Jusqu’ici 60% du commerce entre Chine et Japon était effectué en dollars. Mais malgré leur conflit historique, le Japon et la Chine ont indiqué qu’ils allaient dorénavant utiliser le yen et le yuan pour les échanges commerciaux entre leurs deux pays. Cet accord pèsera lourd dans les échanges mondiaux, la Chine et le Japon étant respectivement, 2ème et 3ème puissance économique mondial.
Le Japon est devenu le deuxième partenaire commercial de la Chine, et la Chine le plus important partenaire commercial et le plus grand marché d’exportation du Japon. Le volume des échanges commerciaux a atteint près de 300 milliards de dollars en 2010. Ce chiffre atteignait à peine un milliard de dollars au cours des premières années après la normalisation des relations bilatérales en 1972.
D’autre part, le Japon est devenu la troisième plus grande source d’investissements étrangers de la Chine, en y investissant plus de 77 milliards de dollars en 2010. En avril dernier, la Chine a acheté 16,6 milliards de dollars d’obligations japonaises à long terme libellés en yens. En retour, le Japon envisage d’acheter 10 milliards de dollars d’obligations chinoises libellés en yuans.
De nombreux autres pays asiatiques, qui pour la plupart, ont signé des accords de libre-échange avec la Chine et commercent entre eux à 80% en dollars, pourraient emboiter le mouvement.
Selon Philippe Waechter, Directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management, la dynamique de la Chine est très rapide, son accumulation de réserves de change effrayante ainsi que sa capacité à déstabiliser ou à stabiliser les constructions (...)
La Banque Centrale de Chine a annoncé le 24 décembre 2011, la signature d’un accord d’échange de devises (swap) d’un montant de 10 milliards de yuans (1,58 milliard de dollars) avec la Banque d’Etat du Pakistan. L’accord va durer trois ans et pourra être renouvelé avec l’approbation des deux parties, selon un communiqué publié sur le site internet de la banque. Cet accord vise à renforcer la coopération financière, promouvoir le commerce et l’investissement entre les deux pays et maintenir la stabilité financière régionale, indique le communiqué.
Cherchant à s’affranchir du dollar, la Chine a débuté une politique d’internalisation du yuan depuis la crise financière de 2008. Elle a signé des accords de swap avec 14 pays. Elle a notamment mis en place des échanges de devises avec l’Argentine, le Brésil, l’Indonésie, la Corée du Sud, la Malaisie et la Biélorussie.
La Chine a également lancé plusieurs émissions de bons du Trésor à Hong-Kong, accessibles aux investisseurs étrangers. Ce marché des émissions en renmimbi offshore est en plein boom depuis moins de deux ans. Outre le Japon qui s’est montré intéressé pour l’achat d’obligations libellées en yuans pour la diversification de ses réserves, le Nigéria puissance montante d’Afrique, avait également marqué son intérêt pour ce type de placements.
Il y a deux ans, répondant à une question posée par des parlementaires au sujet des propos du Président de la Banque mondiale, Robert Zoellick qui estimait que ce serait une erreur pour les Etats-Unis de prendre pour acquise la place du billet vert comme monnaie de référence et que le statut du dollar américain dépendrait de la méthode qu’adopteront les Etats-Unis pour gérer leur dette, M. Bernanke, Président de la Réserve Fédérale, avait estimé que la mise en place d’une nouvelle monnaie de réserve était « une question à long terme », signalant l’inexistence d’un « risque immédiat » pour le dollar américain.
Fin 2009, Nouriel Roubini estimait que parmi les devises mondiales, seul le yuan pouvait remplacer le dollar comme monnaie de réserve mais qu’il faudrait une dizaine d’années pour que le yuan y parvienne. « A l’heure actuelle le yuan est loin d’être prêt à acquérir le statut de devise de réserve. La Chine devrait d’abord à assouplir les restrictions sur les entrées et sorties de capitaux, rendre sa monnaie entièrement convertible pour de telles transactions, poursuivre ses réformes intérieures et rendre ses marchés d’obligations plus liquides. Il faudra beaucoup de temps pour que le yuan devienne une monnaie de réserve, mais cela pourrait se produire » précisait-t-il dans un entretien au Wall Street Journal.