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Jérôme Powell obligé de changer de ton face aux données économiques

Qu’il semble loin ce « pivot » du président de la Réserve Fédérale en décembre, lorsque la question des baisses de taux avait été évoquée pour la première fois après un cycle express de durcissement monétaire.

Face à la résilience de l’inflation sous-jacente ces derniers mois et face à des données sur l’emploi toujours robustes, Jerome Powell a fini par emboiter le pas des nombreux « speakers » de la Fed qui s’étaient montrés beaucoup plus prudents sur le timing de la première baisse de taux. Qu’il s’agisse des faucons, des centristes, mais aussi des colombes, de nombreux membres de la Fed avaient clairement cherché à repousser les attentes des marchés sur la baisse des taux depuis des semaines, voire des mois pour certains d’entre eux comme Raphael Bostic.

La résilience de l’inflation dans les services, la robustesse du marché de l’emploi et le rebond des matières premières ont entraîné un rebond marqué des taux depuis le début de l’année. Alors que les propos relativement accommodant de Jerome Powell en décembre avaient envoyé le taux 10 ans américain à 3.80% fin décembre, il a depuis très sensiblement rebondi pour atteindre près de…4.70% la semaine dernière ! Trois quarts de la détente du taux 10 ans américain entre octobre et décembre 2023 sont désormais effacés.

Face à la réalité des chiffres sur l’inflation et l’emploi et parce qu’il n’avait pas d’autre choix alors que la Fed clame à chaque réunion qu’elle est « data dépendante », le président de la Fed a dû ajuster son discours pour résorber la divergence qui s’était installée entre ses propos et ceux des autres membres de la Fed.

Il a reconnu dans un discours au Wilson Center de Washington la semaine dernière que « les données récentes ne nous ont clairement pas donné une plus grande confiance et indiquent plutôt qu’il faudra probablement plus de temps que prévu pour atteindre cette confiance » sur la trajectoire de l’inflation vers l’objectif. Il a ajouté que la Fed pouvait « maintenir les taux sur les niveaux actuels aussi longtemps que nécessaire » si l’inflation élevée persistait.

Il a également reconnu qu’il fallait « plus de temps à la politique monétaire restrictive » pour produire ses effets.

Une reconnaissance implicite que le pivot de décembre était trop précoce. Un pivot intervenu trop tôt et qui aura permis aux conditions financières de se détendre sensiblement, freinant probablement le retour de l’inflation à 2%...

Les marchés actions américains qui avaient bu les paroles de Jerome Powell en décembre et qui avaient ignoré le sensible rebond des taux ces derniers mois ont été obligés d’ajuster le tir et de corriger les excès. Cette correction de la semaine dernière sur les principaux indices américains, qui a aussi influencé la trajectoire des indices en Europe, est donc tout à fait saine et justifiée.

Alexandre Baradez 23 avril

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