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La chasse aux dividendes est ouverte ?

Face à la faiblesse des rendements obligataires et monétaires, les investisseurs sont à la recherche de stratégies de diversification et de rendement. Les dividendes en tant que classe d’actifs présentent de nombreux atouts pour répondre à cette problématique.

Les dividendes des actions sont sans conteste la composante la plus « visible » de la performance des marchés actions. Ce rendement est apprécié des investisseurs institutionnels, à tel point qu’il a parfois servi d’argument pour orienter la construction d’un portefeuille actions afin de maximiser le rendement servi. Nous ne parlons pas ici de ces stratégies de gestion, qualifiée de « Haut rendement actions » ou de High Dividend dans la littérature, mais bien de l’investissement direct sur les dividendes d’un marché actions donné, et en particulier sur les « dividendes futurs ».

Qu’est ce qu’un « future » sur dividendes ?

Un « future » sur dividendes est un contrat à terme négocié sur un marché organisé, qui permet de prendre position sur le montant des dividendes versés, par une entreprise cotée en Bourse, à ses actionnaires, pour une date d’échéance donnée. Il n’est pas nécessaire de détenir des (...)

Depuis 2008, il est en effet possible de traiter des contrats standardisés sur dividendes sur des marchés réglementés, et ce face à une chambre de compensation, ce qui permet de sécuriser l’investissement. Chaque investisseur peut ainsi exprimer une vue et se positionner en conséquence sur le niveau des dividendes futurs d’un indice donné. Par exemple, concernant l’indice Eurostoxx 50, et alors que les dividendes estimés de l’année 2014 sont de l’ordre de 113 € par unité d’indice, une courbe des dividendes futures est disponible sur plusieurs maturités : 111 € en 2015, 115 € en 2016, 114 € en 2017…

Bien évidemment, l’investisseur ne peut réaliser un gain que si le niveau des dividendes effectivement versé est supérieur à celui anticipé par le marché. Cela peut sembler une proposition bien ambitieuse, mais il faut tenir compte ici de la structure du marché de ces futures sur dividendes.

Le prix de ces derniers dépend en effet en premier lieu des informations données par les entreprises sur leur politique de distribution de dividendes (croissance, timing…), et de l’incertitude qui est naturellement associée à ces flux futurs.

Lorsque Total a annoncé en mars cette année les dates futures de mise en paiement de ses dividendes, le future à échéance 2015 a baissé alors que l’échéance 2016 montait, tout simplement parce qu’une des dates retenues se trouvait désormais postérieure à la date d’échéance du future 2015. Cette « prime de risque », qui a vocation à se réduire au fur et à mesure que l’échéance des futures se rapproche et que le statut des dividendes passe de l’incertain au certain, est donc le premier moteur de performance pour l’investisseur sur cette classe d’actifs.

Au-delà, le niveau des dividendes futurs est aussi influencé par le ratio offre / demande pour ces actifs. Or, si l’industrie des produits structurés, structurellement vendeuse à des fins de couverture, est bien développée, les investisseurs traditionnels n’ont investi que récemment et timidement ce marché.

Ce déséquilibre se traduit par une décôte, ou prime d’illiquidité cette fois, qui vient rémunérer l’investisseur qui accepte d’apporter de la liquidité sur ce marché.

Cette liquidité peut d’ailleurs baisser fortement lors de certaines périodes, comme cela a été le cas lors de la crise en 2011.

Au final, grâce à ces deux moteurs, l’investisseur peut bénéficier sur cette stratégie d’une prime au-delà du taux sans risque, bien utile en ces temps de « risque sans taux ». Cette prime de risque est d’autant plus intéressante qu’historiquement, les dividendes sur indice ont fait la preuve d’une certaine stabilité, les dirigeants d’entreprise cherchant à maintenir des revenus stables et en croissance régulière à leurs actionnaires. La volatilité des dividendes est donc très largement inférieure à celle des marchés actions. Enfin, last but not least, les dividendes sont naturellement indexés sur l’inflation, autre qualité utile…

En définitive, cette classe d’actifs représente une solution de rendement et de diversification d’un portefeuille global, à condition toutefois de pouvoir mener au préalable une analyse poussée des stratégies disponibles (arbitrage, directionnelle).

L’utilisation des dividendes futurs se conçoit à la fois dans un portefeuille diversifié ou dans des produits de structuration, comme nous avons pu le constater auprès de nos clients.

Henri Chabadel Octobre 2014

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