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Washington pivote vers l’Asie

Les tensions géopolitiques devraient réapparaître alors que le président Biden entend porter son attention sur la politique étrangère en 2022. Les questions commerciales pourraient connaître une forme de répit si les Etats-Unis abaissent certains droits de douane pour diminuer les pressions sur la chaîne d’approvisionnement...

Les tensions géopolitiques devraient réapparaître alors que le président Biden entend porter son attention sur la politique étrangère en 2022. Les questions commerciales pourraient connaître une forme de répit si les Etats-Unis abaissent certains droits de douane pour diminuer les pressions sur la chaîne d’approvisionnement. Cependant, la source des pressions pourrait changer, sous l’effet d’un renforcement continu des coalitions multilatérales dominées par les Etats-Unis, et des restrictions sur l’accès de la Chine aux technologies avancées.

Le président Biden a, sans surprise, passé une grande partie de sa première année post-élection à traiter des questions urgentes sur le plan domestique, notamment la réponse à la pandémie, le plafond de la dette américaine et la signature des programmes budgétaires, qui font encore l’objet de négociations au Congrès.

Toutefois, Joe Biden pourrait chercher à se concentrer sur la politique étrangère durant sa deuxième année à la tête du pays, tout comme son prédécesseur, Donald Trump, qui avait annoncé sa guerre commerciale en janvier 2018, soit quasiment un an après avoir été élu. Bien que les spécificités de la politique de Biden visà- vis de la Chine restent inconnues, les développements observés en ce second semestre 2021 suggèrent que l’administration Biden semble renouer avec la stratégie du « Pivot vers l’Asie » de l’ère de Barack Obama, qui devrait plus pleinement prendre forme en 2022.

Les investisseurs pourraient par conséquent assister à un dégel des relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine durant l’année à venir. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ayant donné lieu à une inflation américaine élevée, l’administration Biden paraît encline à utiliser un allègement sélectif des droits de douane comme moyen d’atteindre ses objectifs domestiques. En effet, il s’avère que l’achat, par la Chine, de biens américains dans le cadre de l’accord commercial ‘Phase One’ reste toujours de 40% inférieur à l’objectif fixé, et les Etats-Unis devraient avoir intérêt à apaiser les tensions commerciales dans les mois à venir, tandis que Pékin pourrait de la même façon bénéficier, au niveau domestique, d’une offre agricole accrue.

Cependant, les avancées sur le plan commercial pourraient démentir une réorientation plus large des priorités américaines. En particulier, le retrait d’Afghanistan, le renforcement des liens parmi les pays du ‘Quad’ (Etats-Unis, Japon, Inde et Australie), et l’annonce en cette fin d’année d’un pacte entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (nommé ‘AUKUS’) suggèrent en effet que Washington est en voie de réajuster ses axes prioritaires en se désengageant du Moyen-Orient, au profit d’une approche multilatérale visant à contrecarrer l’influence de la Chine dans la région indo-pacifique, et donc en ne se limitant pas seulement à la question commerciale.

Le risque n’est pas celui d’un conflit imminent mais d’une erreur tactique des deux premières puissances mondiales.

Dans la mesure où les droits de douane ne représentent pas une forme de levier viable, l’accès aux technologies avancées et aux marchés de capitaux USD reste un point de pression stratégique potentiel clé, surtout alors que la Chine cherche à établir son nouveau paradigme domestique.

Les responsables politiques en Chine ne sont pas insensibles à ces menaces. Ces derniers mois, un avion chinois a opéré des manoeuvres dans la zone d’identification de la défense aérienne au-dessus de Taïwan, Pékin définissant ses lignes rouges pour la nouvelle administration américaine. Par ailleurs, de multiples rounds de pourparlers au niveau du commandement entre la Chine et l’Inde n’ont pas réussi à parvenir à un accord, ce qui rend d’autant plus difficile d’amorcer une désescalade des troubles sur cette frontière de plus en plus conflictuelle.

Bien que les tensions soient élevées, le principal risque pour les investisseurs n’est donc pas celui d’un conflit imminent entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales, mais d’une erreur de tactique qui pourrait conduire des économies en ralentissement à se retrouver au bord de la récession, comme cela avait été le cas lors de la guerre commerciale Etats-Unis/Chine de 2018-2019.

Norman Villamin Décembre 2021

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