Deux secteurs ont fortement rebondi : les matières premières et l’énergie (+21.3% pour le Stoxx 600 Oil & Gas [3]), rattrapant le retard de performance accumulé depuis plusieurs années.
Une partie des écarts sectoriels des années passées semblant avoir été corrigée, l’année qui s’annonce devrait être propice à la sélection de titres de qualité, à l’inverse de 2016. Nous préconisons la sélection de titres aux valorisations raisonnables et peu sensibles en cas de poursuite du mouvement de hausse des taux. Trois titres aux fondamentaux solides devraient ainsi tirer leur épingle du jeu : Accor, LVMH et Sopra Steria.
Accor
Dans un environnement défavorable au tourisme en Europe, les dirigeants d’Accor se sont attelés à transformer le périmètre du groupe et à renforcer les positions du groupe.
- Le groupe hôtelier a mis sur pied un projet intitulé « Booster » visant à séparer les activités de foncière de l’activité de gestion des hôtels franchisés. Ils entendent de cette manière abaisser à moins de 50% leur part de détention de la filiale foncière au cours de l’année 2017.
Cette déconsolidation devrait mettre en lumière les atouts de l’activité de gestion des hôtels. En effet, toutes enseignes confondues, Accor est le leader en Europe et numéro 6 mondial. Ces positions lui procurent un avantage concurrentiel fort par rapport aux indépendants en termes d’économies d’échelles et de relation clients, grâce à une plateforme de distribution en ligne propriétaire et un programme de fidélité de 23 millions de membres. De plus, cette activité génère des marges fortes (25% en opérationnel) et un Free Cash-Flow élevé.
Par ailleurs, une fois la cession des activités de foncière effective, une partie du produit récolté (jusqu’à 15€ par action) pourrait être distribué aux actionnaires. - Suite aux acquisitions des chaines Fairmont et Raffle, Accor a renforcé ses positions sur le segment du luxe dont il devient numéro 2 mondial, tout en diluant le poids de l’Europe et de la France dans son activité. Cette acquisition renforce également le potentiel de croissance du groupe, qui entend ouvrir 40 000 à 45 000 chambres par an, dans le but d’augmenter de plus d’un tiers le nombre de chambres constituant son parc hôtelier.
Malgré ces qualités, la valorisation actuelle du titre nous semble attractive : retraitée des actifs immobiliers en cours de cession, l’activité de services hôteliers se négocie avec une forte décote au regard des multiples de valorisation des concurrents côtés, tels qu’Intercontinental et Hilton.
LVMH
LVMH dispose d’un portefeuille de marques de luxe de premier plan.
- Le groupe est particulièrement bien placé pour bénéficier d’une probable accélération de la demande mondiale d’articles de luxe, marché sur lequel il réalise 85% de son résultat opérationnel. En effet, après une année 2016 difficile en Chine, la demande locale semble repartir. Parallèlement, la confiance du consommateur est au plus haut aux Etats-Unis.
- Certaines marques en repositionnement -Marc Jacob, Berluti et Tag Heuer- pourraient contribuer à l’accélération de la croissance et à la hausse de la rentabilité, ces dernières étant encore en pertes.
- Les activités de distribution (Sephora et DFS Group, chaine de magasins Duty free) bénéficient d’un environnement de consommation porteur et continuent de gagner des parts de marché.
- Avec une dette nette de moins de 0.4x son Excédent Brut d’Exploitation, le groupe a les moyens de réaliser des opérations de croissance. Le rachat des minoritaires de Moët Hennesy (34% étant détenu par Diageo) ou de toute marque de luxe indépendante, qui trouverait sa place dans le périmètre des actifs (à l’image de Rimowa, fabricant de bagages haut de gamme, acquis au mois d’octobre) sont à considérer comme de probables opérations. A défaut, une prolongation du programme de rachat d’actions, qui s’achève fin décembre 2016, pourrait continuer de soutenir le titre.
Malgré le beau parcours du titre, ce dernier se traite actuellement sur un ratio valeur d’entreprise sur résultat opérationnel 2017e de 13.2x, soit avec une légère décote sur le secteur. A nos yeux, cette valorisation est attractive en raison de la qualité des actifs, de la forte rentabilité qu’ils génèrent et de leur résistance, illustrée en 2015 et 2016 par une croissance organique du segment « Mode et maroquinerie » supérieure à celle du secteur.
Sopra Steria
Sopra Steria est une société de services informatiques spécialisée sur le segment de marché de l’intégration de systèmes qui représente 57% de son CA. Ce segment affiche une croissance bien supérieure aux autres métiers des services informatiques tels que l’infogérance et la gestion des infrastructures. L’activité de Sopra a ainsi progressé en moyenne de 5.2% par an en organique ces 10 dernières années.
- Bien qu’étant la sixième société de services informatiques européenne, son offre globale en matière de logiciels (notamment au travers de la filiale cotée Axway) et de services est adaptée à la demande des grands comptes clients en matière de gestion de projets de transformation digitale. Ce positionnement permet à la société d’être bien référencée au sein des grands comptes, notamment dans le secteur bancaire (secteur qui représente 22% de son CA) dont la transformation digitale est en cours.
- Par ailleurs, si les synergies de coûts issues de la fusion des activités de Sopra et de Steria initiée en 2014 sont quasiment intégralement extraites, la rentabilité pourrait continuer de croître. La société prévoit en effet d’améliorer la profitabilité de son activité d’infrastructure et de services (13% du CA) et de la branche Sopra Banking Software.
- De même, la rentabilité à l’international devrait progressivement rejoindre les niveaux réalisés en France, grâce au redressement de sa filiale allemande.
En dépit de ces atouts, le titre se traite à des niveaux de valorisation attractifs : au cours actuel, le titre se négocie à un ratio valeur d’entreprise sur résultat opérationnel 2017e de 9.6x, sur la base d’un résultat opérationnel 2017e qui pourrait continuer à croître.