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Les investisseurs s’engagent pour le climat

Jean-Pierre Menanteau, directeur général du groupe Humanis décrypte les enjeux de la COP21 pour les acteurs du monde de la finance et de l’assurance. Pour parvenir à la réduction effective des émissions, deux questions clés doivent être traitées par la Conférence de Paris : la contribution financière pour des projets de lutte contre le changement climatique et le prix du carbone.

La finance et l’assurance ont un rôle crucial à jouer en mobilisant leurs fondamentaux uniques et sans équivalent : mettre en oeuvre les outils inspirant la confiance qui permettent de s’affranchir de l’espace et du temps, pour rendre possible la prise de risque dans des projets de développement intégral au service de l’aventure humaine et assurer la protection des personnes et des biens par la mutualisation des risques. Les acteurs financiers ont aussi la capacité de financer directement des réductions de gaz à effet de serre par exemple grâce aux obligations vertes.

Pour préparer la conférence de Paris sur le climat, appelée aussi COP21, le secteur de la finance et de l’assurance se mobilise. On est loin de la solitude de quelques acteurs financiers du sommet de Johannesburg il y a une quinzaine d’années. Il en va d’abord et avant tout de la qualité des investissements à moyen et long terme, comme l’a déclaré Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre, « le changement climatique est une menace majeure pour la stabilité des marchés financiers mondiaux ».

Le monde de la finance et de l’assurance s’engage donc notamment à mesurer les émissions de CO2 liées à ses investissements, à travers l’engagement carbone de Montréal, et à prendre en compte l’efficience énergétique de ses investissements (Engagement pour l’Efficience Energétique). Il se fixe surtout une obligation de résultat afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Il lui restera aussi à accompagner dans la durée les investissements d’adaptation nécessaires à un monde dans lequel, par exemple, l’année caniculaire de 2003 en France deviendrait la norme dans la seconde moitié du XXIème siècle.

Lutter pour limiter est urgent, anticiper pour s’adapter à une nouvelle expérience climatique dans l’histoire humaine est indispensable.

Limiter la hausse de température

L’objectif de Conférence de Paris - la 21ème réunion annuelle de tous les pays du monde pour lutter contre le changement climatique - est de définir des objectifs communs et des moyens coordonnés pour réduire collectivement les émissions de gaz à effet de serre. Il ne sert en effet à rien de réduire ces émissions dans un pays si le pays voisin émet, dans le même temps, deux fois plus de CO2 dans l’atmosphère.

Les engagements demandés à chaque pays sont volontaristes : ils devraient permettre de limiter la hausse de température en deçà de ce que prévoient les programmes à ce jour, sans empêcher pour autant un bouleversement climatique.

En 2009, la situation était simple : les pays riches s’opposaient aux autres pays. En 2015, le monde a profondément changé notamment du fait des BRICS et des impacts financiers, géopolitiques et culturels de la très grande crise financière de 2008. Les positions sont multiples entre la majorité des pays développés (responsables du stock d’émissions), les trois principaux émergents (dont la Chine qui représente 25 % des émissions annuelles), les pays vulnérables (Etats insulaires des océans Pacifiques et Indiens, Bangladesh, Pays-Bas), les pays potentiellement gagnants du réchauffement (Canada, Russie) et les pays dépendants de l’exportation de ressources fossiles.

Deux questions clés pour le monde de la finance : la contribution financière et le prix du carbone

Pour parvenir à la réduction effective des émissions sans freins liés aux effets frontières, deux questions clés doivent être traitées par la Conférence de Paris : la contribution financière pour des projets de lutte contre le changement climatique et le prix du carbone.

Le montant de 100 milliards d’euros de contribution financière annuelle a déjà été annoncé pendant les négociations. Mais, il reste à savoir dans quelle mesure il s’agit d’une réorientation de l’aide au développement ou bien d’une contribution supplémentaire.

La fixation d’un prix du carbone rencontre, quant à elle, la résistance de certains pays, notamment les pays émergents. Ils ne veulent pas subir un prix du carbone qui rendrait soudainement leurs infrastructures énergétiques non rentables.

De plus, la surabondance de quotas d’émissions, assimilables à des subventions, octroyées par les Etats à leurs industries polluantes, a engendré par le passé un déséquilibre de marché qui a tiré les prixvers le bas et, incidemment, ouvert la porte à diverses manipulations des prix. Ces expériences malheureuses du marché du carbone européen montrent bien l’importance de s’entendre sur l’objectif du prix du carbone, avant d’envisager des moyens d’application comme la taxe carbone ou le marché de quotas.

En même temps, la finance et l’assurance ont un rôle crucial à jouer en mobilisant leurs fondamentaux uniques et sans équivalent : mettre en oeuvre les outils inspirant la confiance qui permettent de s’affranchir de l’espace et du temps, pour rendre possible la prise de risque dans des projets de développement intégral au service de l’aventure humaine et assurer la protection des personnes et des biens par la mutualisation des risques.

Un fonds obligations vertes, véritable outil de décarbonation des portefeuilles.

Face aux enjeux d’une planète et d’une communauté humaine en transition écologique fulgurante, il est de l’intérêt des investisseurs de contribuer effectivement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre par un engagement actionnarial portant nonseulement sur la transparence et la communication, mais surtout sur la performance et les résultats concrets.

Les acteurs financiers ont aussi la capacité de financer directement des réductions de gaz à effet de serre par exemple grâce aux obligations vertes. Un fonds en obligations vertes doit ainsi être un véritable outil de décarbonation des portefeuilles permettant de connaître combien de milliers de tonnes de CO2 sont évitées pour chaque million d’euro investi.

Protégeant 10 millions de personnes en retraite, santé, prévoyance et épargne dans une optique à long terme à but non lucratif, animé par les valeurs du paritarisme et du mutualisme, développant une politique d’investisseur socialement responsable depuis plusieurs années, Humanis s’inscrit naturellement dans le mouvement de mobilisation des acteurs de la finance et de l’assurance, dans le cadre de sa politique globale de développement durable.

Par ses engagements, Humanis souhaite démontrer que toutes les entreprises et tous les investisseurs, quelle que soit leur taille, peuvent contribuer activement à la lutte contre le changement climatique et au financement d’une transition écologique et humaine, sur fond de transition technologique tout aussi fulgurante.

Jean-Pierre Menanteau Novembre 2015

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