En effet, si la remontée des cours boursiers ces deniers jours est salutaire, il n’est pas certain que les éléments à l’origine de cette remontée - rebond des cours pétroliers, moindres nervosités sur les marchés des changes, diminution des craintes économiques - s’avèrent pérennes, surtout dans un environnement où le risque politique va augmenter à l’approche notamment du référendum au Royaume-Uni.
Même si la conjoncture mondiale ne montre pas de signes d’affaiblissement majeur, la tendance au ralentissement qui s’est profilée au cours des derniers mois reste d’actualité. Dans son dernier rapport prévisionnel, le Fonds Monétaire International a revu à la baisse une fois de plus son estimation de croissance de l’économie mondiale pour 2016 de 3,4 % à 3,2 %.
Plus de 60% des emprunts d’Etat offrent à l’heure actuelle un rendement réel négatif
Le niveau bas des taux obligataires fait que les emprunts de qualité ne peuvent plus jouer leur rôle d’absorbeur de chocs dans un portefeuille diversifié, même si les événements des derniers mois ont montré que les taux obligataires peuvent tomber en-dessous de zéro.
En implémentant des taux d’intérêt négatifs, les banques centrales ont instauré une ère nouvelle en matière de politique monétaire, leur crédibilité est de plus en plus remise en question.
La fragilité du système financier fait que l’or a sa place dans un portefeuille diversifié. Dans la mesure où la Banque centrale européenne semble avoir écarté (temporairement ?) une réduction supplémentaire des taux d’intérêt, l’évolution du dollar dépendra essentiellement de la politique monétaire de la Réserve fédérale, à moins d’une nouvelle crise dans la zone euro. Dans un contexte de fragmentation politique grandissante en Europe, le référendum sur un éventuel retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait toutefois provoquer une telle crise. Et on repartirait sur un mouvement de montagnes russes sur les marchés boursiers.
L’or semble avoir retrouvé la faveur des investisseurs. Le cours du métal jaune a progressé de 16 % sur le premier trimestre, enregistrant sa hausse trimestrielle la plus importante en près de 30 ans.
Les inquiétudes sur la santé de l’économie mondiale et les troubles sur les marchés boursiers ont permis à l’or de retrouver son caractère de valeur refuge. Les opérateurs ont par ailleurs revu à la baisse leurs anticipations sur le resserrement monétaire aux Etats-Unis, ce qui a pesé sur le dollar et aidé l’or. A plus long terme, les politiques monétaires actuellement menées par les banques centrales continuent à plaider en faveur de l’or, même si des périodes de consolidation/correction sont possibles. La Banque du Japon a ainsi introduit des taux négatifs en février alors que la Banque centrale européenne a encore élargi son arsenal de mesures non conventionnelles. Ces politiques diminuent la confiance dans l’argent-papier et plaident en faveur de l’or.
A noter que selon le World Gold Council, les banques centrales elles-mêmes ont acheté plus de 336 tonnes d’or sur le second semestre 2015, ce qui constitue un chiffre record.