L’assouplissement quantitatif en Europe et au Japon continue de soutenir les marchés obligataires, mais une accélération de la croissance mondiale fin 2015 - début 2016 pourrait peser sur leurs perspectives, sur un horizon à moyen terme. La dette des marchés émergents et les obligations High Yield apparaissent attrayantes. Mais, pour de nombreux investisseurs obligataires, la meilleure option pourrait résider dans une combinaison stratégique d’obligations associant une exposition aux risques de taux et de crédit, tout en conférant une plus grande diversification au sein de l’univers obligataire.
Poursuite du « QE » en Europe et au Japon
La Banque du Japon (BoJ) et la Banque centrale européenne (BCE) poursuivent leurs substantiels programmes d’assouplissement quantitatif (QE). Malgré quelques spéculations contraires, il est peu probable que la BCE achève prématurément son programme de « QE ». Cela compromettrait en effet sa crédibilité et provoquerait d’importantes perturbations sur les marchés, ses achats obligataires à grande échelle ayant attiré de nombreux autres acheteurs sur le marché. En tant qu’acheteurs dominants sur le marché, la BoJ et la BCE soutiennent non seulement leurs emprunts d’État respectifs, mais également les obligations d’entreprises en incitant les investisseurs en quête de rendements plus rémunérateurs à aller chercher plus loin sur la courbe des taux et à redescendre le long de l’échelle des notations de crédit. La principale difficulté de la BCE réside dans l’offre d’actifs étant donné le nombre limité d’obligations éligibles, ce qui la contraint à acheter des obligations avec des échéances plus éloignées et, potentiellement, des actifs sur d’autres marchés obligataires européens. Conséquences de cette situation : les entreprises sont en mesure d’émettre des obligations à des spreads moins élevés et donc de sécuriser leur financement à long terme, soutenant ainsi l’activité économique de manière générale. Cependant, même si la conjoncture économique en Europe continue de montrer des signes d’embellie, comme en témoignent les récentes surprises économiques positives, il est peu vraisemblable que la BCE agisse rapidement. Il est plus probable qu’elle attende la confirmation d’une reprise généralisée à l’ensemble du continent associée à une accélération des créations d’emploi pas seulement en Allemagne et en France, mais également dans les pays périphériques.
L’activité de fusions-acquisitions pourrait peser sur les obligations
Les programmes de « QE » en Europe et au Japon continuent certes de soutenir les marchés obligataires, mais la croissance mondiale pourrait toutefois peser sur ces derniers. Le ralentissement intervenu au début de l’année 2015 - dû aux mauvaises conditions climatiques aux États-Unis et à un dollar fort ayant entravé les exportations et la croissance économique outre-Atlantique - semble prendre fin et nous prévoyons un rebond de la croissance mondiale fin 2015 et pour l’année prochaine. Les investisseurs obligataires doivent également surveiller étroitement l’activité de fusions-acquisitions cette année, qui pourrait fortement influer sur les marchés obligataires. L’année 2014 s’est avérée être un cru exceptionnel sur le front des fusions-acquisitions, notamment aux États-Unis, et 2015 devrait l’être tout autant au vu des nombreuses opérations majeures déjà annoncées et des autres se profilant. Ces opérations se financent souvent par recours à l’emprunt et contribuent donc à accroître l’endettement des entreprises. Elles s’avèrent ainsi moins positives pour leurs obligations que pour leurs actions. C’est pourquoi les agences de notations surveillent étroitement les opérations de fusions-acquisitions financées par emprunt qui peuvent nuire aux notations de crédit d’entreprises de haute qualité, et ce, au détriment des détenteurs de leurs obligations.
L’investissement stratégique permet de répartir les risques
La seconde moitié de 2015 et l’année 2016 semblent appelées à être très intéressantes pour les investisseurs en dette émergente. La classe d’actifs gagne en maturité et les obligations d’entreprises des pays émergents font l’objet d’un intérêt grandissant. Les rendements offerts par ces marchés sont largement supérieurs à ceux des marchés développés, et un regain de confiance attirerait à nouveau les investisseurs. Les marchés High Yield figurent également au centre de l’attention dans la mesure où de nombreuses grandes entreprises, qui faisaient traditionnellement appel aux banques pour se financer, se tournent aujourd’hui vers l’émission d’obligations High Yield. Mais, le meilleur moyen de générer des performances attractives au cours des 18 prochains mois est peut-être l’investissement obligataire stratégique qui met l’accent sur le rendement total plutôt que sur des indicateurs de comparaison traditionnels basés sur les émissions. En associant la dette souveraine, d’entreprises, High Yield, émergente et indexée sur l’inflation, il permet de répartir l’exposition à des marchés, des devises ou des cycles de taux uniques, ainsi que de s’adapter à l’évolution des conditions de marché. Toutefois, les investisseurs doivent prendre en compte un changement important avant de décider de toute stratégie : le problème de la liquidité des marchés obligataires. Les programmes de « QE » des banques centrales et le durcissement des réglementations bancaires ont réduit la liquidité des marchés et les ont rendus plus vulnérables à de brusques fluctuations des cours, aussi bien à la hausse qu’à la baisse. L’investissement obligataire stratégique peut contribuer à réduire les risques de concentration liés aux différents segments de marché et conférer une meilleure diversification aux investisseurs.