La chasse au rendement dans un contexte de taux d’intérêt bas devrait soutenir les investissements dans la dette des marchés émergents en 2021, où nous pensons que les rendements restent relativement attractifs. Les devises des marchés émergents restent selon nous largement sous-évaluées, dans un environnement où nous pourrions voir une pression continue sur le dollar américain.
Malgré une résurgence du virus ces derniers temps, le déploiement du vaccin dans le monde entier devrait enclencher la reprise économique qui devrait elle-même contribuer favorablement à cette classe d’actifs, en particulier dans les pays étroitement liés aux matières premières et au tourisme. La politique monétaire mondiale devrait rester très accommodante à court terme et devrait également constituer un facteur de soutien important en 2021.
Il est clair que la menace de nouvelles vagues du virus et de confinements plane toujours sur de nombreuses régions du monde, y compris pour de nombreux marchés émergents. La crise aura indubitablement laissé de nombreuses séquelles dans les économies des marchés émergents.
Dans un environnement où les obligations ont vu leurs valorisations se normaliser considérablement au cours de la crise, une analyse approfondie des fondamentaux, la sélectivité des émetteurs et une bonne diversification des portefeuilles resteront essentielles pour gérer efficacement le risque.
Obligations d’État ou d’entreprise
Les obligations d’État et les obligations d’entreprise des marchés émergents présentent des caractéristiques différentes au sein de leurs indices respectifs, et ce, en raison des différences de composition.
L’indice des obligations d’entreprises a tendance à mieux résister que l’indice des obligations souveraines au cours des périodes dites de "prise de risque" : l’indice des obligations d’entreprises des marchés émergents a une sensibilité et un spread plus courts car la durée moyenne des échéances des obligations y est plus faible. La qualité de crédit y est aussi généralement plus élevée, en partie en raison d’une répartition géographique différente. L’Asie y est plus fortement pondéré, avec de nombreux émetteurs bien notés, alors que l’indice des obligations souveraines présente une allocation plus élevée à l’Afrique subsaharienne et aux marchés frontaliers avec des notations plus faibles, où l’on trouve peu d’obligations d’entreprise.
Toutefois, si ces différences existent au niveau de l’indice, elles ne s’appliquent pas de la même manière lorsqu’on compare un pays donné à un autre.
En général, les obligations entreprises d’un pays présentent plus de risques que leurs obligations souveraines et ont des spreads plus importants. Au moment d’investir, nous évaluons le pays dans un premier temps, puis décidons de l’instrument pour chaque pays – obligation souveraine, d’entreprise (quand c’est possible) ou les deux - en fonction des valorisations et de notre analyse des fondamentaux. Par conséquent, notre décision d’investir en obligations souveraines ou d’entreprise est prise au niveau du pays, et nous n’avons pas de préférence pour l’un ou l’autre d’un point top-down.
Privilégier les devises locales pour la relance
En 2020, les performances des obligations en monnaie locale étaient inférieures à celles des obligations en devises fortes. Dans de nombreux cas, les obligations ont en fait enregistré de bonnes performances en monnaie locale, car les banques centrales des marchés émergents ont rejoint leurs homologues en réduisant les taux, ce qui a fait baisser les rendements. Mais la baisse des devises des marchés émergents a réduit les rendements globaux. S’il était logique de se concentrer sur la dette souveraine et la dette d’entreprise des marchés émergents libellée en dollar américain pour leurs qualités plus défensives pendant la crise du COVID-19, l’investissement dans des émetteurs libellés en monnaie locale sera probablement plus attrayant au moment de la reprise économique mondiale prévue en 2021.
Dette émergente et échéance longue
Certains pays notés Investment Grade (IG) comme le Pérou ont profité des rendements très bas du Trésor américain pour émettre des dettes très longues en USD. Cependant, il existe d’autres moyens d’obtenir des rendements réels décents en investissant dans des obligations en monnaie locale et sans prendre autant de risques de duration.
Au Pérou, par exemple, vous pouvez obtenir un rendement similaire en investissant dans des obligations souveraines à 10 ans libellées en Sol péruvien. En outre, les taux d’intérêt à court terme en monnaie locale restent relativement attrayants dans plusieurs pays. Les rendements des obligations souveraines à très courte échéance, comme au Mexique et en Russie, sont encore proches de 4%, et les courbes locales restent raides, ce qui offre une possibilité intéressante de hausse des rendements lorsque l’échéance est portée à 10 ans.
Enfin, de nombreuses obligations à haut rendement en devises fortes (tant souveraines que d’entreprises) offrent des rendements attrayants pour une échéance beaucoup plus courte, bien qu’elles présentent évidemment un risque de crédit plus élevé.