Dans le prolongement de mon papier récent « Marchés actions : krach rampant prévisible en 2011 » et suite à de nombreuses réactions écrites et orales, il est certain que nous avons tous en tout cas un point commun. Il s’agit de celui qui consiste à aller chercher de la valeur et de la performance assise sur des fondamentaux solides
En ce sens, il ne faut certes pas négliger les BRIC ou plutôt ne pas négliger certaines belles histoires dans ce bloc. Attention cependant au timing d’investissement sur la classe d’actif actions émergentes (en tout cas le timing est plus crucial que pour n’importe quelle autre classe d’actif compte tenu des niveaux de volatilité) ...Je surveille en effet de près l’évolution des politiques monétaires dans nombre de pays émergents : taxation sur les entrées de capitaux , même si les actions ne sont pas encore trop touchées ; hausse des ratios de réserves obligatoires des banques ici ou là ; hausse classique des taux directeurs.. Certains pays émergents dont la Chine seront prêts à sacrifier quelque basis points de croissance pour contenir l’inflation qui n’est pas un mythe dans ces zones. Donc j’attendrai volontiers quelques secousses assez fortes sur les actions émergentes en 2011 avant de me positionner. D’autant qu’il va falloir apprendre à vivre avec la comptabilité créative de certaines sociétés et réévaluer des niveaux de PE bon marché.. Mais de tout cela, on reparlera sans doute
De même, il ne faut pas hésiter à s’intéresser aux décotes injustifiées surtout lorsque certaines valeurs réussissent le tour de force d’être à la fois des valeurs de croissance et de rendement
Malgré tout cela, et c’est sans doute l’expérience et l’observation des marchés depuis un certain temps qui parlent, on assiste à une certaine mort de la vraie culture actions .. Encore une fois cela n’interdit pas de surveiller comme le lait sur le feu des situations spéciales sur le marché equity ( il y en aura de toute façon toujours : OPA , décotes , niches, pricing power, innovation...). Mort d’une certaine culture actions avec l’obligation de vendre ou à tout le moins de moins acheter ou de sous pondérer pour différentes raisons (réglementation, démographie...)
Face à une faiblesse qui va devenir structurelle de la demande d’actions, l’offre ne va pas baisser bien au contraire, donc on a devant nous une période de hausse durable du coût du capital et des fonds propres levés sur les marchés de capitaux (dette subordonnée obligataire mais aussi marché actions)
Cette hausse du coût du capital concernera toute les actions fortement capitalistiques (donc les banques et les assureurs contraints de se recapitaliser en masse sous l’effet respectif de Bale 3 et Solvency 2 ; mais aussi des secteurs tels que ceux de l’énergie, des télécoms)
Tout ceci représente une part non négligeable des grands indices boursiers
Si le capital devient plus rare et plus cher (c’est en tout cas une des seules certitudes que j’ai), alors nombre d’entreprises vont devoir poursuivre leur désendettement et restaurer leur capacité d’autofinancement, ce qui revient à baisser fortement les distributions de dividendes. Donc on aurait effectivement tort de se priver des taux de distribution actuels mais il y a fort à a parier que l’on assiste d’ici 1-2 ans à un revirement drastique des politiques de distribution (encore une fois le sens de l’anticipation et de la vision de l’avenir n’aura pas été particulièrement mis en avant)
On doit avoir en tête que l’accès aux émissions sur les marchés de capitaux sous toutes leur formes : actions, dette subordonnée et dette obligataire classique relèvera d’une guerre de tous les instants. D’autant qu’il y aura la concurrence de plus en plus forte des émissions gouvernementales ou de celles d’organismes type FESF pour résoudre la crise de liquidité de souverains en quasi-défaut
Quoi qu’il en soit, dans mon allocation d’actifs 2011-2013 sur laquelle je travaille aujourd’hui, je sous pondère sans états d’âme les actions OCDE et suis même assez prudent sur les actions émergentes au premier semestre 2011 (histoire de bien mesurer les impacts des resserrements monétaires sur le cycle économique de ces zones)