Les dividendes ont été gelés. Alors que le monde tente de contrôler la propagation du coronavirus, les entreprises du monde entier réduisent ou renoncent à leurs dividendes afin de consolider leur capital. En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a franchi une étape supplémentaire en ordonnant aux banques de suspendre tous les dividendes et les rachats d’actions, et il est fort possible que d’autres banques centrales suivent le mouvement.
En mars, 4,2 milliards de livres sterling de dividendes ont été gelés rien qu’en Grande-Bretagne. Cela ne signifie pas pour autant que toutes les entreprises ont réduit leurs versements. Si certaines entreprises des secteurs les plus touchés par le virus, comme le tourisme, les commerces et les compagnies aériennes, ont déjà suspendu leurs paiements de dividendes, celles qui se portent bien dans la crise actuelle continuent de verser des dividendes.
Les investisseurs doivent naviguer en eaux troubles. C’est dans cet esprit qu’une sélection de gérants de fonds Jupiter axés sur les profits donnent leur avis sur les perspectives actuelles en matière de dividendes :
- D’après Ben Whitmore, Responsable de la stratégie, Value Equities, 2020 sera pire que la crise financière mondiale de 2008 pour de nombreuses entreprises. La plupart des entreprises n’ont pas conçu leur bilan pour faire face à cet environnement. L’équipe de Ben Whitmore a toujours insisté sur l’importance de la solidité du bilan, pour que les entreprises qui n’ont pas besoin de faire appel à leurs actionnaires mettent plus de liquidités à disposition. Ces entreprises ont plus de chances d’en sortir plus fortes. Il est fort probable que la Banque d’Angleterre emboîte le pas à la BCE et ordonne le gel des dividendes et le rachat d’actions. Selon lui, il s’agit là d’une gestion prudente et l’équipe soutient pleinement les entreprises qui annulent ou suspendent leurs dividendes dans ce contexte
- Pour Jason Pidcock, Responsable de la stratégie, Asian Income, il ne fait aucun doute qu’il y aura une réduction généralisée des dividendes. La plupart des entreprises réduiront leurs dividendes, mais certaines les annuleront complètement. Un certain nombre d’entreprises ont « abandonné leurs prévisions de bénéfices », ce qui revient à admettre que les dividendes seront moins élevés. En fin de compte, les dividendes doivent être financés par les bénéfices et les bénéfices seront sous pression cette année
- Selon Alastair Gunn, Gérant, Value Equities, il est important de noter que la multiplication des réductions de dividendes n’est pas seulement une question de grandes capitalisations - les petites entreprises font de même dans le but de renforcer leur position en capital. Alastair Gunn estime que les banques ne devraient pas verser de dividendes dans cet environnement. Pour de nombreuses banques, les paiements aux actionnaires sont un pilier essentiel de leur dossier d’investissement à long terme, mais il est plus prudent actuellement de se concentrer sur le maintien de leur activité pour l’avenir. Le gouvernement fait ce qu’il peut pour soutenir l’économie et le secteur bancaire doit lui aussi faire preuve d’indulgence.
- Enfin, d’après Greg Herbert, Gérant, European Opportunities, il s’agit d’une période compliquée. Dans la plupart des cas, les entreprises ont réussi à organiser des assemblées générales en réduisant au minimum la présence physique requise et en passant au vote par procuration, mais dans certains cas, on peut constater des retards parce qu’elles ne pouvaient pas gérer le processus. Il est probable que d’autres annonces seront faites dans les semaines à venir, une fois que les entreprises auront un peu plus de visibilité sur la demande. Pour lui, les banques sont un problème. Certaines ont déjà annulé unilatéralement des dividendes, anticipant ainsi une décision de la BCE, alors qu’elles devraient soutenir l’économie en utilisant leurs capitaux pour financer des lignes de crédit d’urgence ou absorber une hausse probable des défaillances d’entreprises.