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Alain Albizzati : « Il est nécessaire d’apporter plus de transparence au processus de gestion des fonds quantitatifs »

Selon Alain Albizzati, Responsable de la Gestion Alternative et des Produits structurés chez Lazard Frères Gestion, les investisseurs privés et les institutionnels, n’ayant pas les moyens d’effectuer des « due-dilligence » très poussées, privilégient des sociétés de gestion locales et reconnues…

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Next-Finance : Quel regard portez-vous sur la gestion dite quantitative, et notamment la gestion quantitative française ?

Alain Albizzati : D’une façon générale, c’est un style de gestion qui affiche de bonnes performances en présence d’un niveau de volatilité relativement élevé. En effet, les fonds alternatifs dits « managed futures » ou CTA pour « commodity trading advisor » ont tendance à voir leur rendement s’effriter lorsque la volatilité tend à se normaliser sur ses niveaux historiques. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce type de stratégie a relativement souffert cette année, avec le retour à la normale, observé sur les marchés financiers. Une situation qui fait suite à la période de crise récente, et notamment l’année 2008 où les fonds alternatifs avaient affichés de solides performances.

Concernant la gestion quantitative française, on dénombre actuellement sur la place parisienne, quelques bons gérants. Mais, ces acteurs doivent faire face, à une vive concurrence internationale, notamment de la part des pays anglo-saxons. Il faut dire que ce type de gestion nécessite beaucoup de moyens et d’investissement, en termes d’infrastructure informatique, de personnel, mais aussi en matière de recherche et développement ; ce qui a tendance à favoriser les flux de souscription vers les gérants quantitatifs affichant les encours les plus importants, capables de se donner les moyens de réussir.

Je privilégie les gérants ayant un ‘track record’ long, des équipes étoffées et des encours élevés.
Alain Albizzati

De nombreux gérants quantitatifs se plaignent de la frilosité des investisseurs français. Ne sont-ils pas trop attentistes ? Trop frileux ? Manquez-vous de moyens pour effectuer des « due-dilligence » adéquates ?

Il est vrai que ces stratégies quantitatives sont encore peu connues des investisseurs traditionnels et nécessitent des moyens dédiés pour effectuer des « due-dilligence » poussées.

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Alain Albizzati

Il faut bien comprendre que trois types d’investisseurs sont potentiellement intéressés par la gestion quantitative : les investisseurs traditionnels privés et institutionnels et les fonds de fonds alternatifs. N’ayant pas les moyens d’effectuer des « due-dilligence » très poussées, les investisseurs privés et les institutionnels privilégient des sociétés de gestion locales et reconnues. Ils préfèrent des fonds au style de gestion simple, c’est-à-dire avec une philosophie de gestion facilement compréhensible et conformes à la réglementation européenne (UCITS – « Undertaking for Collective Investment in Transferable Securities »). Or ces critères sont rarement réunis par les fonds quantitatifs, gérés sur la place de Paris.

Les fonds de fonds, eux, sélectionnent des gérants situés indifféremment à Paris ou à l’international. Les stratégies quantitatives bénéficiant d’un effet d’expérience (collecte des données, développement des modèles) et nécessitant d’importants investissements en recherche et en infrastructure informatique, je privilégie les gérants ayant un « track record » long, des équipes étoffées et des encours élevés.

Les gérants quantitatifs permettent d'éviter les éventuels biais comportementaux des gérants discrétionnaires. En clair, prendre trop rapidement des profits sur une position gagnante ou bien garder trop longtemps une position en perte.
Alain Albizzati

Que manque t-il aujourd’hui pour susciter plus d’intérêts de la part des institutionnels français ? Les gérants quantitatifs doivent-ils faire preuve de plus pédagogie ?

Au delà d’une meilleure adaptation des formats juridiques aux besoins des investisseurs, je pense qu’il est nécessaire d’apporter plus de transparence au processus de gestion des fonds quantitatifs qui s’apparentent bien souvent à des sortes de « boites noires » auprès des clients potentiels. Pourtant, ce type de fonds, par leur style d’allocation de portefeuille flexible, leur gestion du risque rigoureuse et leur méthode de « market timing » à travers les différentes techniques de « suivi de tendance », permettent d’éviter, les éventuels biais comportementaux des gérants discrétionnaires. En clair, prendre trop rapidement des profits sur une position gagnante ou bien garder trop longtemps une position en perte ; deux cas de figure à éviter à tout prix où un gérant quantitatif aurait agi exactement à l’inverse. Comme on le comprend, les gérants quantitatifs doivent donc sans doute faire preuve d’une plus grande pédagogie auprès des différents investisseurs pour susciter plus d’intérêt auprès d’eux.

RF Décembre 2012

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