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L’investissement thématique prend encore plus de sens dans le monde post-COVID

Les crises économiques sont souvent des moments de rupture. Certains modèles, à bout de souffle, périclitent. A contrario, de nouvelles tendances, précédemment vantées comme celles du futur, émergent enfin. Surtout, les crises fournissent leurs lots de nouveaux « récits » permettant à la population, aux dirigeants et aux investisseurs d’envisager leurs actions sous un prisme nouveau.

Les crises économiques sont souvent des moments de rupture. Certains modèles, à bout de souffle, périclitent. A contrario, de nouvelles tendances, précédemment vantées comme celles du futur, émergent enfin. Surtout, les crises fournissent leurs lots de nouveaux « récits » permettant à la population, aux dirigeants et aux investisseurs d’envisager leurs actions sous un prisme nouveau. Dans son livre Narrative Economics, le prix Nobel Robert Shiller explique comment quelques simples « récits » s’imposent dans le débat public et influent sur l’économie et les marchés financiers, en influant sur les décisions politiques ou les décisions d’investissement au sens large.

D’une façon ou d’une autre, ces « récits » se retrouvent captés, englobés par l’investissement thématique, dont l’essence est d’identifier les enjeux et tendances structurelles capables de générer de la croissance sur le long terme. Autrement dit, anticiper l’éclosion des « récits » qui alimenteront le quotidien de demain.

LA CRISE DE LA COVID A DONNÉ NAISSANCE À DE TELS « RÉCITS », NOTAMMENT EN RAISON DE SA NATURE INHABITUELLE, UNE ÉPIDÉMIE. REVENONS ICI SUR QUELQUES-UNS DE CES « RÉCITS ».

Le plus structurant d’entre eux est celui selon lequel l’épidémie aurait été causée par le changement climatique et/ou les dégradations environnementales. Si les origines du virus restent encore inconnues, plusieurs institutions telles que la Banque mondiale [1] ou l’OCDE [2] ont souligné le fait que l’augmentation de la température et la perte de biodiversité augmentent la probabilité de la propagation de nouvelles maladies. Cela semble avoir provoqué une prise de conscience des gouvernements : des objectifs plus ambitieux et des stratégies plus concrètes de réduction des émissions des gaz à effet de serre ont été annoncés dans de nombreuses zones (Chine, Japon, Europe) [3]. De plus, la pression de l’opinion publique pour que les plans de relance soient « verts » n’a jamais été aussi forte. Aux Etats-Unis, la victoire du ticket Biden-Harris change la donne, avec le retour dans l’accord de Paris, mais également avec des propositions concrètes, comme l’installation de 500 000 stations de recharge pour les véhicules électriques. Plusieurs grands constructeurs (comme General Motors) ont annoncé vouloir cette année opérer un virage et se diriger progressivement vers une ère du 100 % électrique (des sociétés initialement extérieures au secteur, comme Apple, travaillent également sur le sujet). Les entreprises liées aux technologies de véhicule propre ont connu des performances boursières spectaculaires cette année.

Un autre élément qui restera associé à la crise de la Covid est à quel point elle a exacerbé les inégalités, l’une des grandes tendances de ces dernières décennies. Les groupes les moins favorisés (jeunes, moins diplômés, minorités ethniques, femmes) ont tous été plus durement touchés que les autres [4]. Cela va très vraisemblablement amener des réponses politiques fortes. Les inégalités constituent par exemple l’une des quatre priorités de l’équipe de transition Biden-Harris (aux côtés du changement climatique, notamment). En novembre 2020, la ville de San Francisco a d’ailleurs voté une « CEO tax », augmentant l’imposition pour les entreprises dont le CEO pay ratio dépasse 100. Il a été montré que l’action des entreprises publiant un CEO pay ratio trop élevé baissait, toutes choses égales par ailleurs, sur les séances qui suivent la publication : ce phénomène serait probablement renforcé si d’autres villes ou Etats mettaient en place des CEO tax. De plus, la multiplication dans la presse grand public d’articles de type fact checking confrontant les rémunérations des dirigeants aux performances sociales et environnementales de leurs entreprises pourrait avoir des conséquences de marché notables. Enfin, un autre marqueur de cette crise est l’accélération du digital. Les mesures de distanciation sociale ont fortement accéléré les ventes en ligne : la part des ventes de détail hors magasin a très fortement augmenté en Chine, aux États-Unis ou en Europe et ces modifications des modes de consommation seront probablement durables. Par ailleurs, le recours accru au télétravail, dont une partie sera instituée de façon permanente, a également fortement bénéficié aux valeurs technologiques. Le secteur de l’éducation a, lui aussi, été bouleversé, avec le développement de nouveaux modes d’apprentissage (en ligne, personnalisé, à la demande), dont certains perdureront. Enfin, le développement des fintechs s’est également accéléré lors de la crise de la Covid. C’est un peu pour toutes ces raisons que le Nasdaq a obtenu d’aussi bonnes performances en 2020.

In fine, 2020 aura été une année d’accélération d’un certain nombre de thèmes : réaction au changement climatique, transition énergétique, prise de conscience des inégalités, digitalisation sous toutes ses formes, nouveaux modes de consommation. Et il évident que cette accélération des thématiques se trouve derrière les divergences boursières entre les secteurs gagnants et perdants de la crise. L’investissement thématique constitue un avantage certain pour les investisseurs qui ont su identifier bien en amont ces tendances et en bénéficier en 2020 ; il présente donc un intérêt renforcé à la suite de la crise de la Covid.

Bastien Drut Janvier 2021

Notes

[1] « Fighting infectious diseases : The connection to climate change », 19 mai.

[2] « Biodiversity and the economic response to COVID-19 : Ensuring a green and resilient recovery », 28 septembre 2020.

[3] Voir notre publication « Tous ‘neutres carbone’ en 2050 ? »

[4] Voir nos publications « Le thème des inégalités, plus incandescent que jamais » et « En Europe aussi, la crise de la Covid a exacerbé les inégalités »

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