Les actions surperformeront les obligations et le monétaire
Selon Robert C. Doll, Stratégiste en chef de la gestion actions fondamentale chez BlackRock, les actions américaines enregistreront une performance à deux chiffres pour la troisième année consécutive en 2011, et ce, pour la première fois en plus de dix ans.
Selon lui, les actifs risqués en général et les actions en particulier s’apprécieront en 2011 en raison d’une amélioration continue de la croissance économique aux États, d’une plus grande confiance des chefs d’entreprise et des ménages et de l’attitude moins hostile des marchés de capitaux à l’égard de Washington. « L’indice S&P 500 devrait clôturer l’année 2011 au-dessus des 1 350 points, soit une croissance au moins similaire à celle des résultats », déclare M. Doll. Le vendredi 31 décembre 2010, l’indice S&P 500 a clôturé à 1 257 points, soit une hausse de plus de 15% sur l’année 2010. « Selon nous, les marchés d’actions devraient enregistrer en 2011 des performances assez similaires à celles de 2010 », ajoute M. Doll. « La seule différence est que nos prévisions pourraient être davantage revues à la hausse qu’en 2010. »
Parmi les facteurs propices à une hausse, on retrouvera une accélération des créations d’emploi, une accélération du PIB réel supérieure aux prévisions, l’annonce de résultats meilleurs que prévu (comme en 2010) et le fait que l’administration américaine décide de résoudre les problèmes liés au déficit budgétaire et à la dette publique.
A l’inverse, parmi les facteurs de baisse, on peut envisager un nouveau rebondissement de la crise du crédit (due à l’incapacité des ménages américains à et de certains États souverains à honorer leur dette), l’impact de la hausse du prix des matières premières sur les marges des entreprises, les craintes inflationnistes, une hausse plus forte que prévu des taux d’intérêt, l’adoption par certains pays émergents d’une politique trop restrictive pour éviter un risque de bulle, et l’adoption de mesures protectionnistes afin de limiter l’appréciation des devises et les mouvements de capitaux.
M. Doll estime en outre que les marchés d’actions ont connu une hausse excessive et trop rapide (entre la mi-août, date à laquelle elles ont atteint un plancher, et la fin de l’année 2010, les actions américaines ont gagné plus de 20%). ll craint en effet que les performances exceptionnellement élevées des derniers mois de 2010 aient en fait été générées par anticipation de celles qui seront réalisées en 2011 ».
En 2011, le PIB américain atteindra un record historique en termes réels
Depuis plus de dix ans, M. Doll publie au début de chaque année ses « 10 prévisions » sur l’évolution des marchés financiers et de l’économie pour l’année à venir.
Selon lui, la reprise se poursuivra en 2011, mais l’activité économique continuera d’augmenter à un rythme plus lent que son taux de croissance potentiel en raison des problèmes structurels auxquels restent confrontés la plupart des pays développés.
« Aux États-Unis, bien que l’économie continue de se redresser à un rythme inférieur à son taux de croissance potentiel, le PIB atteindra un nouveau record historique en termes réels durant le premier semestre 2011 », déclare M. Doll. Selon lui, la demande finale augmentera de 4% en 2011 en termes réels, contre environ 2% en 2010, l’impact des mesures de relance adoptées par les pouvoirs publics et de la reconstitution des stocks se réduisant. « La bonne nouvelle », affirme-t-il, « est qu’une croissance de cet ordre est plus durable et donc de « meilleure qualité » ». « Le fait que le PIB atteigne un nouveau record historique signifie également que l’économie sera entrée dans une « vraie » phase d’expansion », déclare-t-il.
Dans ces conditions, la Réserve fédérale ne devrait pas relever ses taux d’intérêt en 2011. « À notre avis, la Fed maintiendra ses taux à un niveau proche de zéro tout au long de l’année, mais la courbe des futures pourrait, en fin d’année, commencer à intégrer une hausse », précise M. Doll.
Le taux de chômage devrait baisser à 9%
Les créations d’emploi accélèreront au fil des mois, et le taux de chômage devrait baisser à environ 9%, contre 9,8% actuellement. M. Doll explique ce phénomène par « la dissipation des incertitudes liées à la suppression des allégements fiscaux décrétés par l’Administration Bush et des inquiétudes concernant une récession à double creux, et un regain de confiance ». « En 2011, la baisse du chômage devrait coïncider, comme cela est traditionnellement le cas, avec une forte progression des marchés », affirme M. Doll. Selon lui, « les marchés d’actions réalisent habituellement les gains les plus conséquents lorsque les taux de chômage retombent après avoir atteint un niveau élevé ».
Les actions devraient surperformer les obligations et le monétaire
Tout comme en 2010, les actions surperformeront les obligations comme le monétaire en 2011,
selon M. Doll. « Les actions ont devancé les obligations au quatrième trimestre 2010 et devraient continuer sur leur lancée en 2011 », déclare M. Doll. « Les taux d’intérêt pourraient augmenter en réponse à une
accélération de la croissance économique et des créations d’emploi, un redressement des
investissements, un ralentissement des flux obligataires et une atténuation des craintes
déflationnistes ».
L’activité économique continuant de se redresser à un rythme inférieur à son taux de croissance
potentiel, la Réserve fédérale continuera vraisemblablement de mener une politique
expansionniste et la pentification de la courbe des rendements devrait par conséquent s’accentuer,
selon M. Doll. Les actions devraient remplacer les obligations en tant que classe d’actifs privilégiée,
aussi bien pour leur potentiel d’appréciation qu’en termes de flux.
Les marchés américains devraient continuer de figurer parmi les plus dynamiques
Déjouant les prévisions de nombreux analystes, les États-Unis ont été l’un des marchés les plus dynamiques de la planète, et les actions américaines ont surperformé l’indice MSCI World en 2010 et d’après M. Doll, ce scénario se répétera en 2011. « La solidité des bilans et l’ampleur des cash-flows disponibles se traduiront vraisemblablement par une nette augmentation des dividendes, des rachats d’actions, des opérations de fusion-acquisition et de l’investissement productif » déclare-t-il. « Les entreprises rentables présentant des perspectives de croissance prometteuses devraient surperformer. »
En 2011, les différences entre les marchés développés et les marchés émergents devraient s’estomper, selon M. Doll. « L’écart entre les taux de croissance (plus élevés) des pays émergents et ceux des pays développés devrait légèrement se réduire en 2011, et la disparité des performances des actions devrait par conséquent continuer de diminuer.
Prévisions pour l’année 2011
Vous trouverez ci-dessous les prévisions détaillées de M. Doll concernant les principales tendances de l’année 2011.
1. La croissance économique américaine s’accélèrera, permettant ainsi au PIB américain
d’atteindre un nouveau record historique en termes réels
La croissance économique américaine devrait s’accélérer en 2011, mais surtout être de
meilleure qualité. En 2010, les mesures de relance des pouvoirs publics et la reconstitution des
stocks ont été les principaux moteurs de la croissance. En 2011, l’incidence de ces deux
facteurs diminuera mais sera compensée par une accélération de la demande finale, dont la
croissance passera d’environ 2% actuellement à près de 4%. Une croissance de cet ordre
serait plus saine pour l’économie et plus durable. En 2011, la croissance économique devrait
en outre être soutenue par une accélération de la masse monétaire, une courbe des
rendements plus pentue et un assouplissement des conditions de crédit. En termes nominaux,
le PIB américain a déjà atteint son plus haut niveau en 2010 et devrait également atteindre un
niveau inégalé en termes réels au premier semestre 2011. L’activité économique continuera
toutefois de croître à un rythme inférieur à son taux de croissance potentiel.
2. En 2011, l’économie américaine génèrera entre deux et trois millions d’emplois et le taux de
chômage retombera à 9%.
Les créations d’emploi devraient s’accélérer au fil des mois, provoquant tôt ou tard une baisse
du taux de chômage. L’économie américaine a créé plus d’un million d’emplois en 2010, mais
devrait en créer à un rythme deux fois plus rapide en 2011, selon nos prévisions. L’économie
américaine doit créer environ 125 000 emplois par mois pour compenser l’augmentation de la
population active, mais devrait en générer entre 175 000 et 250 000 par mois en 2011. « La
dissipation des incertitudes liées à la suppression aux allégements fiscaux décrétés par
l’Administration Bush et des inquiétudes concernant une récession à double creux, et un
regain de confiance devraient entraîner une hausse des embauches. Les indicateurs avancés
d’embauches, notamment le nombre d’heures ouvrées, la productivité, les premières
demandes d’allocation de chômage et la rentabilité laissent tous entrevoir une accélération des
créations d’emploi. Nous constatons avec intérêt que les entreprises sont en outre davantage
disposées à embaucher. Les marchés d’actions réalisent habituellement les gains les plus
conséquents lorsque les taux de chômage retombent après avoir atteint un niveau élevé.
3. Les actions américaines enregistreront une performance à deux chiffres pour la
troisième année consécutive, et ce pour la première fois depuis plus de dix ans, en
raison du niveau sans précédent atteint par les bénéfices.
Le marché d’actions n’avait plus réalisé un gain à deux chiffres durant trois années
consécutives depuis la fin des années 90. Selon nous, il pourrait à nouveau générer une
performance à deux chiffres en 2011. Les résultats devraient continuer d’augmenter à un
rythme plus rapide que l’activité économique, les actions sont relativement bon marché et la
confiance s’améliore. L’indice S&P 500 devrait clôturer à un niveau minimum de 1 350 points
en 2011, en ligne avec nos prévisions en termes de croissance bénéficiaire. En fait, alors
qu’en 2010 nos prévisions risquaient d’être revues à la baisse, en 2011, notre scenario est
davantage susceptible d’être revu à la hausse. Par conséquent, notre objectif de 1 350 points
pourrait se révéler trop prudent. Si la confiance des chefs d’entreprise et celle des ménages
continuent de s’améliorer, la crise du crédit reste gérable et les pouvoirs publics continuent
d’adopter des mesures relativement favorables aux marchés de capitaux, les valorisations
pourraient connaître une amélioration plus significative et les cours pourraient par conséquent
atteindre un niveau encore plus élevé. Les résultats d’exploitation par action des entreprises
composant l’indice S&P 500 ont atteint un pic historique de 91,47 dollars en juin 2007, et
devraient, à notre avis, dépasser ce niveau vers le milieu de l’année 2011. Les prévisions de
croissance bénéficiaire ont été révisées à la baisse au milieu de l’année 2010, mais ont
recommencé à être révisées à la hausse ces derniers mois.
4. Les actions surperformeront les obligations et le monétaire
Bien que les actions aient surperformé les obligations et le monétaire en 2010, elles n’ont
commencé à devancer les obligations qu’au quatrième trimestre 2010. Les conditions actuelles
devraient perdurer en 2011. À supposer que les actions génèrent une performance positive en
2011, elles devraient surperformer le monétaire, car les taux d’intérêt à court terme (et le
rendement des produits monétaires) restent très proches de zéro. La question la plus
importante est de savoir comment évolueront les obligations, mais les taux d’intérêt devraient
augmenter en réponse à une accélération de la croissance économique et des embauches, un
redressement de l’investissement productif, un ralentissement des flux obligataires et une
diminution des craintes déflationnistes. Actuellement, le rendement des résultats des
entreprises inclues dans l’indice S&P 500 reste largement supérieur au rendement des
obligations d’entreprise notées BAA par Moody’s, mais si, comme nous l’anticipons, les actions
surperforment les obligations, cet écart devrait légèrement se réduire en 2011.
5. Le marché d’actions américain surperformera l’indice MSCI World
Avant 2010, l’indice MSCI World avait surperformé les actions américaines durant plusieurs
années consécutives. Contrairement à ce que prévoyaient nombre d’analystes, cette période a
pris fin l’an dernier et en 2010 les actions américaines ont devancé l’indice MSCI World de
près de 400 points de base. Elles devraient à nouveau surperformer cet indice en 2011, en
réponse, notamment, au stimulus budgétaire et monétaire plus important dont bénéficie
l’économie américaine, à son avance en termes d’innovation et à une progression attendue
plus significative des résultats aux États-Unis que dans le reste du monde. Les économies
émergentes devraient elles aussi être dynamiques, mais l’écart entre leur croissance et celle
des économies développées devrait se réduire en 2011 (contribuant ainsi à une appréciation
relative des actions américaines). S’agissant des autres marchés, l’Europe continuera de pâtir
de la crise du crédit et de celle la dette souveraine et le Japon d’une croissance toujours
anémique.
6. Les États-Unis, l’Allemagne et le Brésil surperformeront le Japon, l’Espagne et la Chine.
L’allocation géographique a joué un rôle déterminant dans la performance globale des
portefeuilles en 2010, et ce devrait à nouveau être le cas en 2011. Nous privilégions les pays
dont l’économie s’accélère et où un dérapage inflationniste apparaît peu probable. Nous
préférons également éviter les pays fortement exposés au risque de crédit. Selon nos
prévisions, un panier d’actions américaines, allemandes et brésiliennes devraient surperformer
un panier d’actions japonaises, espagnoles et chinoises. Comme nous l’indiquons dans notre
cinquième prévision, plusieurs facteurs nous incitent à préférer les actions américaines,
notamment l’amélioration de la croissance sur le plan qualitatif et quantitatif. La production
industrielle et les exportations de l’Allemagne sont dynamiques et le Brésil bénéficie du
développement rapide d’une classe moyenne et de la vigueur de la demande des ménages. Le
Japon pâtit en revanche d’une croissance toujours anémique et l’Espagne de la fragilité de son
système bancaire et de la réticence persistante des banques à octroyer des crédits. En Chine,
la croissance économique devrait rester élevée, mais les autorités continuent d’adopter des
mesures visant à juguler l’inflation, et la performance de ce marché devrait en pâtir.
7. Les matières premières et les monnaies émergentes surperformeront un panier composé du
dollar, de l’euro et du yen.
Si la croissance mondiale reste raisonnablement élevée (comme en 2010), les prix des
matières premières devraient augmenter en 2011. Celui du baril de brut pourrait dépasser 100
dollars en raison d’une amélioration de la conjoncture macroéconomique et de la poursuite de
la diminution des stocks. En outre, l’or étant « la seule devise sans dette », les prix du métal
jaune devraient augmenter en 2011 (quoiqu’à un rythme plus lent et de façon plus erratique
qu’au cours des deux dernières années). Les matières premières industrielles, à l’image du
cuivre, devraient de surcroît bénéficier de la pérennité de la croissance mondiale et de
l’urbanisation des pays émergents. Comme nous l’indiquons plus haut, le différentiel de
croissance entre les pays émergents et les pays développés devrait se réduire en 2011, mais
nous continuons de préférer les monnaies émergentes à un panier composé du dollar, de
l’euro et du yen.
8. La solidité des bilans et l’ampleur des cash-flows disponibles se traduiront vraisemblablement par une nette augmentation des dividendes, des rachats d’actions, des opérations de fusion-acquisition et des investissements. Les entreprises américaines se portent très bien. Leurs bilans sont sains et elles génèrent un cash-flow disponible élevé. Dans ces conditions, les opérations de fusion-acquisition et les réinvestissements ont fortement augmenté en 2010, et en 2011 les dividendes, les rachats d’actions, les opérations de fusion-acquisition et les investissements devraient, à notre avis, connaître une croissance à deux chiffres. Cette prévision ne pourra toutefois se réaliser sans un regain de confiance des chefs d’entreprise, mais la fin de l’année 2010 nous a déjà donné des preuves tangibles d’une telle embellie. La croissance du PIB américain pourrait en outre revêtir un caractère plus équilibré et devrait être plus durable si les entreprises américaines décidaient de mettre à profit leur trésorerie, qui représente au total plus de 2 000 milliards de dollars.
9. Les investisseurs délaisseront les obligations au profit des actions.
Si l’économie et les marchés évoluent comme nous le pensons, les flux drainés par les
obligations devraient ralentir en 2011 au profit de ceux drainés par les actions, alors que c’était
l’inverse qui prévalait depuis des années. En fait, ce repositionnement s’est amorcé au
quatrième trimestre 2010 alors même que les actions commençaient à largement surperformer
les obligations. Les flux d’investissement ont tendance à évoluer dans le sillage des cours, et
2011 devrait coïncider avec un ralentissement marqué des flux drainés par les fonds
obligataires au profit des fonds actions. La méfiance inspirée par les actions ces deux
dernières années contraste avec la convoitise dont elles faisaient l’objet à la fin des années 90.
10. Une pléthore de candidats républicains devrait briguer la présidence en 2012 et M. B.
Obama continuera de se repositionner vers le centre.
La durée de la campagne électorale semble augmenter avant chaque scrutin et la liste des
candidats potentiels à la présidence apparaît déjà longue. Bien qu’il soit impossible de savoir à
ce stade qui se portera candidat, de nombreuses personnes déclareront leur intention de
briguer la présidence en 2011. En attendant, après l’échec cuisant du parti démocrate (dont
est issu M. Obama) en novembre 2010, celui-ci devrait continuer de se repositionner vers le
centre en tentant d’adopter des mesures davantage favorables aux milieux d’affaires et aux
marchés de capitaux. L’issue des élections dépendra manifestement des indépendants et le
Président devra bénéficier d’un soutien plus important de leur part pour espérer être réélu.