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Réduire la demande, une réponse à l’envolée des cours ?

Face à une situation mondiale inédite de sécheresse généralisée, les cours des matières premières agricoles poursuivent leur envolée. Tous les indicateurs sont au rouge, et la situation est claire : l’offre ne pourra pas augmenter. L’urgence aujourd’hui est donc de réduire la demande, et dans un plus long terme de se donner les moyens d’augmenter la production.

« La volatilité des cours dans la filière agricole est devenue structurelle depuis le démembrement des filets de sécurité de l’ancienne PAC, avec ses outils de gestion qu’étaient les prix d’intervention et les prix de seuil. Si le poids des financiers et des spéculateurs est certes un facteur d’augmentation de cette volatilité, il serait malhonnête de lui en faire porter l’entière responsabilité, car l’augmentation de la fréquence des incidents climatiques va de plus en plus accentuer cette volatilité. », explique Michel Portier, directeur de la société de conseil indépendante Agritel.

La conjugaison inédite des différentes sécheresses dans les principaux bassins de production mondiaux a entraîné une hausse des cours, qui paraît toute aussi fulgurante que la hausse des températures. Les conséquences sont aujourd’hui claires : l’offre ne pourra plus être augmentée. « Aux Etats-Unis, au printemps dernier, la production de maïs 2012 était estimée autour de 380 millions de tonnes. A ce jour, nous anticipons une récolte de seulement 280 millions de tonnes. Cette perte de potentiel de récolte de 100 millions de tonnes correspond à l’équivalent de ce qui est échangé sur le marché international au cours d’une année entière. Les bilans prévisionnels nous montrent qu’aux Etats-Unis, premier producteur mondial de maïs, le stock de report au premier septembre 2013 serait négatif, chose impossible. », ajoute Michel Portier.

Alors comment réduire la demande ?

L’augmentation des prix entraîne naturellement cette réduction de la consommation, mais celle-ci n’est pas uniforme selon les secteurs. « En consommation humaine, nous constatons une certaine « inélasticité » prix/demande, chez les fabricants d’aliments du bétail, il existe normalement des produits dits de substitution alors qu’en industrie la substitution est globalement faible. », détaille Michel Portier. Une autre piste consisterait à baisser la production d’éthanol. Le programme américain RFS (Renewable Fuel Standard) impose une incorporation d’éthanol pour 13,2 milliards de gallons. Un système dit de crédit permet aux opérateurs qui ont produit plus d’éthanol qu’exigé les années précédentes de bénéficier d’un crédit de report. « Les Etats-Unis utilisent en année normale environ 120 millions de tonnes pour la fabrication d’éthanol, et l’utilisation de ces crédits de report permettrait d’alléger le bilan d’environ 24 millions de tonnes. », explique Michel Portier.

Malgré ces mesures, le bilan prévisionnel s’annonce des plus tendus et la fermeté des cours devrait être durable dans les prochains mois. « Dans ce contexte il faut s’attendre à une répercussion de cette hausse des cours sur le panier de la ménagère dans les mois à venir, avec des effets très variables selon les produits. », ajoute Michel Portier. En France, le président de la république a ainsi demandé au ministre de l’agriculture, Monsieur Le Foll, de saisir le groupe « AMIS », groupe de surveillance des marchés agricoles mis en place dans le cadre de la présidence française du G20, pour gérer la volatilité des marchés agricoles.

« Au-delà de ces mesures conjoncturelles liées à cette situation exceptionnelle, il faudra avoir le courage de s’attaquer aux fondamentaux, en résumé augmenter l’offre, notamment à travers des investissements dans les biotechnologies, et mettre en place des stocks de sécurisation alimentaire au niveau mondial, élément de stabilité. », conclut Michel Portier.

Next Finance Août 2012

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