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Grèce : comment confondre crise de solvabilité et crise de liquidité ? (2/2)

Une solution pour la Grèce serait une sortie ordonnée obligeant le pays à dévaluer sa nouvelle monnaie nationale et à faire explicitement défaut sur sa dette extérieure. Du point de vue institutionnel, on peut imaginer la mise en place d’un statut monétaire d’arrimage à l’euro...

Puisque la Grèce est insolvable, et qu’on le sait depuis longtemps, il n’y a que trois solutions pour en finir avec cette triste saga. Passons-les en revue

  • une sortie ordonnée obligeant la Grèce à dévaluer sa nouvelle monnaie nationale et à faire explicitement défaut sur sa dette extérieure. Du point de vue institutionnel, on peut imaginer la mise en place d’un statut monétaire d’arrimage à l’euro (nouveau taux de change dévalué par rapport à l’euro – difficile de dire dans quelles proportions parce-que l’on ne peut mesurer que théoriquement les écarts de compétitivité d’un pays qui a une très faible capacité exportatrice).

    Afin de donner un statut particulier à la Grèce, un geste politique fort serait d’arrimer intelligemment la nouvelle drachme à l’euro avec un cours pivot et des marges de fluctuation de +/- 10% voire +/- 15% comme aux plus beaux temps de la seconde vie du SME entre juillet 1993 et décembre 1998.

    D’un point de vue économique, on peut imaginer que des dispositifs de revitalisation économique soient mis en place pour resolvabiliser pour de bon à moyen terme l’économie grecque : zones franches et fiscalité adaptée pour les industriels étrangers (zone Euro comme zones émergentes). Ceci ne doit pas dispenser la Grèce de mettre enfin en place les vraies réformes de structure. Du point de vue monétaire et budgétaire, un certain nombre de conditions doivent être réunies : a/ rigueur budgétaire pour de bon ; b/ maintien de conditions monétaires accommodantes pour compenser la rigueur budgétaire : dévaluation importante de la nouvelle monnaie nationale contre euro lors de la sortie de la zone et taux courts maintenus durablement bas par la banque centrale grecque.

  • Seconde solution, la mise en place d’une véritable union fiscale et budgétaire de type fédéral permettant d’institutionnaliser les transferts fiscaux du Nord vers le Sud. Mais pour qu’une telle solution soit acceptable notamment pour l’Allemagne, il faudrait mettre sous tutelle budgétaire la Grèce aujourd’hui et peut-être demain d’autres pays de la zone. Ce qui semble difficilement imaginable d’un point de vue politique.
  • Troisième solution. Si l’on ne put mettre en place cette union budgétaire, on peut imaginer une politique visant à homogénéiser les économies de la zone Euro et à les faire converger vers le "modèle" allemand. Mais il serait très long et très couteux de réindustrialiser voire d’industrialiser certaines économies du sud. Par ailleurs, cette solution n’est pas économiquement optimale : si toutes les économies de la zone Euro avaient ressemblé à l’Allemagne entre 2002 et 2009 avec une forte profitabilité des entreprises et une forte compétitivité-coût (grâce ou à cause- à chacun sa préférence de langage - d’un partage de la valeur ajoutée très défavorable aux salaires), alors chaque pays de la zone aurait été en mesure de prendre des parts de marché à l’autre. On serait vite parvenu à une sorte d’équilibre non coopératif à somme nulle.

    La seule possibilité pour que cette configuration soit économiquement efficace eut été que la zone Euo puisse prendre des parts de marché au reste du monde (Etats-Unis, Japon, Chine, Emergents,...). Difficile à envisager et, au total, cette solution 3 semble économiquement irréalisable sur un horizon court terme et même moyen terme.

La solution 1 serait la plus probable et la plus souhaitable

Attention, si l’on trouve un arrangement courant juillet avec maintien artificiel de la Grèce dans la zone Euro, nous aurons , malheureusement les uns et les autres , encore beaucoup de chroniques à écrire sur ce sujet et nos "responsables" beaucoup d’énergie inutile à dépenser pour de nouvelles réunions de la dernière chance en 2016 , 2017 et au-delà.

Les responsables politiques ne veulent pas avoir le courage d’envisager la solution 1 voire de réformer la zone Euro parce qu’ils se considèrent comme omniscients, n’acceptent jamais la sanction et n’ont jamais appris à apprendre de leurs erreurs.

Faudra-t-il attendre pour agir qu’un grand pays de la zone euro soit en marche dans les 5-10 ans qui viennent vers l’insolvabilité sous l’effet de taux longs durablement plus élevés ?

Mory Doré Juillet 2015

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