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L’implémentation de l’ESG dans les portefeuilles et l’évolution du reporting ESG

Nous poursuivons cette série avec Tomas Hildebrandt, Gérant Senior chez Evli, et Janne Kujala, Head of Nordic Equity, pour échanger sur l’implémentation d’une approche responsable au sein de différentes stratégies et de différents univers d’investissement.

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Comment voir au-delà du green washing avant d’investir ?

Les entreprises sont sans aucun doute incitées à faire du green washing, c’est-à-dire qu’elles communiquent beaucoup sur le fait d’agir pour l’environnement sans pour autant mener des actions concrètes. Et comme souvent lorsqu’il s’agit de communication corporate, le langage utilisé est très promotionnel.

Les investisseurs doivent donc déblayer tout cela. Pour les investisseurs qui cherchent la facilité, il est très aisé de se contenter d’acheter l’histoire « green washée », mais si un investisseur veut vraiment avoir un impact positif et faire de l’investissement réellement responsable, il doit en faire plus.

Progressivement, l’investisseur acquiert de l’expérience pour voir au-delà du green washing. Une façon de s’assurer que les entreprises agissent réellement, et qu’il ne s’agit pas que de paroles en l’air, est de savoir qui est en charge de la stratégie ESG, de préférence au sein du comité de direction. La gouvernance représente la clé pour vérifier si les entreprises qui se disent responsables le sont réellement. De plus, lors de l’examen des comités exécutifs, il est important de voir s’ils disposent de rapports ESG au niveau de l’entreprise. C’est la meilleure façon de s’assurer que des progrès sont réalisés par l’entreprise et qu’elle agit selon les objectifs fixés.

Quels sont les défis de l’exclusion et de l’intégration ESG ?

Une approche systématique en matière d’ESG et d’exclusion peut générer une sous-performance ou une surperformance systématique, mais cela peut toujours être compensé par un autre élément du portefeuille. Au contraire, il peut être beaucoup plus difficile de compenser une sous-performance ou une surperformance liée aux critères ESG en suivant une stratégie ad hoc.

Les exclusions peuvent avoir des effets sur les performances relatives d’un portefeuille en raison de différents événements, mais nous sommes convaincus que les exclusions sont positives sur le long terme.

Pour ce qui est de l’évolution des exigences concernant l’intégration des critères ESG, elle s’est renforcée et la barre a été placée plus haut au fil du temps. Mais c’est une bonne chose pour les gérants, car cela leur permet d’évoluer de manière plus responsable. De plus, nous avons désormais accès à davantage d’informations sur les sociétés en portefeuilles, notamment via les rapports sur leurs émissions de carbone ou encore sur l’égalité femme-homme. Les processus d’investissement doivent donc tenir compte de ces nouvelles données. L’approche ESG évolue sans cesse et, en tant que gérants, il est nécessaire d’avoir une démarche active face à ces différentes questions et ces défis, et de participer à plusieurs initiatives d’investisseurs qui apportent plus d’informations sur l’investissement responsable. C’est un travail continuel qui vise à avoir un impact sur les entreprises et sur les véritables enjeux sous-jacents, et pas seulement au niveau du portefeuille.

L’investissement responsable et les critères ESG réduisent-ils l’univers d’investissement ?

Il y a dix ans, l’approche ESG et l’investissement responsable faisaient leurs premiers pas. Et aujourd’hui, nous rencontrons trois types de clients sur ces questions. Un premier groupe pour qui la question n’est vraiment pas pertinente et qui ne recherche que le rendement. Ils ne sont pas très intéressés par les questions ESG, mais c’est une minorité aujourd’hui. Le deuxième groupe, le plus important, est constitué de clients qui s’intéressent à la responsabilité et aux questions ESG davantage dans une perspective de gestion des risques et généralement pour se prémunir contre les risques de réputation. Ensuite, le troisième groupe est constitué d’investisseurs de conviction, avec des questions particulières qu’ils souhaitent adresser via leurs investissements et dans leurs portefeuilles.

Pour répondre aux besoins de ces clients, les gérants doivent suivre toutes les positions au sein des portefeuilles et c’est pourquoi la transparence est ici essentielle. Il est donc important d’avoir accès à toutes les données et de pouvoir suivre précisément les processus d’investissement. Et comme l’investissement responsable peut s’avérer complexe, on peut dire qu’il y a plusieurs nuances de gris - ou de vert, le mieux est de proposer une solution qui convienne au plus grand nombre. Si un investisseur veut avoir des exclusions spécifiques ou des orientations particulières dans son portefeuille, les gérants doivent alors s’adapter et chercher d’autres solutions.

Mais cela signifie-t-il pour autant que l’espace d’investissement se rétrécit ? Pas nécessairement, car la plupart des entreprises prennent aujourd’hui les questions ESG très au sérieux. Il y a, bien sûr, des secteurs qui sont intrinsèquement plus problématiques. Mais ce qui est important, c’est que les entreprises elles-mêmes considèrent ces questions et fassent mieux dans les limites de ce qui peut être fait dans leur secteur d’activité. Prenons par exemple les industries très émettrices comme la sidérurgie ou les cimenteries : ces entreprises s’efforceront d’avoir des émissions plus faibles à l’avenir. Les gérants examineront ce que les entreprises peuvent faire en matière d’ESG, et pas seulement les reportings qu’elles publient aujourd’hui.

Ainsi, lorsque les gérants implémentent des stratégies responsables, cela peut réduire l’espace d’investissement dans une certaine mesure. C’est assez évident car ils adoptent une approche active sur les marchés. Aujourd’hui, il existe néanmoins de nombreuses techniques pour atténuer ce rétrécissement, telles que les stratégies factorielles qui peuvent optimiser les erreurs de tracking et permettre des exclusions avec un univers d’investissement plus étroit.

Mais, en fin de compte, il s’agit vraiment d’une question de conviction des investisseurs. Le point principal étant que la plupart d’entre nous est convaincu que les entreprises responsables réussissent mieux, ce qui conduit à de meilleurs bénéfices et donc à de meilleures performances.

Chez Evli, nous sommes persuadés qu’une stratégie ESG intégrée et réfléchie a des effets tangibles et positifs sur les performances absolues et relatives. De plus en plus d’études montrent que l’implémentation de stratégies responsables ou de stratégies ESG ne nuit pas aux performances. Ces dernières années, nous avons surtout constaté que les entreprises qui rencontrent des difficultés en matière de responsabilité sont assez rapidement sanctionnées sur les marchés. L’investissement ESG consiste précisément à prendre en compte tous les risques, mais aussi les possibilités et les opportunités. Les investisseurs peuvent toujours rechercher de nouvelles opportunités auprès des entreprises qui révisent leurs stratégies.

Janne Kujala , Tomas Hildebrandt Février 2021

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