1. Analyse conjoncturelle
Les marchés actions chinois ont commencé à corriger dès le mois de juin 2015, alors que l’attention des investisseurs était focalisée sur la résolution de la crise grecque. Au mois de juillet, tandis que les actions chinoises perdaient environ 15%, les marchés européens et américains remontaient violemment en raison de la possibilité d’un accord imminent entre la Grèce et la Troika.
Ce qui a véritablement mis le feu aux poudres a été la triple dévaluation du Yuan de la part de la Banque centrale chinoise (PBOC) en août. En effet, ce mouvement totalement inattendu, qui de surcroît a eu lieu à un moment de l’année où la liquidité est relativement réduite, entraîne de nombreuses implications :
- Une « reconnaissance officielle » du fait que les chiffres de croissance chinois sont actuellement sujets à caution.
La PBOC ne pouvait plus maintenir la parité Yuan / Dollar sans intervenir sur le marché des changes pour des montants très importants (on parle de plus de 500 Mds de $).
- Une explication rétrospective à la chute du prix du pétrole
La baisse très prononcée de l’or noir devient dès lors un indicateur avancé de la moindre croissance mondiale anticipée. Par ricochet, alors que la baisse de l’énergie pouvait être considérée comme une excellente nouvelle pour de nombreuses économies, c’est désormais un indice de ralentissement des partenaires commerciaux de la Chine.
- Un retour des risques sur les devises émergentes
Le frein mis par la PBOC à l’appréciation structurelle du Yuan par rapport au Dollar marque la fin d’un discours bien rodé sur les places financières occidentales. Depuis des années, les sociétés de gestion parient sur une appréciation structurelle des devises émergentes par rapport au dollar. Or, cette appréciation n’a pas été constatée depuis 2008 et le mouvement de la banque centrale chinoise (appréciation du Yuan stoppée il y a plus de 18 mois et point bas atteint en janvier 2014) devrait conduire à revoir le processus d’investissement de nombreux fonds obligataires émergents.
- Un retour sur les risques économiques émergents
Celui-ci se traduit par des indices obligataires émergents en forte baisse en lien avec l’exigence des créanciers de rendements en hausse pour compenser les éventuels défauts des émetteurs publics (Porto Rico et l’Ukraine ont ouvert des processus de restructuration de leur dette) ou privés. Depuis que la FED a annoncé son intention de restreindre la liquidité, via l’arrêt progressif de son programme d’assouplissement quantitatif en mai 2013, les indices obligataires émergents ont commencé à corriger.
Alors qu’il semble très difficile d’appréhender l’impact que le ralentissement chinois pourrait avoir sur la croissance mondiale, la nervosité s’est emparée des principaux marchés boursiers occidentaux.
- Au sein de la zone euro, les chiffres de croissance économique n’ont pas été très vigoureux, ce qui tend à démontrer que l’assouplissement quantitatif (QE) mis en place en janvier dernier a surtout eu un impact psychologique.
Pour mémoire, la FED s’y est reprise à trois fois pour que la croissance américaine revienne tout juste au niveau de son potentiel. Par conséquent, Mario Draghi a, lors de la dernière conférence de presse de la BCE, évoqué la possibilité de prolonger le QE au-delà de septembre 2016. En tout état de cause, cette hypothèse tend à prouver que le défi de relever les anticipations d’inflation dans un contexte de ralentissement mondial est loin d’être gagné.
- Résultats des entreprises Outre-Atlantique
Malgré des statistiques économiques très solides, les marchés sont tout autant chahutés. Alors que le chômage s’affiche au taux le plus bas de la décennie et que les indicateurs avancés sont toujours aussi stables, les opérateurs sont obnubilés par la future hausse des taux de la FED, une première depuis 2006.
Cette obsession conduit le marché à se comporter de manière peu claire, le S&P 500 s’affichant en baisse sensible depuis le début de l’année, malgré des résultats toujours en progression.
2. Conclusions de Myria AM
La dynamique des marchés financiers s’est passablement enrayée suite aux actions de la Banque centrale chinoise, ce qui a jeté le doute sur la robustesse de la croissance mondiale.
Tant que les marchés n’auront pas d’indicateurs tangibles permettant d’appréhender correctement l’état de l’économie, il est difficile d’imaginer à très court terme un puissant mouvement de redressement des cours.
3. Recommandations de Myria AM
Dans ce contexte, notre allocation d’actifs revient à la neutralité sur le risque actions, en privilégiant largement les actions européennes et dans une moindre mesure les actions américaines.
Dans le détail, les principales caractéristiques de nos portefeuilles font état des biais suivants :
- Une surpondération des actions européennes au sein des portefeuilles mais une couverture partielle des investissements
- Une sous-pondération des actions américaines, via une couverture partielle des investissements
- Une absence d’actions japonaises du fait de la proximité avec l’épicentre de la crise actuelle
- Une très faible part d’investissements dans les émergents
- Une part de fonds diversifiés en baisse et une présence accrue de fonds à performance absolues.