Next-Finance : Pouvez-vous nous présenter la MAIF ? Quel est le montant actuel de vos encours et quelle est votre allocation d’actifs actuelle ?
Carole Zacchéo : La MAIF (Mutuelle Assurance des Instituteurs de France) est une société d’assurance mutuelle française créée en 1934 qui compte environ 4 millions de sociétaires. A fin 2021, les encours du groupe s’élevaient à 22 milliards d’euros. Dans les grandes masses, notre allocation d’actifs se décompose de la façon suivante :
- taux et crédit dont monétaire : 70% (obligations d’entreprises et titres gouvernementaux)
- actions cotées et non coté : 10 %
- actifs réels : 10 %
- autres actifs : 10 %
Pensez-vous modifier sensiblement cette allocation avec la guerre en Ukraine et l’inflation galopante ?
Nous avons allégé notre exposition sur les marchés actions, même si nous ne disposions d’aucune exposition directe à des entreprises russes ou ukrainiennes. L’exposition indirecte à ces pays via les fonds d’investissements dans lesquels nous sommes investis était quasi nulle.
Nous avons procédé à quelques allégements et cessions sur notre portefeuille obligataire géré en direct, d’émetteurs qui pouvaient être exposés à ces zones, mais ces opérations ont représenté de faibles volumes.
Plusieurs investisseurs institutionnels placent leurs portefeuilles sur la défensive en prévision d’une hausse accrue des risques. Est-ce également votre cas ? Utilisez-vous des stratégies de couverture spécifiques ?
C’est effectivement ce que nous avons fait récemment, en allégeant les positions en actions, en dettes à haut rendement et en dettes financières. Nous n’utilisons pas de stratégies de couverture.
Pensez-vous que cette guerre va renforcer l’intérêt des investisseurs pour la thématique ESG ou au contraire la relativiser ? Par exemple, certaines sociétés d’armement pourraient retrouver la faveur des investisseurs ESG, alors qu’elles étaient jusqu’ici plutôt exclues de ce type de fonds…
Effectivement, je pense que la guerre va renforcer l’intérêt des investisseurs et des épargnants pour la thématique ESG. Compte tenu de notre dépendance actuelle aux énergies fossiles, le développement des énergies renouvelables devrait s’accélérer dans les années à venir.
En ce qui concerne MAIF, investisseur engagé dans une stratégie climat ambitieuse, les investissements en faveur de la transition énergétique vont s’accentuer, tant sur des thématiques d’efficacité énergétique que de production d’énergie renouvelable. Nous ne perdons pas non plus de vue la nécessaire dimension sociale des investissements.
Effectivement, je pense que la guerre va renforcer l’intérêt des investisseurs et des épargnants pour la thématique ESG. Compte tenu de notre dépendance actuelle aux énergies fossiles, le développement des énergies renouvelables devrait s’accélérer dans les années à venir.Carole Zacchéo, directrice des Investissements et des Placements du groupe MAIF
Cherchez vous à réduire l’empreinte carbone de vos portefeuilles ? Concrètement, quels engagements avez-vous pris en matière de transition énergétique ? Quelles méthodes utilisez-vous pour mesurer cette empreinte carbone au sein de vos portefeuilles ?
Oui, nous cherchons à mesurer au mieux notre empreinte carbone. Pour ce faire, nous avons recours à des prestataires externes comme Carbone 4 par exemple. Notre objectif est d’aligner en 2030 nos portefeuilles sur la trajectoire de 1.5° à l’horizon 2050.
Nous déterminons actuellement des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur les portefeuilles d’actifs à horizon 2025. La fixation de ces cibles est également un engagement que nous avons pris en adhérant à la NZAOA l’année dernière.
Avez-vous à terme un objectif d’une allocation 100% ESG ?
Notre démarche est d’ores et déjà 100% ESG dans la mesure où tous nos investissements font l’objet d’une analyse extra-financière au même titre qu’une analyse financière.
Par ailleurs, notre objectif de part ISR pour le Groupe MAIF est de 90% pour 2022. Cet objectif est en amélioration d’une année sur l’autre, mais il est vrai que la progression est désormais moins rapide, en lien avec l’inertie du stock et surtout avec les investissements non liquides.
- Carole Zacchéo, directrice des Investissements et des Placements du groupe MAIF
Déléguez-vous la gestion de votre portefeuille à des sociétés de gestion ? Avez-vous des objectifs de rentabilité sur votre portefeuille ? Quelle a été sa performance en 2021 ?
La gestion déléguée, via des OPCVM, concerne un tiers de notre portefeuille. Nous ne gérons en direct que le portefeuille d’obligations Investment Grade libellées en euros.
Nous avons des objectifs de produits financiers annuels et donc un objectif de rentabilité plus que de performance.
Celle-ci est restée positive en 2021, tirée par la bonne performance des marchés actions mais pénalisée par la performance négative des obligations qui constituent l’allocation principale de notre portefeuille.
Quels seront vos sujets de prédilection dans les mois à venir ? Sur quelles classes d’actifs comptez-vous vous positionner ?
Dans les mois à venir, nous ne comptons pas procéder à de changements majeurs. Nous poursuivons notre politique de renforcement des actifs non cotés (dette privée, private equity, immobilier et infra). La hausse des taux génère également des opportunités d’achats intéressantes sur notre cœur de portefeuille.