« La sécheresse actuelle qui sévit en France, et d’une manière plus générale sur le nord de l’Europe, va venir tendre et compliquer une situation déjà rendue complexe l’an passé par l’absence de la Russie sur le marché des matières premières agricoles » est le premier constat réalisé par Michel Portier, directeur de la société Agritel et expert sur la gestion du risque des prix.
Alors que les prix des denrées alimentaires ont nettement progressé sur les 12 derniers mois, la situation se complique avec des bilans prévisionnels à venir, qui laissent craindre une poursuite de la tension inflationniste sur le panier de la ménagère, rubrique alimentation.
Situation inédite, des éleveurs se voient contraints d’entamer d’ores et déjà des réserves fourragères, normalement utilisées uniquement à l’automne, pour faire face à une pénurie d’herbe dans les pâtures. C’est une conséquence du manque de pluviométrie, dans de nombreuses régions où les précipitations du mois d’avril ont été inférieures de 80 % par rapport à la normale. Et cet expert poursuit : « Le stress hydrique, qui a débuté très tôt, hypothèque également la production de céréales. Ceci va renchérir sur le coût de l’alimentation du bétail, et donc de la viande sur l’étale de la ménagère ! »
L’autre impact de cette sécheresse, c’est la moindre contribution du secteur agricole dans l’excédent agroalimentaire de la balance commerciale française. Ainsi les exportations de blé lors de la campagne qui couvre la période juin 2010 à juin 2011 ont atteint un record de près de 13 millions de tonnes hors zone Euro. Et c’est le second constat de Michel Portier : « Cette année, dans le scénario d’une poursuite de l’épisode de sécheresse actuelle, nous pourrions voir ce chiffre à l’export diminuer de plus de 40 % ce qui représente un manque à gagner, uniquement sur le blé, de plus de 1 milliard d’euros. »
La volatilité sur le marché des matières premières agricoles est loin d’être finie et ce ne sont pas les mesures qui pourraient être prise lors de la présidence française au sein du G20 qui parviendront à modifier cela. « En effet les premiers intervenants sur le marché des matières premières agricoles ne sont pas les spéculateurs, mais bien les aléas climatiques. » tient à rappeler Michel Portier.