Ainsi, à quelques exceptions honorables près, la croissance impressionnante en termes économiques et de capitalisation boursière réalisée par les grandes entreprises technologiques depuis la crise financière n’a pas profité au vieux continent.
Au lieu de cela, ses bourses d’actions sont toujours orientées vers ce que l’on pourrait appeler la "vieille économie" : les secteurs financiers, manufacturiers et industriels.
Ils se caractérisent généralement par des modèles économiques de nature plus cyclique que séculaire. En outre, ils sont corrélés à la hausse des rendements obligataires et ont donc participé à la "rotation de la valeur" à laquelle nous avons assisté au cours des six derniers mois environ.
L’anticipation d’une reprise de l’inflation est également cohérente avec ce récit : les entreprises plus dépendantes du cycle économique auront plus de facilité à obtenir un pouvoir de fixation des prix lorsque la demande s’accélérera.
Il est également important de se rappeler que les économies européennes ont bénéficié, comme toutes les autres, de la volonté de leurs gouvernements d’assouplir leur politique budgétaire pour accompagner le soutien monétaire déjà en place depuis longtemps. L’histoire suggère que ces politiques ont de bonnes chances de créer une inflation plus élevée pendant un certain temps.
Pendant de nombreuses années, les marchés émergents ont été considérés comme les principaux bénéficiaires de ces conditions ; mais comme les indices des marchés émergents sont devenus beaucoup moins dominés par des secteurs et des économies axés sur les matières premières, la prééminence du marché étant prise par des sociétés technologiques principalement asiatiques, cette situation a changé récemment.
Les récentes difficultés de l’Union européenne en matière de vaccination vont sans doute entamer la confiance des investisseurs dans sa capacité à se remettre économiquement de la pandémie au cours du deuxième trimestre.
Toutefois, si le rythme des vaccinations s’accélère - et si l’opinion publique et celle des médias s’améliorent à propos de la stratégie vaccinale de l’UE - il n’y a aucune raison de croire que les marchés ne puissent pas se tourner vers l’avenir et continuer à adopter une vision optimiste des produits cycliques nationaux de l’UE.
Si la confiance mondiale dans une reprise post-Covid s’évanouit - parce que la reprise économique est décevante, ou parce qu’une nouvelle vague significative s’annonce, les marchés cycliques européens pourraient avoir du mal, et les économies continentales sous-jacentes ne rebondiront pas comme on l’espère.
Les secteurs économiques tels que le tourisme, lucratif et essentiel pour une grande partie de la région, seront surveillés de très près.