Depuis la fin du mois de mars, le sentiment des investisseurs s’est retourné. Après l’enthousiasme porté par la perspective d’une récession moins forte que prévue en Zone Euro et des résultats d’entreprises bien orientés, une nouvelle période de réduction du risque s’est ouverte. La « macro » n’envoie plus de signaux positifs depuis deux mois. Et la « micro » s’essouffle elle aussi. Autant d’éléments qui nous conduisent à rester prudents dans la construction de nos portefeuilles.
Plusieurs dossiers à risque et sujets d’incertitude ont ressurgi expliquant la rechute brutale des indices boursiers, en particulier en Europe. Cela a commencé avec la situation économique de l’Espagne moins bonne que prévu. La lune de miel entre le gouvernement espagnol et les marchés financiers s’est achevée dès les premiers retards dans la mise en œuvre du plan d’austérité. Au même moment, la contraction de l’activité est apparue plus forte qu’anticipé par les économistes, conduisant un temps le marché à envisager un scénario « à la grecque », avec un plan de sauvetage conjoint de l’Union européenne, du FMI et de la BCE.
Peu après l’Espagne, la tragédie grecque a ouvert un nouveau chapitre. Les élections législatives ont fait la part belle aux extrêmes, sans apporter de réelle majorité de gouvernement. L’annonce récente de nouvelles élections pour la mi-juin ouvre une longue période d’incertitudes. La possibilité d’une sortie de la Zone Euro est clairement posée, La question est de savoir quand et comment celle-ci peut être réalisée. Il est aujourd’hui très difficile d’en évaluer les conséquences, qu’en tant que gérant nous ne devons sous-estimer. Si un tel événement devait survenir à brève échéance (moins d’un an) et de manière désordonnée, le marché anticiperait aussitôt un effet domino aux autres maillons faibles de la zone euro (Portugal, Espagne en tête).
D’ici là, les investisseurs vont devoir suivre la reformation du couple franco-allemand, avec un nouveau Président de la République française cherchant également à promouvoir la croissance économique, et une chancelière allemande fragilisée par des élections régionales qui lui sont défavorables mais toujours arcboutée derrière l’austérité. Toute dissension trop grande entre les deux partenaires pourrait être une source de volatilité des indices boursiers.
En un mot, les marchés, tributaires des décisions politiques, privilégient depuis plusieurs semaines les actifs peu risqués, et sanctionnent toute déception, qu’elle soit d’ordre macro-économique ou micro-économique.
En termes d’allocations d’actifs, nos portefeuilles sont prudemment exposés aux actions. Le thème de la croissance visible privilégié dans le fondsSycomore Twenty, affiche une belle surperformance, traduisant l’attrait intact pour les valeurs de qualité offrant une bonne visibilité sur la croissance des résultats futurs.
Les fonds d’allocation (Sycomore Partners, Sycomore Allocation Patrimoine) réduisent depuis deux mois leur exposition au risque (actions, high yield, crédit en Europe et aux Etats-Unis) en cherchant à protéger les gains acquis en début d’année. Les fonds restent ainsi largement en territoire positif tandis que les marchés poursuivent leur recul.
Notre stratégie d’investissement est d’attendre la fin du repli actuel des marchés financiers avant d’entreprendre le renforcement de nos positions sur des actifs à risque. L’exposition aux marchés émergents est maintenue et affiche une belle surperformance (hausse de 6,6% du fondsSynergy Emerging Markets). Celle-ci s’explique par le dynamisme confirmé de ces économies, même si apparaissent ça et là des interrogations sur sa vigueur.
Pour la seconde partie de l’année, nous pensons que la poche émergente de nos portefeuilles continuera d’afficher une surperformance significative, au regard de la capacité de rebond de ces économies et des efforts mis en œuvre pour éviter tout « hard landing ».
En cas de stress important sur les marchés financiers, il ne faut pas écarter la possibilité d’une nouvelle intervention des banques centrales. Depuis deux ans, on observe que les phases de rebond les plus significatives ont coïncidé avec des décisions importantes des autorités monétaires. Cependant, elles tendent à intervenir en dernier recours quand le « stress » est fort sur le marché. Ces dernières disposent d’un levier d’action plus fort que les politiques, qui ont perdu en crédibilité.