Il y a plus d’un mois, Nicole El Karoui, sommité dans le domaine de la finance mathématique, recevait l’une des plus hautes distinctions françaises : la légion d’honneur.
Si la presse financière ne s’en est fait que très peu d’écho, la nouvelle n’en reste pas moins un remarquable signe de reconnaissance du travail réalisé par le professeur El Karoui pour hisser les mathématiques françaises dans les plus hautes sphères de la finance mondiale.
Originaire de Nancy, ancienne élève de l’ENS, docteur es sciences et actuellement vice-président du département de mathématiques de l’Ecole Polytechnique, Nicole El Karoui a été la première, en compagnie d’autres professeurs tels que Nicolas Bouleau ou Helyette Geman, à travailler sur les problématiques de modélisation financière sur les marchés d’actions et de dérivés en France. Puis, elle a été l’une des pionnières dans la création de formations universitaires d’excellence en mathématiques financières dans les années 90. Notamment, le Master de probabilités et Finance de l’université Paris 6 - plus connu sous le nom de « DEA El Karoui » - qu’elle dirige encore aujourd’hui avec Marc Yor et Gilles Pagès et qui fait office de référence internationale dans le domaine des formations pour analystes quantitatifs.
Cette impulsion a suscité l’émulation. D’autres formations ont vu le jour par la suite en France (ou se sont réorientés finance), telles que le Master modélisation aléatoire de Paris 7 de Laure Elie ou le Master analyse des systèmes aléatoires de Marne-la-vallée dirigé par Damien Lamberton, et elles connaissent aujourd’hui, à l’instar du "El Karoui", un certain succès sur les places financières au point où, des statistiques qu’on ne saurait vérifier, parlent de « un quant sur trois dans le monde » qui serait issu de l’école française.
Nicole El Karoui a reçu sa distinction le Samedi 15 Octobre dernier lors de la cérémonie militaire de présentation au drapeau, des mains du Président du conseil d’administration de l’Ecole Polytechnique Yannick d’Escatha. Et si l’on s’interroge quelques fois sur les critères qui permettent d’attribuer de si hautes distinctions au sommet de l’appareil de l’Etat, pour le cas du professeur El Karoui, à quelques années de sa retraite, on s’accordera à dire que cette légion d’honneur tombe vraiment à point nommé. Et, bien entendu, qu’elle l’a naturellement bien méritée : elle fait honneur aux mathématiques appliquées françaises.
