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Des Currency Swaps pour masquer la dette Grecque ?

L’avis général selon lequel Goldman Sachs aurait aidé le gouvernement grec à masquer sa dette via des Currency Swaps laisse plus que sceptique...

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Selon la plupart des médias, la première banque de Wall Street a permis à la Grèce de masquer une partie de sa dette via des produits dérivés complexes.

La Grèce, nouveau roi de la comptabilité « créative » ? C’est l’avis des régulateurs européens et de l’institut Eurostat. Selon eux, la Grèce a utilisé des subterfuges comptables pour masquer son déficit. Le pays aurait été aidé par les banques de Wall Street et notamment Goldman Sachs.

« La Grèce a passé dix ans à essayer d’éviter les règles européennes du plafonnement de la dette », écrit le New York Times. Les accords de Maastricht prévoient notamment une limitation du déficit annuel en dessous de 3% du PIB et une dette globale inférieure à 60% du PIB. Le déficit de la Grèce, suite à la révélation de ses problèmes, s’est monté à 12% de son PIB et sa dette approche les 120%.

Dès 2002, l’ancienne équipe gouvernementale grecque aurait utilisé des produits dérivés complexes avec Goldman Sachs. Non enregistrées, ces opérations ont permis à la Grèce de recevoir un supplément de crédit des banques américaines à l’insu des autorités de contrôles et des agences de notation.

Pourtant, à la lecture des rapports, les produits dérivés complexes, ne le sont plus tout à fait : Il s’agit en fait de cross-currency swaps, un des plus vieux et plus basiques produits utilisés sur les marchés. Un nombre incalculable d’entreprises, grandes comme petites, les utilisent au quotidien pour gérer leur trésorerie en devises.

Quel est le principe du montage ? Exemple !

Début 2002, la Grèce trouve des investisseurs susceptibles de lui prêter 10 milliards de dollars pour une certaine durée, disons 5 ans. Le prêt se fait par l’émission d’une obligation libellée en dollars pour un montant de 10 milliards de dollars. La Grèce paiera semestriellement des intérêts (disons 4%) aux investisseurs et leur remboursera les 10 milliards de dollars au bout de 5 ans. La Grèce, dont l’essentiel des dépenses est en euros, va souhaiter échanger les 10 milliards de dollars reçus contre des euros. Par ailleurs, ne souhaitant pas prendre de risque de change, elle va donc « naturellement » contracter un cross-currency swap avec une banque, disons Goldman Sachs.

A l’initiation du deal, la banque, qui recevra 10 milliards de dollars de la part de la Grèce, lui versera le montant équivalent X en euros au cours spot ou défini par les 2 parties (Si le cours spot EUR/$ vaut 1.30, la banque verse environ 7,7 milliards d’euros à la Grèce, si les 2 parties conviennent de le traiter au cours de 1.15, la Grèce reçoit 8,7 milliards d’euros).

La banque paiera 4% (semestriellement sur les 10 milliards de dollars) à la Grèce qui les reversera directement aux investisseurs. Parallèlement, la Grèce versera semestriellement un taux r à la banque sur le montant X euros.

Au bout des 5 ans, la banque rembourse les 10 milliards de dollars à la Grèce qui lui rembourse le montant X en euros. L’Etat grec a préféré recevoir un « surplus » de cash en euros à l’initiation du deal ; le deal a été traité au cours de 1.15 et l’Etat grec a reçu un milliard d’euro en plus par rapport à un deal noué au cours spot.

Cette pratique, que l’on peut trouver contestable, était parfaitement autorisée par les régulateurs européens, qui l’ont d’ailleurs proscrite à partir de 2008. A priori, ce produit, au demeurant assez simple, est censé être maîtrisé par les agences de notation et les organismes de régulation qui étaient parfaitement informés de ces opérations.

Si des questions doivent être posées, elles devraient aussi concerner la compétence des professionnels des organismes de contrôle...

Paul Monthe Février 2010

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