Depuis quelques semaines des éléments contradictoires sur l’économie américaine nous laissent un peu perplexes. Les statistiques de l’emploi et les différents indicateurs de confiance (des ménages et des industriels) suggèrent une croissance économique forte et solide. Pourtant, les chiffres de consommation et la production industrielle s’avèrent décevants et se sont traduits par une croissance du PIB au premier trimestre de +0,7% (en première estimation). Ce paradoxe ne durera pas longtemps : soit l’économie repart de l’avant et les chiffres du deuxième et du troisième trimestre le montreront, soit la confiance s’effritera et le chômage finira par remonter. Nous penchons pour la première hypothèse car il est rare que les indicateurs avancés ne se confirment pas ultérieurement dans les chiffres de l’économie réelle. Une forte activité dans les pays émergents permet aux sociétés américaines d’afficher dans l’ensemble des résultats satisfaisants en ce début d’année.
Cette incertitude n’incitera pas la Fed à accélérer son mouvement de hausse des taux. La prudence de Madame Yellen devrait être de mise à court terme. Dans le même temps, les cent premier jours de la présidence Trump ont été l’occasion de constater à quel point les contre-pouvoirs aux Etats-Unis sont puissants (Obamacare, situation des migrants etc.). Un homme seul, fut-il Mr Trump, ne peut pas se prévaloir de ces contrôles propres à une vraie démocratie. Cette situation est plutôt rassurante même si la contrepartie se traduit par un risque d’immobilisme.
En Europe, le dénouement de l’élection présidentielle française concentre, parfois à l’excès, toutes les attentions. Le résultat du premier tour a provoqué un premier soulagement pour les marchés.
L’élection probable de Mr Macron ferait sauter le verrou politique qui bloque les investisseurs depuis des mois, même si les élections législatives créeront de nouveau un peu d’incertitude. Le candidat Macron a mis l’Europe au centre des débats. La gouvernance de la zone euro pourrait évoluer favorablement, les Allemands étant également conscients de l’urgence à agir.
Les observateurs vont enfin pouvoir se focaliser sur les données fondamentales de l’économie européenne, lesquelles sont en constante amélioration depuis le début de l’année. L’hypothèque politique levée, un choc de confiance favorable pour la croissance et pour les entreprises pourrait même se mettre en place. Par ailleurs la BCE, selon les déclarations de Mario Draghi, ne changera pas sa politique monétaire avant décembre 2017 au plus tôt.
Le reste du monde est également poussé par des vents porteurs, du Japon aux pays émergents, confirmant cette reprise synchronisée que nous constatons ces derniers mois. Nous ne serions pas étonnés que la croissance mondiale soit révisée à la hausse en 2017.
La combinaison d’une atténuation du risque politique et d’une accélération de la croissance rend le terrain de jeu attractif pour les investisseurs, particulièrement en Europe. Les bonnes publications de la plupart des entreprises européennes sont la conséquence logique de cette embellie économique. En termes d’allocation, l’Europe reste très sous-pondérée dans les grandes gestions internationales. Les flux internationaux de capitaux pourraient donc affluer sur les marchés européens au cours des prochaines semaines, donnant une fenêtre de tir favorable pour les marchés.
Les risques face à ce scénario favorable sont réels, à commencer par une victoire de Mme Le Pen. Les tensions en Corée du Nord et au Moyen Orient ainsi que les dures négociations sur le Brexit restent également à surveiller. Cependant, la toile de fond globale est positive et doit nous inciter, en cas de victoire de Mr Macron, à hisser les voiles pour profiter des vents porteurs.