Depuis l’été dernier, notre Comité d’allocation d’actifs a modifié son positionnement en faveur d’une exposition à la reprise économique après la crise du coronavirus.
Cette évolution a des répercussions régionales, mais aussi sectorielles et sur les classes d’actifs. En général, lorsque l’appétit pour le risque est élevé ou qu’un nouveau cycle économique se met en place, notre Comité se tourne de plus en plus vers les marchés extérieurs aux États-Unis, à savoir les places industrielles d’Europe et d’Asie et les producteurs de matières premières du monde émergent.
C’est effectivement ce qui ressort des derniers avis du Comité, même si, contrairement à la décennie précédente, cette reprise économique est menée par les États-Unis plutôt que par la Chine.
Le plan de relance de 1 900 milliards de dollars du gouvernement américain va certainement stimuler la croissance intérieure. À un niveau de 916 000, les dernières données sur les emplois non agricoles ont dépassé les estimations de près de 300 000 et constituent le chiffre le plus élevé depuis sept mois. Et lorsque récemment l’OCDE a revu à la hausse ses prévisions de croissance mondiale pour 2021 de 1,4 point de pourcentage, passant à 5,6 %, elle a noté qu’un point de pourcentage complet proviendrait du plan de relance américain. Et en effet, les chèques qui arrivent directement dans les poches des consommateurs américains sont plus susceptibles d’être dépensés en biens importés qu’en services nationaux encore restreints.
Mais où exactement pensons-nous que les investisseurs tireront le plus de bénéfices ? Depuis le milieu de 2020, notre Comité a surpondéré le Japon dans son allocation d’actifs, ce qui a généré une exposition majeure à l’indice TOPIX dans nos portefeuilles multi-actifs. Nous pensons que les investisseurs devraient prêter attention à ce marché important.
Exposition au dollar
L’un des effets récents du leadership des États-Unis dans la reprise actuelle réside dans la force du dollar. Nous ne pensons pas que le dollar restera fort ces 12 prochains mois, mais sa récente remontée a pris de nombreux investisseurs au dépourvu et nous considérons que le risque est plus grand aujourd’hui qu’il y a trois mois.
Cela nous rend légèrement moins favorables aux marchés émergents, dont l’exposition au dollar s’est traduite par des performances relativement faibles depuis le début de l’année. La hausse de l’inflation, le resserrement de la politique monétaire et l’augmentation des primes de risque en réponse à plusieurs grands plans de relance budgétaire ajoutent à la pression, ce qui peut conduire au type de problèmes systémiques que nous observons actuellement en Turquie, par exemple.
Les marchés européens nous semblent également moins favorables qu’il y a quelques mois, car un certain nombre de pays sont aux prises avec une nouvelle vague d’infections au coronavirus et un programme de vaccination hésitant, ainsi qu’un manque de puissance budgétaire par rapport à celle des États-Unis.
Adapté à la reprise
Le Japon n’est pas à l’abri de certains de ces défis. Il subit actuellement sa quatrième vague d’infections au coronavirus et ne dispose d’aucune production nationale de vaccins. Lorsque les Jeux Olympiques débuteront en juillet, cet évènement sera plus calme que d’habitude, sans spectateurs étrangers.
Dans ce contexte, nous évaluons les 3 000 milliards de dollars de mesures de relance budgétaire prises par le pays, avec d’autres dépenses en cours de discussion suite au récent budget record pour l’année à venir. Nous examinons la manière dont les fabricants exportateurs japonais se sont adaptés à la reprise cyclique mondiale et, contrairement à de nombreux marchés émergents, comment ils bénéficieraient probablement d’un dollar plus fort et d’un yen plus faible, la consommation américaine aspirant les importations. Nous notons que, selon FactSet, l’indice TOPIX a progressé de plus de 10 % cette année, presque au même rythme que les petites capitalisations américaines, tandis que l’indice MSCI Emerging Markets a enregistré un rendement inférieur à 3 %.
Prise en compte de l’actionnaire
Mais surtout, l’attitude des dirigeants d’entreprises japonaises à l’égard de l’actionnariat semble changer. Un nombre croissant d’événements activistes, dont la défaite de Toshiba tombé aux mains de son principal investisseur n’est que le dernier exemple en date, a commencé à rendre les directions "plus sensibles aux intérêts des actionnaires", comme l’a déclaré notre propre équipe chargée des actions de petites et moyennes capitalisations au Japon.
Le succès que cette équipe a connu au cours des 12 derniers mois, grâce à son engagement auprès de directions d’entreprise de plus en plus "compétentes et ouvertes d’esprit, prêtes à écouter les actionnaires à long terme comme nous", témoigne de cette tendance. Nous entendons des rapports similaires de la part de nos experts locaux en Private Equity. Ces deux équipes voient beaucoup d’opportunités là où les dépenses d’investissement restent modestes et où les coûts peuvent être réduits, mais aussi où les directions d’entreprise sont devenues beaucoup plus ouvertes à de nouveaux actionnaires et à de nouvelles idées.
Ce potentiel de déblocage de la valeur actionnariale jusqu’à aujourd’hui réprimée fait, selon nous, du Japon un favori dans la course à la médaille de la reprise économique. Les capitaux des investisseurs mondiaux pourraient se tourner vers le Japon cette année, même si les amateurs de sport ne pourront pas être au rendez-vous.