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Les golden boys de Wall Street sous le choc

Comme Georges et Craig, de nombreux banquiers sont tétanisés par cette crise qui secoue Wall Street entrainant une incroyable mutation : La fin des banques d’investissement et du prestige qui allait avec...

Georges, jeune banquier diplômé d’une des meilleures universités américaine, qui travaillait comme analyste chez Merril Lynch se déclare « horrifié par le rachat de la prestigieuse banque d’affaires par Bank of America » :

« J’étais choqué, j’ai crié. Un de mes amis m’a envoyé un sms en me disant : il se pourrait qu’on vous rachète les gars ».

« Je ne pouvais pas y croire. Vous voyez, Merril a une bien meilleure réputation qu’une banque commerciale comme Bank of America. J’étais choqué par la perspective de rejoindre une simple banque commerciale, moins prestigieuse. Je me disais que je n’avais pas passé avec succès toute cette série d’entretiens pour finir dans une banque commerciale ! »

Il y a quelques mois encore, Craig était un homme surbooké ! Ce banquier expérimenté émargeait à 150.000 dollars en 2007, complété par un bonus de 300 000 dollars, dont le tiers en action Bear Stearns parti en fumée. Pourtant, il fait partie des quelques hauts profils de Bear Stearns qui n’ont pas encore trouvé un nouvel emploi depuis plus de six mois.

A l’époque, sa messagerie était pleine. Les chasseurs de tête souhaitaient l’envoyer à la concurrence. L’homme n’était pas pressé. Il prévoyait éventuellement de changer de banque en 2009, voire 2010.

Aujourd’hui, il est abattu. Les quelques entretiens qu’il a passés ont été des échecs. Il a rencontré du beau monde dans deux autres banques. Son impression est mitigée : « Les sensations étaient très bonnes, mais en sortant, j’avais l’impression d’en avoir trop dit, bref, un peu comme s’ils voulaient certains détails, une sorte d’espionnage sur l’activité sur la quelle je travaillais. Je n’ai plus été recontacté depuis. »

Il sait bien que le travailleur "middle class" américain ne pleurera pas sur son sort. Mais pourtant il estime avoir mérité chaque dollar de ce qu’il a gagné. « Je restais parfois des heures et des heures au bureau avec quelques uns de mes collègues. Nous y passions souvent la nuit. La journée la plus courte durait 13 heures. Je rendais un véritable service aux boîtes que je conseillais. Je n’avais pas de vie familiale. Heureusement, ma femme, elle, a pu sauver son job. Elle travaille dans une société de courtage. Elle nous permet de survivre. »

Habitant dans un quartier huppé de New York, ils ont déménagé depuis quelques mois. « Il ne faut pas avoir honte d’emménager dans un quartier moins chic. Dans la vie, il faut savoir tomber ».

Il est temps de faire des économies. Finis les costumes sur mesure à 3 000 dollars et les chaussures en peau de « croco ». Finies aussi les vacances au Bahamas à 10 000 dollars et les grosses voitures 4*4.

Depuis 8 ans, Craig a quand même mis un peu de côté ! « La seule chose que je souhaite aujourd’hui, c’est que les banques de dépôt ne fassent pas faillite. J’y conserve quand même quelques milliers de dollars ».

Il hésite aujourd’hui à se mettre à son compte avec quelques uns de ses anciens collègues qui sont exactement dans la même situation que lui. Le contexte n’est vraiment pas propice. Sans enfant, il se verrait bien tenter l’aventure loin de Wall Street : « C’était inimaginable il y a quelques années ou même il y a quelques mois, nous avions le sentiment d’être le centre du monde. Nous vivons vraiment la fin d’une époque ».

Paul Monthe Septembre 2008

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