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Le fleuve tranquille obligataire se poursuit...

C’est une impression de long fleuve tranquille que doivent actuellement ressentir les gérants obligataires, portés par le rendement embarqué au cours des mois passés, par le soutien des banques centrales, par la prudence des entreprises assurant des qualités de crédit stables, bien loin des considérations des gérants actions, hésitant chaque semaine entre value, growth, ancienne ou nouvelle économie, petites ou grandes capitalisations…

Ainsi, alors que les chiffres les plus sensationnels de l’inflation devraient être passés au cours de ces semaines, puisqu’en année glissante les semaines récentes correspondent à la conjonction des confinements généralisés dans le monde et donc à la chute drastique de consommation de 2020, la plupart des craintes sur le marché obligataire se sont calmées et les articles sur l’inflation ou la hausse des taux sont déjà beaucoup moins nombreux… Peut-être aussi parce que les taux se sont finalement stabilisés, qu’on n’a pour le moment vu personne avec des brouettes de billets pour faire ses courses et que les chantres de la reprise de l’inflation, à force d’interviews, ont fini par avouer que, non, l’inflation ne bondirait pas à 4 ou 5% annuel pendant la décennie à venir, mais qu’il s’agirait au maximum d’une hausse de quelques points de base…

Il était donc et il reste utile pour les investisseurs de prendre ce qu’ils peuvent de rendement dès à présent, car, comme le disait Joe Biden il y a quelques jours, « Nous savions que ce ne serait pas un sprint, ce serait un marathon. » (Source Le Monde). Quand on sait que l’économie américaine est beaucoup plus rapide et dynamique que l’Eurozone, comme l’a montré la décennie 2010 post-crise 2008, on imagine que les mesures de soutien de la BCE par des taux bas resteront la norme pendant plusieurs années, tant les pays comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal ou même la France en sont vitalement dépendants.

Heureusement pour les retardataires, la dislocation du marché de 2020 a laissé quelques primes de rendement encore accessibles et la désintermédiation bancaire continue de jouer en faveur des investisseurs finaux qui peuvent ainsi trouver de nouveaux supports d’investissement au fil de l’augmentation régulière de leurs liquidités.

Et non, il n’y aura pas de grand soir sur les taux, ni porté par l’inflation, ni porté par un changement de politique monétaire, car plus l’endettement des Etats est important, plus la nécessité de taux bas est devenue systémique. Exit l’indépendance des banques centrales qui sont aujourd’hui le bras armé monétaire et financier des Etats et sont garantes de la stabilité politique et sociale.

Pour les plus anciens, nous vous inviterons à vous souvenir des arguments relatifs à la hausse des taux sur les trente dernières années et reprendrons un graphique sur le taux 10 ans américain de notre confrère Alfonso Pecciatello, Directeur de la gestion obligataire chez ING en Allemagne. Systématiquement, à chaque soubresaut des taux dans une tendance de fond qui montrait pourtant clairement une baisse, l’argument était « un changement de régime » et une bascule inévitable vers la hausse des taux : le QE, le taper tantrum, la hausse des salaires en 2017, les baisses d’impôts massives de Monsieur Trump…

Mais au final, plus l’endettement est élevé, plus il est nécessaire de maintenir des taux bas… Et ce qui vaut aux USA vaut encore plus en Europe…

Tant que l’Europe etr les USA seront les zones les plus sécurisantes pour les investisseurs mondiaux, ce paradigme pourra tenir, et c’est donc sur des décennies que le phénomène se jouera.

Et la première variable d’ajustement ne sera probablement pas le taux des Etats lui-même mais le taux de change de ces zones face aux nouvelles zones d’influence, de croissance et de richesse que sont les pays émergents, Chine en tête.

Se laisser porter donc par un portage sans risque d’explosion des taux, donc tout en restant attentif aux prémices de crises de crédit ou de stress ponctuels, tant l’élastique est tiré et la volatilité potentielle élevée… Et si nous restons sereins sur les semaines à venir, nous noterons simplement cette semaine l’annulation de l’introduction en bourse d’Autodis, après une belle année 2020… Bloomberg recensait cette semaine plus de cinquante introductions en bourse, et malgré une volonté persistante de prise de risque des investisseurs, la sélectivité devient probablement plus importante devant cet afflux. Si nous ne craignons rien pour Autodis, dont les obligations sont une position favorite de nos fonds depuis plusieurs mois, nous noterons tout de même cette opération ratée comme un signal d’un marché actions plus regardant. La corrélation high yield/actions étant très forte, renforcée d’ailleurs par les taux bas, nous augmenterons d’un cran la prudence de nos portefeuilles si des événements de ce genre s’accumulaient. Aujourd’hui, voici, ci-dessous, le positionnement de nos fonds par rapport aux courbes de marché.

Matthieu Bailly Juin 2021

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