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Michèle Lacroix : « SCOR prévoit d’augmenter son exposition aux bank loans »

Selon Michèle Lacroix, Head of Group Investment Office chez SCOR, le Groupe a fortement réduit depuis plusieurs années sa part d’actions dans le portefeuille d’investissement et à l’inverse s’est tourné vers les prêts bancaires…

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Next-Finance : Quel a été l’impact de Solvency II sur votre activité ? Avez-vous dû recruter ?

Michèle Lacroix : Depuis les premiers temps, SCOR soutient Solvabilité II. C’est un changement que nous avons anticipé depuis plus de dix ans, notamment par le recrutement d’équipes dédiées (par exemple pour la validation indépendante du modèle interne).

Etes-vous en modèle interne ou en modèle standard ?

SCOR utilise un modèle interne, approuvé par ses autorités de supervision en novembre 2015, c’est-à-dire avant même la mise en application du nouveau régime.

Ce modèle a été élaboré au cours des dix dernières années en s’appuyant sur les compétences, l’expertise et l’expérience des équipes du groupe.

Le modèle interne reflète fidèlement le profil de risque et la stratégie de SCOR. Il s’agit d’un modèle stochastique qui se fonde sur des bases scientifiques de haut niveau et qui recourt à des méthodologies sophistiquées pour modéliser les dépendances entre les risques. Il est complet et holistique et couvre l’ensemble des risques auxquels le groupe est exposé, notamment les risques de réassurance Vie et P&C, les risques liés au portefeuille d’investissement, ainsi que le risque opérationnel.

SCOR recourt à son modèle interne pour gérer les risques, allouer du capital, gérer sa solvabilité, ainsi que prendre les décisions stratégiques du groupe. Il est également utilisé dans de nombreux autres domaines tels que la planification stratégique, la politique de protection du capital, la tarification et l’allocation de nos actifs.

SCOR recourt à son modèle interne pour gérer les risques, allouer du capital, gérer sa solvabilité, ainsi que prendre les décisions stratégiques du groupe...
Michèle Lacroix, Head of Group Investment Office, SCOR

Quel est l’impact de Solvency II sur votre allocation ? Quid de la proportion de l’obligataire dans votre portefeuille ?

Dans le cadre de chacun de ses plans stratégiques, le Groupe SCOR alloue son capital à ses différentes entités : Life, P&C et Investments. En effet, la stratégie de SCOR est pilotée par la gestion du capital (« capital driven »). En ce qui concerne les investissements, l’objectif de SCOR est de rémunérer le capital alloué par le groupe aux risques liés aux actifs financiers. Lors de la définition de sa stratégie d’investissement, SCOR prend en compte l’appétit au risque du groupe, les conditions de marché et la duration des passifs dans le cadre de sa gestion ALM. SCOR analyse également les impacts de ses décisions d’investissement vis-à-vis des agences de notation et des régulateurs.

Comme c’est le cas pour la plupart des (ré)assureurs, le portefeuille d’actifs de SCOR est majoritairement composé d’obligations (à hauteur de 78 %). Cependant une part plus importante est accordée aux obligations d’entreprise qui s’élèvent à 38 % du portefeuille contre 27 % d’obligations d’Etat. Compte-tenu du traitement comptable d’une part, et de la charge en capital d’autre part, SCOR a fortement réduit depuis plusieurs années sa part d’actions dans le portefeuille d’investissement pour atteindre 2 % au 30 septembre 2016. A l’inverse, le Groupe s’est tourné vers les prêts bancaires (4 %), pour leur profil risque/rendement plus attractif.

Avez-vous recours à des stratégies de couvertures pour vos portefeuilles via des dérivés ?

SCOR n’utilise pas de stratégie de dérivés ou de stratégie de couverture pour optimiser son ratio de solvabilité. Son modèle interne est calibré pour refléter au plus près les risques liés au positionnement du portefeuille.

Les fonds de dettes, la dette infrastructure ou encore l’immobilier sont des classes d’actifs plutôt bien traitées dans Solvency II. Avez-vous augmenté vos encours sur ces classes d’actifs ?

Depuis 2010, SCOR a renforcé ses équipes afin d’investir plus largement dans les prêts bancaires (« bank loans »), en majorité européens. La stratégie de SCOR consiste à investir dans les prêts syndiqués de premier rang accordés par un groupe de banques. L’investissement de SCOR se répartit entre les prêts aux entreprises (Libor/Euribor + 450-500 bps), les dettes immobilières (Libor/Euribor + 200-300 bps) et les dettes infrastructures (Libor/Euribor + 180-200 bps).

Grâce aux garanties et sûretés qui leur sont attachées, les opérations de dettes bénéficient d’une charge en capital avantageuse dans le modèle interne de SCOR. Le couple risque-rentabilité est ainsi favorable à cette classe d’actifs.

Ainsi, SCOR a progressivement accru sa part dans ces différents emprunts pour atteindre 4% du portefeuille au 30 septembre 2016. Sur l’horizon du plan « Vision in Action », SCOR prévoit d’augmenter son exposition à cette classe d’actifs.

SCOR a progressivement accru sa part dans les bank loans pour atteindre 4% du portefeuille au 30 septembre 2016. Sur l’horizon du plan « Vision in Action », SCOR prévoit d’augmenter son exposition à cette classe d’actifs...
Michèle Lacroix, Head of Group Investment Office, SCOR

Le risque de liquidité lié à l’investissement dans des produits de dettes est géré à travers l’analyse ALM du Groupe en respectant les impératifs et la duration des passifs. SCOR conserve un niveau élevé d’actifs liquides permettant de couvrir les provisions techniques et les aléas du business sans avoir à liquider les actifs les moins liquides détenus en portefeuille.

Par ailleurs SCOR Investment Partners, la société de gestion de portefeuille du groupe SCOR, a ouvert un certain nombre de fonds de dettes aux investisseurs tiers.

Que faudrait-il faire évoluer concernant Solvency II ?

Le régime Solvabilité II représente une véritable avancée par rapport au précédent régime de supervision puisqu’il se fonde sur une approche économique incitant à une meilleure gestion des risques. Ainsi, le niveau des exigences de capital réglementaires est proportionné aux risques auxquels sont exposés les assureurs et réassureurs en fonction des activités dans lesquels ils s’engagent et de leur capacité à réduire ces risques par exemple en diversifiant leurs activités ou en se réassurant. Il est notamment possible d’utiliser des modèles internes pour la mesure du capital réglementaire, à condition bien sûr d’obtenir l’approbation des superviseurs après un processus très exigeant.

Bien entendu, tout régime peut être amélioré, mais le secteur a d’ores et déjà dû s’adapter à de nombreuses évolutions réglementaires au cours des dernières années….

Paul Monthe , RF Décembre 2016

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