Nous étions pessimistes sur les perspectives de croissance de l’économie mondiale depuis déjà quelques temps, et ce, avant même les ventes massives qui ont agitées les marchés le 24 août dernier. La détérioration soudaine de plusieurs indicateurs importants la semaine précédente, conjuguée à une nouvelle chute des prix des matières premières, a été interprétée par les marchés comme un signal du ralentissement de l’activité économique mondiale, entraîné par la Chine. Le spectre d’une hausse des taux par la Réserve Fédérale dès le mois de septembre avait déjà rendu le marché nerveux, ce qui n’a fait que s’amplifier avec la récente dévaluation du yuan. Celle-ci a engendré un net recul des devises et des actifs des marchés émergents, beaucoup atteignant ainsi des points bas record face au dollar.
Depuis la chute brutale du marché actions chinois le 24 août dernier, la volatilité a bondit, tandis que les rendements des actifs « refuges » comme les Bons du Trésor américains à long-terme ou les obligations souveraines allemandes baissaient encore à mesure que les investisseurs sortaient massivement des actifs plus risqués.
Malgré la révision des prévisions et la publication d’un chiffre meilleur qu’attendu pour la croissance américaine au deuxième trimestre, les perspectives de l’économie mondiale restent selon nous fragiles aux vues de plusieurs indicateurs importants. Depuis quelques mois, nous avons opté pour une duration de 5 ans pour notre portefeuille, supérieure à celle du consensus, car nous pensons que le niveau d’endettement élevé, la faiblesse des prix des matières premières et les autres forces déflationnistes présentes dans l’économie mondiale vont plafonner la croissance mondiale et l’inflation.
Notre portefeuille a donc pu tirer profit de la « fuite vers la sécurité » des investisseurs de ces derniers jours. De plus, notre stratégie « barbell », initiée fin 2014 et qui équilibre notre portefeuille entre des obligations souveraines australiennes à plus long terme et quelques lignes à haut rendement dument sélectionnées, est conçue pour aider le fonds à résister à la volatilité sur les marchés mondiaux.
Plus récemment, nous avons acheté des bons du Trésor américains à long-terme ainsi que quelques bons du Trésor à 2 ans car une hausse des taux de la Réserve Fédérale nous paraît peu probable à l’heure actuelle. Depuis le début de l’année, cette stratégie a fait office de protection naturelle du portefeuille, nous permettant de tirer avantage des périodes où les investisseurs montraient de l’appétit pour le risque et nous protégeant contre le risque de perte en capital durant les périodes de stress. Sur le crédit, du fait de nos perspectives baissières sur les matières premières, nous privilégions le haut-rendement européen au détriment du haut-rendement américain, ce dernier étant largement exposé au secteur de l’Energie. Cette position a été payante ces derniers mois quand les producteurs de gaz de schiste ont été fortement mis sous pression par la chute brutale des cours du pétrole.
Selon nous, les prix du pétrole ne devraient pas remonter durablement à court terme. Le pétrole peut même descendre bien plus bas étant donné l’offre excédentaire actuelle et l’incertitude concernant la demande mondiale. L’OPEP refuse de baisser la production pour tenter de garder le contrôle du marché et nous pensons que les acteurs du gaz de schiste sont à même de relancer rapidement la production si les prix du pétrole montaient, plafonnant ainsi toute augmentation substantielle des prix à court terme.
Par ailleurs, le rythme et la portée des innovations en matière de fracturation continue d’être selon nous positivement étonnante, et les coûts des projets sur le gaz de schiste aux Etats-Unis baissent rapidement à mesure que les producteurs se dépêchent de résoudre la problématique posée par la faiblesse du prix du pétrole.
Un choc politique au Moyen Orient pourrait bien sûr faire exploser le cours du pétrole, mais l’Iran est sur le point d’augmenter sa production de pétrole ce qui devrait peser négativement sur les prix à moyen/long-terme et donc ajouter encore à la pression à la baisse sur l’inflation au niveau international.