Plusieurs raisons expliquent l’attrait de la Chine pour le continent africain. Tout d’abord, la Chine possède les plus importantes réserves de change au monde, plus de 3 000 milliards de dollars, soit deux fois plus que le Japon et beaucoup plus que la plupart des autres pays. Jusqu’à présent, une grande part de ces réserves a été investie en bons du Trésor, mais la Chine éprouve de plus en plus le besoin de diversifier ces réserves compte tenu de la situation précaire du dollar et des inquiétudes liées à la dette américaine.
L’économie chinoise, qui est en plein essor, devient de plus en plus gourmande en ressources minérales naturelles, notamment en pétrole, en cuivre, en nickel et en or. A l’avenir, avec la diversification du régime alimentaire des Chinois, les importations de produits alimentaires devraient également progresser. Que ce soit pour les ressources minérales ou les produits alimentaires, l’Afrique offre un grand potentiel. En effet, le continent regorge de tous types de minéraux tels que le pétrole ou le cuivre, et la grande quantité de terres cultivables en Afrique pourrait contenir toute la surface agricole non seulement de la Chine, mais aussi de l’Inde, des États-Unis, du Mexique, de la France, de l’Italie et d’autres pays. En outre, l’Afrique possède d’immenses ressources en eau, ce qui est indispensable pour garantir des récoltes abondantes.
L’attrait de la Chine pour l’Afrique est évident. L’Afrique est également intéressée par la Chine. En effet, la Chine est un pays en développement doté d’un modèle de croissance performant. Les grands dirigeants africains y voient une opportunité d’en tirer des enseignements. Les moyens financiers de la Chine lui permettent d’importer des ressources depuis l’Afrique et, en échange, de l’aider à financer son besoin urgent en infrastructures, notamment en routes, en chemins de fer, en ports et en systèmes électriques.
En 2000, le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) a été créé afin de renforcer leurs relations économiques et commerciales. Les échanges commerciaux se sont développés rapidement, passant de 12 millions de dollars en 1950 à plus de 120 milliards aujourd’hui. La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique et, chose étonnante, affiche un déficit commercial avec le continent africain. Il suffit de se rendre dans n’importe quel centre commercial africain pour constater à quel point le marché est inondé de produits de consommation d’origine chinoise comme les machines, les automobiles et les appareils électroniques.
80 % des exportations africaines vers la Chine concernent les matières premières telles que le pétrole, mais également de plus en plus les produits manufacturés et agricoles, notamment les oranges d’Égypte, les vins d’Afrique du Sud, les graines de cacao du Ghana, le café d’Ouganda, l’huile d’olive de Tunisie, etc. Afin de faciliter ces échanges, la Chine a conclu des accords commerciaux bilatéraux avec 45 pays africains, dont un certain nombre a supprimé les frais de douane sur les produits chinois.
De plus, les investissements chinois en Afrique sont en hausse. De 2003 à 2009, ils sont passés de 490 millions de dollars à 9,3 milliards et se répartissent sur 49 pays africains dans les secteurs des mines, de la manufacture, de la construction, du tourisme, de la sylviculture et de la pêche. La Chine s’est également efforcée de protéger ses investissements en signant des accords bilatéraux avec 33 pays d’Afrique. Un Fonds de développement sino-africain a été créé, permettant d’investir dans les actions africaines. Son encours s’élève déjà à 1 milliard de dollars, grâce à des investissements dans plus de 30 projets dans l’agriculture, les machines ou des industries de production comme l’électricité ou l’exploitation minière. D’après les prévisions, le fonds devrait atteindre 5 milliards de dollars.
La Chine participe également au développement de zones économiques et commerciales en Zambie, à l’île Maurice, au Nigeria, en Égypte et en Éthiopie, où les entreprises peuvent installer des sites de production et des commerces tout en bénéficiant d’infrastructures adaptées et de certaines concessions publiques. Déjà plus de 600 millions de dollars ont été investis dans ces zones, créant plus de 6 000 emplois.
Dès le début des années 70, la Chine a contribué à différents projets de développement des infrastructures en Afrique : la voie de chemin de fer de 1 860 kilomètres reliant la Tanzanie à la Zambie, le centre de conférences international du Caire mesurant 58 000 mètres carrés et plus de 500 autres projets, notamment la construction d’une autoroute en Somalie, d’un port en Mauritanie, d’un canal en Tunisie, d’un stade national en Tanzanie. La Chine a également accordé à ces pays des prêts à taux préférentiels pour un montant total de 10 milliards de dollars pour financer la construction d’aéroports, de logements et d’usines hydro-électriques.
Le gouvernement chinois a toujours soutenu les pays africains dans leurs efforts pour réduire leur endettement, ce qui a contribué à alléger la charge de leur dette envers la Chine. De 2000 à 2009, la Chine a effacé 312 dettes de 35 pays d’Afrique, soit 19 milliards de yuans, ce qui montre la détermination du pays à aider l’Afrique à se développer et à réduire sa dette envers les autres pays.
Grâce à cet afflux de liquidités, les banques chinoises ont suivi. Ainsi, la China Development Bank, l’Export-Import Bank of China, l’Industrial and Commercial Bank of China, la Bank of China et la China Construction Bank sont aujourd’hui toutes présentes sur le continent africain. La Chine a également apporté son soutien à deux banques africaines, l’African Development Bank et la West African Development Bank, en injectant des liquidités, en effaçant des dettes et en créant des fonds pour des projets spécifiques.
Le tourisme se développe également, avec plus de 300 000 touristes chinois qui viennent visiter l’Afrique chaque année. Les compagnies aériennes africaines proposent des vols directs vers la Chine et de nombreuses compagnies chinoises affrètent des vols directs vers l’Afrique.
Mais tous ces échanges ne se déroulent pas sans fausse note. Tout comme d’autres pays dans le monde, l’Afrique a eu son lot de scandales, de corruptions et de litiges, comme le projet de construction chinois en Algérie entaché par une affaire de corruption ou encore un cas de saisie immobilière arbitraire au Zimbabwe.
Toutefois, il ne fait aucun doute que les marchés financiers africains se développent rapidement. Nous sommes exposés à l’Afrique du Sud depuis de nombreuses années et son marché actions est un des plus complexes au monde. Nos compartiments exposés aux marchés frontières sont notamment positionnés sur le Kenya, le Ghana et l’île Maurice. Les entreprises nigériennes représentent aujourd’hui la plus grande part de ces compartiments frontières, dont les actifs dépassent le milliard de dollars et continuent de croître. Nous envisageons de renforcer notre positionnement sur l’Afrique en investissant dans davantage de pays. A l’avenir, les investisseurs de Chine ou d’ailleurs qui recherchent de nouvelles opportunités de croissance élevée auront tout intérêt à se tourner vers l’Afrique.