Je suis depuis longtemps convaincu que nous vivons dans un monde de stratégie d’investissement de type « momentum ». Les investisseurs ne réussissent pas à anticiper les points d’inflexion et ils poursuivent l’inflexion une fois qu’elle est survenue. Ceci se reflète dans le temps que perdent les investisseurs d’un trimestre à l’autre, ils se concentrent sur les bénéfices par action pour déterminer les perspectives d’une société.
Il s’agit là d’une tendance affreuse qui a vu le jour aux Etats-Unis. Il est essentiel selon moi, pour obtenir un avantage concurrentiel, d’ignorer cet élément et de se concentrer sur ce qui compte vraiment à savoir, les flux de trésorerie : les liquidités seront toujours connues, tout comme les valorisations.
L’année 2014 nous a également rappelé pourquoi je préfère ne détenir les titres des banques européennes qu’à court terme. Le secteur est un investissement décevant depuis le début des années 90 et se maintient dans un marché baissier structurel, subissant des reprises importantes et de courte durée.
En ce qui concerne les opportunités en 2015, les grandes capitalisations offrent les meilleures perspectives en Europe et les investisseurs sont prêts à payer un prix élevé pour des sociétés de qualité qu’ils considèrent comme une meilleure source de revenu sécurisée.
Au niveau sectoriel, notre engagement reconnu et bien souvent contrariant envers le secteur pharmaceutique reste inchangé alors que les « voitures intelligentes » font partie de nos thèmes depuis désormais deux ans.
Au cours des derniers mois, nous avons remarqué une baisse importante sur le secteur des télécommunications et des services publics, deux secteurs potentiellement sources d’opportunités en 2015. Les spéculations en termes de fusions et acquisitions ont alimenté la reprise sur le secteur des télécommunications européennes et nous nous attendons à de nouvelles consolidations à l’avenir. Le secteur des services publics est poussé par le delta, le taux de changement que nous enregistrons dans l’industrie. Nous nous concentrons principalement sur l’Allemagne où les bilans sont en progression et les turbulences politiques s’atténuent.
L’Europe reste le bouc émissaire mondial : l’économie est dans un état lamentable, les hommes politiques sont dysfonctionnels (un problème mondial) et les marchés financiers présentent de nombreuses failles. Je préfère mettre l’accent sur l’environnement micro-économique et identifier les secteurs attractifs et les opportunités sectorielles plutôt que de tenir compte des événements géopolitiques sur lesquels nous n’avons aucune influence et qui pourraient, ou non, avoir de l’importance.
Le marché haussier commence à sembler excessif en Europe et sans une augmentation de la croissance des revenus entrainant une hausse des bénéfices, toute progression des marchés actions ne pourra que provenir de l’accroissement des ratios PER. Les activités de fusions/acquisitions devraient rester une priorité et pourraient bien s’accélérer.
A court terme, l’incertitude des investisseurs s’est renforcée, le marché reste schizophrénique et la déflation reste un danger bien présent et réel. La Banque Centrale Européenne cherche clairement à soutenir la zone Euro et nous avons vu en 2012 qu’une telle action pouvait avoir des conséquences très favorables. Les actions étaient toutefois meilleur marché à l’époque et le cycle moins avancé.
La volatilité pourrait se reprendre de façon significative en 2015 et les investisseurs devraient se préparer à faire face à une période difficile sur les marchés. C’est pour cette raison que la sélection des valeurs est importante. Nous pouvons, grâce à une bonne compréhension des points forts et des points faibles d’une société, mieux nous positionner que le marché global dans des périodes favorables comme difficiles.