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La décision de S&P est-elle infondée ?

Selon Warren Buffett, cette décision est « de la folie à l’état pur » et les Etats-Unis méritent au contraire un quadruple A…

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La décision de S&P n’en finit pas de créer la polémique. Selon Warren Buffet, principal actionnaire de Moody’s, agence concurrente de S&P, ayant maintenu la note AAA des USA, cette décision est « de la folie à l’état pur », selon lui les Etats-Unis méritent au contraire un quadruple A, le T-note restant le papier le plus demandé au monde. Les seuls conséquences que créent la décision de S&P selon lui, sont un risque de prolongement de la chute des marchés actions et un risque de retour en récession de l’économie inexistant jusque là .

Par ailleurs, de nombreuses banques centrales ont d’ores et déjà indiqué que ce changement de notation n’allait strictement rien changer concernant leurs investissements sur le papier du gouvernement américain. La banque centrale du Japon, la BCE et la banque centrale russe ont indiqué qu’elles continueraient à se positionner sur les T-note et que le même montant serait alloué aux banques qui apporteraient comme collatéral du papier américain.

John Bellows, secrétaire adjoint au Trésor, dans une note publiée sur son blog, a détaillé une erreur de 2000 milliards de dollars et déplore que S&P n’ait pas rééxaminé son jugement ou ne se soit pas « donné un jour supplémentaire pour réévaluer soigneusement l’analyse. (...). La taille de cette erreur, et la rapidité avec laquelle S&P a changé sa justification principale quand on lui a présenté cette erreur, soulèvent des questions fondamentales sur la crédibilité et l’intégrité de la décision prise par S&P sur cette note », a-t-il ajouté.

Pour Paul Krugman, prix Nobel d’économie, les analystes de S&P ne sont certainement pas en position d’émettre un jugement, rappelant les « AAA » distribués par S&P et ses concurrentes aux produits « toxiques » à l’origine du krach mondial de l’automne 2008. Même son de cloche chez Robert Reich, ancien secrétaire au Travail de Bill Clinton : « L’intrusion de S&P dans la politique américaine est (...) ironique parce que, comme je l’ai signalé récemment, une bonne part de notre dette aujourd’hui est directement ou indirectement due aux ratés de S&P », a-t-il écrit sur un blog.

Même analyse en Europe ! Dans un entretien publié dimanche par le journal espagnol La Voz de Galicia, José Manuel Gonzalez-Paramo, membre du Conseil exécutif de la BCE avance que les trois grandes agences de notation mondiales sont « sujettes à des conflits d’intérêts flagrants », et une concurrence est nécessaire pour rendre ce secteur plus efficace. « Nous avons un très sérieux problème avec les agences de notation », a-t-il ajouté. « Elles peuvent être mauvaises ou très mauvaises dans leurs recommandations, comme cela a été démontré au cours des dernières années et elles n’assument pas leurs responsabilités. »

Bill Miller, Directeur des Investissements chez Legg Mason Capital Management condamne la décision et déclare : « Cette décision est précipitée, fausse, et dangereuse. S&P a agit sans penser aux répercutions sur le système financier mondial. » Selon Bill Miller, il n’y avait aucune urgence, étant donné qu’après un fort débat politique, un accord a été trouvé pour augmenter le plafond de la dette et pour mettre en place un programme pour réduire les dépenses budgétaire. Bill Miller déclare : « Il est évident que S&P a agit de manière prématurée et n’a pas tenu compte des répercutions de sa décision. »

Selon Bill Miller, S&P a tort pour 3 raisons
- L’accord politique adopté par les Etats-Unis vise à surmonter les difficultés longe-terme de la fiscalité américaine – ce qui représente une avancée positive qui n’existait pas auparavant
- S&P n’a pas tenu compte du rôle qui joue les Etats-Unis dans l’économie mondiale : les Etats-Unis ont l’économie la plus puissante et performante au monde. Le dollar demeure la monnaie de réserve mondiale.
- Le marché réfute la décision de S&P : les investisseurs à la recherche d’actifs moins risqués achètent massivement les bons de trésor américains

"La décision de S&P ne fait qu’affaiblir le niveau de confiance dans l’économie mondiale et il peut y avoir des conséquences dans les semaines à venir que personne ne peut prédire – le système financier est complexe et fragile" conclut-il.

Pour Mohamed El-Erian, CEO de Pimco, la dégradation de S&P va « alimenter les incertitudes sur le fonctionnement même de l’économie mondiale, puisqu’il n’existe pas d’autre « AAA » qui soit capable et qui veuille compléter ou même remplacer le rôle des États-Unis au centre du système financier mondial ». Bien paradoxal quand on sait que Bill Gross, fondateur de Pimco, plus grand gérant obligataire mondial, avait indiqué par le passé s’être totalement désengagé de tout ce qui touche de près ou de loin à la dette américaine en raison de l’Etat des finances du pays.

« Même si c’était à moitié attendu, c’est une décision grave. Les répercussions seront d’une grande portée », présage Ciaran O’Hagan, stratégiste taux à la Société générale, qui craint qu’on ait ouvert une « boîte de Pandore ». Selon lui, la décision va affecter quelque peu les « actifs sans risque mais la réaction la plus forte portera sur les actifs risqués, y compris les actions et les titres des agences directement garanties par le gouvernement fédéral ».

Next Finance Août 2011

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