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Le scepticisme en sept étapes

Même si les marchés connaissent une période de hausse, nombreux sont ceux qui restent toutefois dubitatifs. Prudence et pessimisme restent cruellement de mise..

Face au scepticisme ambiant, Patricia Kaveh, Directeur du Développement de Henderson Global Investors nous livre son point de vue.

Même si les marchés connaissent une période de hausse, nombreux sont ceux qui restent toutefois dubitatifs. Face à la progression du prix des actions et à la relance économique, la prudence et le pessimisme restent cruellement de mise.

Pourtant iI y a de grandes chances qu’une nouvelle fois encore les sceptiques aient tort. Nous décrirons ci-dessous les sept idées reçues du négativisme ambiant.

Première idée reçue : nier qu’un redressement soit possible. Ce point de vue était commun au printemps dernier alors que le marché atteignait son plus bas niveau. Néanmoins, six mois plus tard, il est évident que la récession est terminée. La reprise est internationale et les études démontrent que l’amélioration se poursuit.

Deuxième idée reçue : le redressement sera faible. Ce point de vue est très répandu actuellement mais va à l’encontre des observations historiques affirmant que « les récessions profondes sont très souvent suivies de reprises rapides » - dixit la règle de « Zarnowitz ». Les récentes tendances illustrent mieux cette règle simpliste que les schémas de reprise en forme de U ou de L prévus par les experts. Ces nouvelles données déroutent les pessimistes qui se tournent vers une troisième idée reçue : un scénario de reprise en W.

Celle-ci consiste à prétendre que le redressement ne sera pas durable, emporté de nouveau par la faiblesse économique dès le retrait du soutien politique. Un tel scénario n’est pas impossible mais reste toutefois peu probable. Les récessions en forme de W sont rares - seulement cinq reprises économiques sur 33 aux Etats-Unis se sont terminées après moins de 18 mois depuis les années 1800 et seulement une sur onze depuis la seconde guerre mondiale.
Afin d’éviter l’année prochaine une récession en forme de W, deux conditions devront être satisfaites. Tout d’abord, le marché de l’emploi devra s’améliorer début 2010. Le nombre de chômeurs augmente toujours mais dans une moindre mesure, coïncident avec un minimum atteint en fin d’année.
Ensuite, la masse monétaire globale doit continuer de croître, ce qui a été le cas fin 2008, favorisant ainsi un redressement des marchés et de l’économie. Sa croissance s’est ralentie récemment mais demeure néanmoins positive.

Quatrième idée reçue : la croissance sera décevante à moyen terme. Il existe des raisons évidentes à ce pessimisme : une diminution des aides à la relance économique, des banques en difficulté ainsi que le surendettement des ménages. Cependant, la vraie question est de savoir quelle sera l’amplitude de ces phénomènes.
Prenons l’exemple d’un durcissement des mesures fiscales. Les données historiques sur plusieurs pays montrent qu’une réduction du déficit est compatible avec une croissance économique solide à condition que l’augmentation des mesures fiscales s’étende sur plusieurs années. Les politiciens en sont conscients et feront preuve de prudence dans leur « stratégie de sortie ».

Les banques manquent actuellement de capitaux et l’offre de crédit est limitée. Cependant, en début de reprise, la demande de crédit est généralement faible. Parallèlement, les banques ont recommencé à faire des profits, renflouant ainsi leurs fonds propres. Dans un an, les banques devraient être mieux positionnées pour fournir les crédits nécessaires à la reprise économique.

En ce qui concerne le surendettement des ménages, il s’agit d’un problème récurrent en Grande Bretagne, aux Etats-Unis et ailleurs - en générale, le ratio d’endettement est plus faible dans la plupart des économies émergentes. De plus, les taux d’intérêts excessivement faibles ont réduit la pression de la dette de façon plus gérable. Les freins à la consommation devraient être plus faibles qu’attendu, tant que les taux d’intérêt restent bas.
Ces arguments en faveur d’une baisse des marchés négligent un élément qui a tendance à soutenir la croissance : les dépenses en investissement n’ont jamais été aussi faibles et présentent une marge d’augmentation significative.
En résumé, les inquiétudes concernant la croissance à moyen-terme semblent trop alarmistes. Il est possible que les freins soient moins importants que prévus et qu’ils soient compensés par une reprise de l’investissement.

Cinquième idée reçue : le redressement de l’économie et des marchés pourrait être remis en cause du fait de l’instabilité des prix - qu’il s’agisse d’un mouvement déflationniste comme celui vécu au Japon ou d’une inflation plus forte qui nécessiterait une restriction monétaire plus importante.

Les déflationnistes expliquent que la stagnation économique va provoquer une baisse des prix. La chute des prix est historiquement associée à une faiblesse monétaire, ce qui est contestable actuellement.

Une augmentation de l’inflation semble être le risque principal, notamment parce que la croissance des économies émergentes devraient continuer à être forte, entrainant une augmentation du prix des matières premières. De plus, les politiques monétaires ne devraient pas se durcir au préalable étant données la faiblesse du système bancaire et la pression politique pour soutenir la croissance.

Sixième idée reçue, qui concerne les valorisations des marchés plutôt que les prévisions économiques : les prix ont totalement intégré les « bonnes nouvelles ». Cette idée n’est cependant pas applicable aux actions. Par exemple, le price to book ratio des indices mondiaux reste inférieur à sa moyenne à long-terme, même en excluant le secteur financier.

Dernière idée reçue : L’augmentation des taux d’intérêt stoppera instantanément la reprise économique et le rallye des marchés. Cependant par le passé, les taux ont habituellement atteint un niveau « acceptable » avant d’avoir un impact négatif - événement peu probable dans les douze mois à venir, voir à plus long-terme.

Les prévisions économiques et les perspectives de marché demeurent des sources d’inquiétude. Il en est toujours ainsi lors d’une reprise. Les risques d’investissement sont à leur paroxysme quand l’avenir semble radieux. Mieux vaut dès lors affronter les problèmes que de les ignorer.

Patricia Kaveh Décembre 2009

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