L’investissement factoriel est un concept relativement nouveau qui devient de plus en plus courant. Toutefois, il nous arrive de constater une certaine confusion et l’absence de consensus sur ce qu’est réellement l’investissement factoriel et ce qui le distingue des approches traditionnelles d’investissement quantitatif.
L’investissement factoriel est fondé sur l’existence de diverses primes factorielles, dont des exemples bien connus au sein du marché actions sont la valorisation, le momentum, la qualité et la faible volatilité. L’existence de ces primes factorielles a largement été documentée dans la littérature et celles-ci se sont avérées solides dans le temps ainsi que sur différents marchés. Des primes similaires ont fait l’objet d’études sur le marché des obligations d’entreprise, mais aussi au sein de l’univers multi-actifs. L’investissement factoriel ne se limite donc pas nécessairement à la partie actions d’un portefeuille.
La première indication démontrant l’existence de primes factorielles remonte à plusieurs décennies. Il ne s’agit en ce sens pas d’un phénomène nouveau. Afin de récolter ces primes factorielles, différentes approches d’investissement ont été développées par les gérants d’actifs quantitatifs. Ils l’ont habituellement fait en créant des modèles multi-factoriels propriétaires dans lesquels des facteurs quantitatifs sont associés de telle sorte que le portefeuille qui en résulte génère régulièrement des surperformances par rapport à l’indice de marché.
À cet égard, il est essentiel que les détenteurs d’actifs assurent une allocation à des classes d’actifs traditionnelles, comme les actions internationales, et qu’ils laissent aux gérants d’actifs le soin de tirer le maximum des primes factorielles.
Les détenteurs d’actifs concentrent ainsi leurs efforts sur la sélection de l’offre présentant les meilleures caractéristiques de performance.
Le « Smart beta » et l’investissement factoriel
Plus récemment, d’autres approches d’investissement ont fait leur apparition sur le marché. Divers fournisseurs d’indices se sont ainsi lancés dans ce domaine en proposant toutes sortes d’indices conçus pour tirer profit de primes factorielles. Au sein de l’univers des indices, le MSCI Minimum Volatility cible par exemple de manière spécifique l’effet de faible volatilité, tandis que les indices à pondération fondamentale offrent une exposition à l’effet de valorisation. De cette manière, les primes factorielles sont devenues des bêtas alternatifs, plus communément appelés « Smart betas » ou bêtas intelligents.
S’il est vrai que les investisseurs peuvent suivre des indices « smart beta » de manière passive, il est important de réaliser qu’il s’agit essentiellement de stratégies actives. Celles-ci dévient en effet systématiquement de l’indice de marché et nécessitent l’intervention d’une autre personne de l’autre côté des transactions. La différence avec des stratégies quantitatives classiques réside dans le fait que les indices « smart beta » utilisent une approche d’investissement relativement simple et transparente.
La disponibilité d’indices « smart beta » a contribué à ce que les détenteurs d’actifs puissent plus facilement prendre en compte les primes factorielles en plus des classes traditionnelles au sein de leur Gestion Actif/Passif (ALM) ou de leur processus d’allocation d’actifs stratégique. Voici ce que l’on appelle investissement factoriel : les détenteurs d’actifs allouant stratégiquement à des primes factorielles en plus des primes de risque de classes d’actifs traditionnelles, en considérant ces primes essentiellement de manière égale.
Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas une seule et unique allocation factorielle optimale étant donné que le portefeuille d’investissement factoriel idéal dépend des convictions et des préférences spécifiques à chaque investisseur.
À titre d’exemple, le facteur faible volatilité est très attractif pour les investisseurs qui recherchent une protection contre le risque baissier, sans sacrifier le potentiel de rendement. C’est le cas des fonds de pension qui visent une stabilité du ratio de financement. Néanmoins, cela peut être moins intéressant pour les clients qui sont plus préoccupés par l’optimisation du rendement que par la réduction du risque. Il en est de même pour ceux qui ont une aversion pour la forte tracking error associée aux stratégies à faible volatilité.
La mise en œuvre de l’investissement factoriel
Après avoir choisi une allocation stratégique aux facteurs, les détenteurs d’actifs ont différentes possibilités pour mettre en œuvre leur stratégie d’investissement factoriel. L’une des décisions clés consiste à choisir entre suivre des indices factoriels cotés, tels qu’un indice à pondération fondamentale ou un indice Minimum Variance, ou utiliser des approches propriétaires. Dans le cas d’une approche basée sur des indices, il est possible de suivre un indice « smart beta » adapté à chaque facteur. Ceux-ci rivalisent avec les approches propriétaires, qui ciblent soit différents facteurs individuellement, soit de multiples facteurs simultanément par le biais d’un modèle intégré.
Nous sommes d’avis que si les indices « smart beta » peuvent être une bonne manière d’obtenir une exposition aux primes factorielles, il est toutefois possible de faire encore mieux en évitant les écueils que comportent ces indices :
- les indices « smart beta » n’offrent pas l’exposition la plus efficace aux facteurs
- les indices « smart beta » peuvent exposer les investisseurs à des risques non récompensés
- les indices « smart beta » qui ciblent un facteur spécifique vont souvent à l’encontre d’autres facteurs éprouvés
- les indices « smart beta » sont sensibles aux positions surinvesties et à l’arbitrage d’indice
- les indices « smart beta » peuvent entraîner une rotation excessive des titres
Les solutions factorielles proposées par Robeco sont conçues pour offrir des expositions factorielles plus efficaces en traitant ces problèmes de manière spécifique.
La confusion relative au concept d’investissement factoriel
Nous avons constaté que le concept d’investissement factoriel pouvait prêter à confusion. Ainsi, lorsque nous engageons un dialogue avec des investisseurs institutionnels qui indiquent être intéressés par l’investissement factoriel, il n’est pas rare de découvrir qu’ils n’ont aucun désir de sélectionner eux-mêmes des facteurs ni leurs pondérations correspondantes. Ils estiment en effet que cette responsabilité appartient au gérant d’actifs. Dans leur cas, un produit quantitatif classique pourrait effectivement mieux leur convenir. Le fait qu’un même terme ait une toute autre signification pour différentes personnes peut dans ce cas prêter à confusion.