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Les marchés boursiers veulent croire en de meilleurs lendemains

Lundi 9 novembre, l’annonce par Pfizer [1] d’un possible vaccin a provoqué une envolée du CAC 40 qui a bondi au-dessus des 5 300 points. Les indices boursiers montraient déjà une étonnante résilience dans un climat objectivement marqué par de mauvaises nouvelles.

La rupture du seuil des 4 800 points sur le CAC 40 consécutive au reconfinement - qui constituait un support important et solide depuis plusieurs mois - n’a pas pour autant généré d’importants flux vendeurs.

Depuis plusieurs mois, l’économie n’est plus au cœur des préoccupations des investisseurs, étant donné que chaque cycle de détérioration de l’activité est compensé par de nouvelles mesures de soutien budgétaire et monétaire. Seule une réponse épidémiologique, notamment au travers de l’élaboration d’un vaccin, était attendue et l’annonce de Pfizer constitue en ce sens une excellente nouvelle. Pour autant, trouver un vaccin ne signifie pas nécessairement un retour à la normale, ni la disparition du Covid-19. Il semblerait effectivement qu’il soit nécessaire d’intervenir sur la moitié de la population mondiale (soit plus de 3 milliards de personnes) pour éradiquer la pandémie. Trouver un vaccin ne permet pas non plus de rattraper la croissance potentielle qui a été détruite. Mais cependant, compte tenu des avancés en la matière, des possibilités de vaccination à grande échelle pourraient être envisagées pour le milieu de l’année prochaine.

Cette confiance dans un futur vaccin avait déjà permis aux marchés d’encaisser l’annonce d’un reconfinement qu’ils n’avaient pas anticipé et l’élection de Joe Biden à la Présidence des Etats-Unis, qui ne représentait pas le scenario idéal pour un plan de relance massif susceptible d’être rapidement mis en place. « Admettons que si un tel scénario avait été présenté il y a quelques semaines, la conclusion logique eut été une baisse plus marquée des marchés » estime Jean-Jacques Friedman, Directeur des investissements chez Natixis Wealth Management. « D’un point de vue factuel, nous pouvons néanmoins préciser que le terme « confinement » recouvre aujourd’hui une réalité bien différente de la situation du printemps dernier. Par ailleurs, même si Donald Trump conteste l’élection de son rival, la probabilité d’un recours qui retarderait l’installation de la nouvelle administration et la mise en place des mesures de soutien budgétaire est très faible » conclut-il.

La liquidité : un facteur de soutien majeur

Le facteur de soutien reste toujours le même. Les liquidités abondent dans un environnement de taux historiquement bas. « Les investisseurs ont bien intégré le fait que les Etats sont prêts à mettre en place des politiques budgétaires nécessaires à la relance de l’économie et que les banques centrales agissent sur le mode du «  whatever it takes [2] » précise Jean-Jacques Friedman. Et cela sachant que « les niveaux de dettes des Etats exigeront des taux d’intérêt durablement bas, qui induiront des modalités de remboursement particulièrement souples ».

Comme le montre la réaction des marchés aux annonces de Pfizer, le véritable catalyseur des marchés demeure le traitement de la situation épidémiologique. Si la perspective d’un protocole de vaccination se confirme, elle se traduira par une reprise plus marquée de l’économie, alors que les soutiens budgétaires et monétaires seront conservés pendant encore plusieurs trimestres. Selon Jean-Jacques Friedman, « la Bourse semble désormais jouer le scenario d’une sortie de crise sanitaire, avec l’appui financier des Etats et la commercialisation d’un vaccin d’ici à la mi-2021 ».

Des anticipations négatives en grande partie intégrées par les marchés financiers

Outre-Atlantique, les opérateurs devraient scruter de près les mesures prises par le nouveau président des Etats-Unis pour redynamiser son économie. Pour l’heure, à l’exception de la Chine, la santé des grandes puissances se dégrade. En Europe, le PIB devrait chuter de 8 à 9 % cette année. Les analystes financiers ont ainsi continué à revoir à la baisse leurs anticipations de bénéfices (- 34 % pour 2020 pour les entreprises de l’indice européen Stoxx 600). Selon les prévisions de plusieurs banques anglo-saxonnes, il faudra même attendre 2022 voire 2023 pour dépasser le simple niveau d’activité de l’année dernière. Toutefois, comme le souligne Jean-Jacques Friedman, « ces chiffres sont déjà en grande partie intégrés dans les cours de Bourse. Le marché a choisi de voir que ce confinement pourrait être plus long que le précédent, mais surtout moins fort. Les nouvelles directives sont en effet plus souples et donc moins pénalisantes pour les entreprises, ce qui pourrait même laisser entrevoir un début de rebond de l’activité dès le début de 2021 ».

Une prime de risque favorable pour les actions

Par ailleurs, la faiblesse durable des taux d’intérêts incite les investisseurs à se montrer opportunistes. Tel que le rappelle Jean-Jacques Friedman « les multiples de valorisation classiques comme les PER [3] restent sur une moyenne historique, alors que le rapport entre rendements obligataires (revenus autour de 0) et dividendes actions (qui avoisinent toujours les 3 %) s’est totalement inversé. Cela signifie que les actions devraient apparaître durablement attractives aux yeux des investisseurs ». Comme après toute crise, le niveau de croissance potentielle - au-delà des plans à venir - s’est certes réduit et dans plusieurs secteurs d’activité, des entreprises connaîtront des défauts. Mais pour celles qui sont en mesure de défendre leur position et leur capacité bénéficiaire, leur potentiel de rentabilité devrait donc être encore réévalué dans leurs cours de Bourse. C’est pourquoi la stratégie d’investissement de Natixis Wealth Management reste toujours orientée vers des business model de qualité d’entreprises bénéficiant de taux de marge élevés et de fortes barrières à l’entrée. Ces entreprises exercent leur activité dans des secteurs tels que le luxe, la consommation, la construction ou la technologie, mais également - du fait de la bonne tenue de l’Asie - dans certaines activités industrielles plus cycliques et exportatrices sur cette zone. Le point important à retenir ici est qu’une plus grande proportion de titres de la cote se réinscrit dans une tendance haussière, et pas uniquement les valeurs qui bénéficiaient directement du confinement. Cette fin d’une extrême polarisation constituait effectivement un préalable à la rupture de la longue phase de consolidation observée depuis le printemps.

Jean-Jacques Friedman Novembre 2020

Notes

[1] une société pharmaceutique américaine.

[2] « quoi qu’il en coûte ».

[3] Price Earning Ratio.

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