Depuis plus d’un an, les actions européennes sont régulièrement citées comme des actifs à privilégier dans le cadre d’une stratégie d’investissement diversifiée. Les arguments allant en ce sens sont nombreux : les valorisations des actions européennes ne sont pas excessives, la croissance accélère en zone euro et la politique monétaire de la BCE reste extrêmement accommodante. A contrario, les actions américaines sont réputées chères, la croissance américaine est au-dessus de son potentiel de long terme et la Fed est engagée dans un cycle de remontée de ses taux directeurs. Les marchés européens semblent donc clairement en mesure de surperformer les marchés américains.
Le marché américain reste central
Pourtant, malgré ce contexte porteur, les actions européennes peinent à se distinguer de leurs homologues américaines. Les performances de l’année 2017 l’ont montré : sur l’ensemble de l’année, les grands indices américains ont réalisé une performance globalement semblable à celle des actions européennes en tenant compte des variations de change euro-dollar.
La récente correction que les marchés actions ont connue au début du mois de février a non seulement illustré une nouvelle fois cette idée, mais a également rappelé la forte dépendance des marchés européens vis-à-vis de Wall Street. Le marché européen a même baissé dans des proportions plus importantes que le marché américain. Cela confirme que la structure des marchés actions européens est moins efficiente que celle des marchés américains (faible poids des valeurs technologique par exemple) et se caractérise également par un plus fort bêta, c’est-à-dire une plus grande volatilité. Beaucoup d’investisseurs ont ainsi tendance à occulter ce marché. En somme, le découplage entre les actions européennes et américaines n’existe tout simplement pas.
Des marchés de plus en plus corrélés
Depuis la crise de 2008, les marchés boursiers ont certes tous monté… mais pas à la même vitesse. Le marché américain est monté 2,5 fois plus vite que le marché européen. La corrélation peut donc sembler relativement faible, mais celle-ci se renforce particulièrement lors des phases de replis. L’interdépendance des places financières a tendance à augmenter, ce qui n’est pas non plus illogique, dans le sens où la plupart des grandes entreprises du CAC40, du DAX allemand ou du Footsie britannique sont des multinationales dont les activités dépendent parfois davantage de la conjoncture américaine ou asiatique qu’européenne.
La difficulté propre à notre époque tient au fait que ces corrélations sont de plus en plus nombreuses, y compris entre les différentes classes d’actifs.
La fin des politiques monétaires accommodantes rebat les cartes de l’allocation d’actifs. Le début d’année a montré que la baisse du marché obligataire américain pouvait entraîner une baisse des marchés actions, alors que les obligations étaient traditionnellement des actifs-refuges en cas de baisse des actions.
Comment adapter sa gestion de portefeuille ?
La période de Goldilocks (Boucle d’or, du célèbre conte du 19ème siècle) est probablement derrière nous. Le terme boucle d’or désigne une économie tempérée, ni en surchauffe pour déclencher l’inflation, ni refroidie au point de causer une récession. Une telle situation se caractérise par des taux d’intérêt faibles, un chômage bas, des prix d’actifs en hausse, une volatilité faible et une croissance régulière du PIB.
Avec la remontée des taux et de l’inflation, associée à une plus forte volatilité, le régime de Goldilocks semble disparaitre, même si la croissance reste forte. Avec une toile de fond macro moins parfaite que précédemment, le marché semble plus sensible aux différentes données. Cela a conduit à la fin du régime de faible volatilité et à une volatilité intraday plus élevée. D’autres sujets d’incertitude récents participent à cette configuration de marché, à savoir l’incertitude sur les tarifs douaniers de Trump et l’évolution à venir de la politique italienne, mais étant donné la forte croissance actuelle et le caractère peu attractif des obligations, nous continuons de surpondérer les actions, même si nous anticipons des rendements ajustés au risque plus faibles.
Dès lors, les valeurs refuges se faisant rares, le cash et/ou les obligations « investment grade » de très court terme doivent être utilisés pour réduire le risque (actions et obligations), en complément des stratégies de couvertures. Une autre réponse se trouve dans l’allocation sectorielle : bien que les marchés soient fortement corrélés entre eux, des écarts de performance significatifs s’observent toujours entre les différents secteurs.