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L’importance de la coordination

La concurrence est l’une des principales caractéristiques du capitalisme et il ne faut pas être économiste pour voir pourquoi elle comporte des avantages significatifs pour la société.

Dans de multiples domaines (sport, musique, etc.), la volonté de faire mieux que les autres peut produire de magnifiques résultats, appréciés par bon nombre de personnes. Sur le plan économique, la concurrence au sein du secteur privé s’est révélée essentielle pour améliorer constamment le niveau de vie grâce à des avancées technologiques ou en matière de connaissances. Néanmoins, une dose trop élevée d’une bonne chose peut s’avérer mauvaise. Si la concurrence n’a pas lieu au sein d’un cadre légal et moral bien défini, elle peut conduire à des excès qui risquent de miner l’activité concernée. L’absence d’un niveau suffisant de réglementation du secteur financier avant la crise du crédit en témoigne. Par conséquent, les gouvernements et les régulateurs doivent absolument élaborer un cadre solide veillant à ce que la concurrence au sein du secteur privé continue à produire des bénéfices pour la société.

Il pourrait sembler logique de conclure que le degré de concurrence auquel les décideurs politiques sont eux-mêmes exposés doit être au moins plus limité que celui observé dans le secteur privé.

La coopération semble un modèle plutôt plus productif, en particulier dans la mesure où il existe de nombreux effets d’entraînement entre les actions des différentes autorités.

Bizarrement, avant 2008, le consensus prévalant en matière de politique macroéconomique optimale était cependant tout à fait différent. Chaque décideur était livré à lui-même et devait prendre les actions des autres comme des données inéluctables. Dans la pratique, cela conduisait à la domination monétaire. Les banquiers centraux étaient considérés comme les principaux gardiens de la stabilité macroéconomique et avaient le pouvoir d’annuler les effets macroéconomiques de la politique budgétaire s’ils le désiraient. Les réglementations étaient régies par la maxime « aussi peu que possible » alors que « aussi efficace que possible » aurait été préférable.

La bonne nouvelle est que l’idée d’une coordination des politiques a été relancée par deux grands décideurs mondiaux.

Tout d’abord, du moins en théorie, l’Abenomics part du principe que la combinaison des politiques monétaire, budgétaire et de soutien de l’offre est plus efficace que la somme de ces trois composantes. Deuxièmement, la semaine passée, le président de la BCE a surpris tout le monde par un discours au message quasiment similaire. Mario Draghi a reconnu que l’Europe a un grand problème d’insuffisance de la demande susceptible de provoquer des dégâts plus structurels au niveau de l’offre économique. En réalité, après six années de croissance pratiquement absente, ce processus a probablement déjà débuté. La façon de s’attaquer à ce problème épineux est d’assouplir considérablement la politique monétaire et la politique budgétaire, tout en accélérant la cadence des réformes structurelles.

L’idée selon laquelle la politique doit s’intéresser tant à la demande qu’à l’offre est la bienvenue car jusqu’il y a peu, les spécialistes avaient tendance à se focaliser uniquement sur une partie de l’équation et à ignorer complètement l’autre.

Qui plus est, il y a tout lieu de croire que ce cocktail pourrait se révéler très efficace étant donné qu’il existe d’importantes interactions entre l’offre et la demande. L’essence des réformes structurelles est de faire glisser des ressources vers des utilisations plus productives, mais pour y parvenir, il faut une demande suffisante. Inversement, des réformes de l’offre augmentant la croissance future de la productivité et réduisant le coût d’ajustement des ressources à un nouveau contexte incitent les sociétés à investir et à recruter davantage.

Au Japon, il a fallu presque 20 années de stagnation pour que les décideurs politiques arrivent à la conclusion qu’une action ferme et coordonnée des politiques engendre le meilleur espoir de voir l’économie se redresser. Mario Draghi a de toute évidence retenu cette leçon. Que l’économie parvienne ou non à dépasser la phase de déflation sous sa houlette dépend maintenant de sa capacité à convaincre d’autres décideurs politiques de la région des vertus de la coordination.

Willem Verhagen Septembre 2014

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