin d’année, les stocks mondiaux de céréales ont augmenté de façon marquée depuis 2010-2013, période l’approvisionnement mondial était tendu suite à l’interdiction par la Russie des exportations de blé, et à la sécheresse de 2012 en Amérique du Nord. [1]

LE CACAO

Sur septembre uniquement, les prix du cacao ont augmenté d’environ 8 %, ce qui, à mon avis, relève largement de la crainte de l’effet El Niño. Comme la production de l’Afrique de l’Ouest représente environ 70 % de l’approvisionnement mondial, les conditions météorologiques devront être surveillées de près car le cacao risque de manquer pour la seconde année consécutive.

L’HUILE DE PALME

L’huile de palme a connu un rebond de prix extraordinairement fort (à peu près 27 %) alors que le ringgit malaisien s’est affaibli et que s’est aggravée la menace de réductions des approvisionnements, en raison d’El Niño. L’huile de palme est utilisée dans des produits allant des biocarburants aux biscuits aux pépites de chocolat, et reste en situation de risque en cas de persistance des conditions météorologiques sèches dans certaines parties de l’Indonésie et de la Malaisie qui fournissent ensemble plus de 80 % de l’approvisionnement mondial.

LE CUIVRE

Les approvisionnements en cuivre depuis la région du désert d’Atacama au nord du Chili restent vulnérables au dérangement causé par El Niño. Le nord du Chili a connu de fortes pluies en mars et en août, pluies qui ont causé des décès, des inondations dans les rues, des coulées de boue et des coupures de courant ayant temporairement interrompu le travail dans certaines mines de la région. Toute précipitation supplémentaire dans cette région, qui est l’une des plus sèches sur la planète, fait courir le risque d’une interruption des activités minières et d’un relèvement des prix du cuivre, alors que le Chili produit environ un tiers du cuivre mondial.

Andrea DiCenso Novembre 2015

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Notes

[1] Source : Indices Bloomberg, CRNNW00 1176 (Maïs), WHETW00 1176 (Blé) et OSSBWW001176 (Soja)

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