Cette performance a été favorisée par la réouverture de la Chine, les signes de stabilisation de l’inflation (qui donnent aux banques centrales l’occasion de réduire leur politique monétaire agressive) et la croissance mondiale qui a mieux résisté que prévu. La poursuite de la baisse du dollar américain a également contribué à atténuer la pression sur les matières premières. Il est toutefois important de garder à l’esprit que les économistes n’ont jamais été aussi pessimistes à l’égard de l’économie américaine, comme en témoigne l’enquête menée par la Banque de la Réserve fédérale de Philadelphie (Fed de Philadelphie) auprès de clients professionnels depuis 1969. L’effondrement actuel de l’industrie manufacturière et de l’immobilier, ainsi que l’inversion profonde de la courbe des taux, constituent un avertissement selon lequel la première économie mondiale sera confrontée à une récession en 2023. L’intensité de la récession dépendra de la vigueur persistante du marché du travail. Jusqu’à présent, les risques sont orientés vers un atterrissage en douceur plutôt que vers un ralentissement économique profond et prolongé.
Les métaux précieux ont enregistré les plus fortes hausses (+ 4,7 % le mois dernier) parmi les matières premières, l’or étant celui qui a le plus progressé, avec une hausse de 5,8 % sur le mois. Maintenant que les vents contraires macroéconomiques de 2022 pour l’or (politique monétaire stricte, dollar américain fort, rendements du Trésor américain en hausse) deviennent favorables au métal précieux (affaiblissement du dollar américain, pic de l’inflation américaine ouvrant la voie à une politique monétaire américaine modérée et à des rendements du Trésor américain plus faibles), nous pensons que le rallye actuel de l’or peut encore se poursuivre. La plupart des orateurs de la Réserve fédérale ont adopté un ton un peu moins belliqueux, un plus grand nombre d’entre eux évoquant une nouvelle réduction des hausses de taux à 0,25 % et la vice-présidente de la Fed, Mme Brainard, envoyant un message plus pondéré pour garantir que la politique monétaire reste suffisamment restrictive même si le rythme des hausses de taux ralentit.
Les métaux industriels ont progressé de 3,7 % le mois dernier, prolongeant ainsi leur reprise prononcée au cours des six derniers mois, qui s’élève désormais à 22 %. Il reste à voir si, et dans quelle mesure, l’activité manufacturière s’améliore en Chine dans les mois à venir, mais l’assouplissement des mesures de confinement devrait faire évoluer les choses dans le bon sens. Nous restons optimistes quant à l’impact de la transition énergétique sur les métaux industriels cette année. La loi sur la réduction de l’inflation aux États-Unis l’année dernière est considérée comme monumentale par beaucoup, car elle signifie que la transition énergétique est devenue synonyme d’indépendance énergétique. L’abandon des combustibles fossiles au profit des technologies vertes est de bon augure pour les perspectives de la demande de métaux industriels.
Les matières premières agricoles ont augmenté de 1,4 % le mois dernier, soutenues par les céréales. Les perspectives fondamentales du maïs et du soja se sont améliorées pour l’année, tandis que les matières premières " douces". Parmi celles-ci, le cacao et le coton ont fait figure d’exception en affichant des rendements plus élevés au cours du mois dernier, l’offre étant restée plus restreinte que prévu.
L’énergie est restée à la traîne. Les prix du gaz naturel américain ont baissé de 51 %, tandis que les prix du pétrole brut Brent et WTI se sont redressés au cours du mois dernier, mais le chemin a été tortueux.
Tous les gains réalisés par les prix du pétrole brut Brent et WTI entre la mi-décembre et la fin décembre ont été perdus au cours de la première semaine de 2023, mais ils ont été récupérés au cours de la deuxième semaine de l’année. Les prix du Brent et du WTI ont augmenté de près de 6 % au cours du mois considéré. Les dernières prévisions de l’OPEP concernant la demande restent prudentes, bien que la réouverture de la Chine soit susceptible de stimuler la demande. Cela pourrait indiquer que le consortium s’apprête à limiter l’offre en procédant à de nouvelles réductions.
La raison de la chute brutale des prix du gaz naturel réside dans les hivers anormalement chauds, tant aux États-Unis qu’en Europe. L’Europe a fait un effort conscient pour combler ses réserves en hiver et réduire sa demande d’énergie, avec un objectif convenu par l’Union européenne de réduire la demande de gaz de 15 % entre août 2022 et mars 2023.