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Situation inquiétante en Irak : ses implications sur le marché pétrolier

La situation a pris un tournant inquiétant en Irak avec la prise de contrôle de la ville de Mossoul par les djihadistes et c’est une mauvaise nouvelle pour la production de pétrole en Irak.

Après Mossoul, deuxième ville du pays, et la province de Ninive mardi, les insurgés de l’organisation djihadiste de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris hier la ville de Tikrit, chef-lieu de la province de Salaheddine, située à 160 km de Bagdad, et avancent désormais vers la capitale, entraînant un exode massif de la population.

L’insécurité est grandissante en Irak depuis un certain temps. Selon les Nations Unies, 8868 personnes ont été tuées dans des attaques en 2013, ce qui en fait l’année la plus violente depuis la fin de la guerre civile en 2008. L’effusion de sang se poursuit en 2014 avec un nombre de morts estimé à 3000 depuis le début de l’année selon l’Iraq Body Count. Le conflit syrien est venu aggraver la situation de sécurité en Irak en aggravant le sectarisme, ce qui a servi de rampe de lancement pour des attaques par des extrémistes d’Al Qaïda.

Les enjeux sont élevés pour le marché pétrolier. Avec la production libyenne qui n’est pas prête de redémarrer et le retour lent de l’Iran sur le marché, le marché avait misé de gros espoirs sur la progression de la production irakienne.

En temps normal, près de 400 000 barils par jour sont produits (dans le nord), ce qui correspond à 10% de la production de pétrole de l’Irak. En 2012, environ 50 millions de barils par mois étaient exportés par le port de Bassora (sud) et 10 à 15 millions par Kirkouk (nord). Mais cette voie d’exportation par le nord a déjà connu un coup d’arrêt en mars dernier.

Des insurgés avaient attaqué l’oléoduc reliant la province de Kirkouk au port turc de Ceyhan, qui ne transporte plus depuis aucune goutte de brut, les exportations étant déroutées entièrement par le sud du pays, sans une forte conséquence sur les volumes. D’autant que, toujours dans le nord, mais dans la région autonome du Kurdistan, les autorités kurdes sont en conflit ouvert avec le gouvernement central pour la mainmise des exportations de brut de la province. Et même si jusqu’ici les insurgés n’ont pas annoncé cibler d’autres infrastructures pétrolières, la menace ne peut être totalement écartée, alors que la région de Bassora a subi plusieurs attentats à la bombe l’an dernier.

C’est justement une des grandes questions du secteur pétrolier irakien de savoir si des groupes comme l’EIIL vont chercher à étendre leurs attaques à d’autres infrastructures énergétiques.

S’attaquer aux infrastructures, c’est s’attaquer à la seule ressource économique du pays. Le pays a pu renforcer sa production pour compenser (l’arrêt du pipeline Kirkouk-Ceyhan) malgré le contexte intérieur et l’essentiel de la production reste exportée par le sud. Le ministre irakien du pétrole, Abdel Karim al-Luyabi, n’a, lui, voulu montrer aucune inquiétude, affirmant ce mercredi en marge de la réunion de l’OPEP à Vienne, que le pays n’a aucune production dans la région.

Cette incertitude sur l’avenir sécuritaire du pays risque de contrarier les objectifs des autorités irakiennes qui ont annoncé vouloir porter leur production à 9 mbj en 2017. Un objectif qui paraissait jusqu’ici atteignable car, depuis 2011, les exportations de pétrole sont reparties à la hausse, atteignant 80,04 millions de barils en mai, soit une moyenne de 2,58 millions de barils par jour (mbj), selon des chiffres du ministère irakien du pétrole.

En février, le pays avait même produit 3,5 Mb/j, dont 2,8 exportés, un niveau jamais atteint depuis plus de deux décennies.

Sur les marchés, ce regain de violence a commencé à avoir des effets sur les prix, qui sont passés de 108$/b à 111$ en quelques jours pour le Brent.

Si la détérioration de la sécurité est trop grande et que la production est sévèrement affectée, les prix pourraient flamber rapidement.

Sandrine Cauvin Juin 2014

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