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Comment va évoluer l’énergie sous l’administration Trump ?

« Drill, drill baby », soit « fore, fore bébé », vous avez certainement déjà entendu cette expression qu’utilise à tout va le nouveau président élu Donald Trump. C’est d’ailleurs un argument majeur de sa campagne électorale, car selon lui cela permettrait de remplir les caisses de l’état, mais aussi de faire baisser l’inflation. Que faut-il en penser et quel est l’impact des décisions de l’administration Trump sur le prix du baril de pétrole ? Synthèse et analyse.

« Drill, drill baby », soit « fore, fore bébé », vous avez certainement déjà entendu cette expression qu’utilise à tout va le nouveau président élu Donald Trump. C’est d’ailleurs un argument majeur de sa campagne électorale, car selon lui cela permettrait de remplir les caisses de l’état, mais aussi de faire baisser l’inflation. Que faut-il en penser et quel est l’impact des décisions de l’administration Trump sur le prix du baril de pétrole ? Synthèse et analyse.

a. Les faits

Avec son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump s’installe dans une position de force avec le contrôle républicain sur le Congrès. L’ex-futur président pourrait agir avec une liberté sans précédent depuis son premier mandat.

Ce retour promet une série de changements radicaux dans les domaines de l’économie, de la géopolitique, et du … climat. Sur ce point, de nombreuses questions émergent concernant les moyens de faire baisser le prix de l’énergie, mais aussi (et surtout) les conséquences écologiques de telles annonces. Est-ce que les États-Unis vont à nouveau ressortir de l’Accord de Paris ou encore les objectifs en termes d’émissions de CO2 vont-ils être remis au goût du Président ? Décryptage …

b. Quelles sont les 3 mesures chocs qui pourraient « immédiatement » être prises ?

Dans la théorie et selon ce que le président Trump a déclaré et écrit dans son programme, voici 3 des décisions qui pourraient immédiatement être prises à partir du 20 janvier (Agenda47 : America Must Have the #1 Lowest Cost Energy and Electricity on Earth | Agenda47 | Donald J. Trump)

Tout d’abord, il pourrait stimuler énergiquement la production américaine de pétrole et de gaz en assouplissant les permis de forage fédéraux et en mettant fin aux restrictions sur les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL), dans le but de faire de l’énergie américaine la moins chère du monde industrialisé.

Deuxièmement, Donald Trump pourrait faire pression en faveur d’un règlement négocié de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, en tirant parti de l’aide militaire américaine pour influencer les deux parties vers un accord favorable aux intérêts américains, ce qui pourrait conduire à un réalignement des responsabilités en matière de dépenses de défense au sein de l’OTAN.

Enfin, l’ex-nouveau président pourrait donner à Israël le feu vert pour agir de manière décisive contre les ambitions nucléaires de l’Iran, renforçant ainsi les alliances entre les États-Unis et le Moyen-Orient et diminuant l’influence de la Chine dans la région.

c. Remettons tout d’abord l’église au milieu du village

Le concept d’« indépendance énergétique » des États-Unis a été mal interprété, en particulier sous la première ère Trump et l’ère Biden.

Bien que les républicains affirment que les États-Unis étaient indépendants sur le plan énergétique sous Trump et qu’ils sont devenus dépendants du pétrole étranger sous Joe Biden, la réalité est que les États-Unis ont continué à importer de l’énergie tout au long des deux administrations.

Des facteurs tels que la configuration des raffineries, les avantages économiques et la logistique géographique ont contribué à la nécessité d’importer du pétrole, y compris de pays comme le Canada et, dans une moindre mesure, la Russie.

L’approche de Joe Biden est en effet moins favorable aux combustibles fossiles que celle de Donald Trump, mais il n’a pas arrêté la production américaine, qui s’est maintenue à des niveaux similaires.

En fait, l’hésitation de l’industrie à augmenter la production est en grande partie due au fait que les « grands investisseurs américains (fonds de pension, assurance …) » privilégie la rentabilité à l’expansion, et non à la politique présidentielle.

Le rôle du gouvernement fédéral dans la production pétrolière américaine est relativement limité, la plupart des forages ayant lieu sur des terrains privés, ce qui rend les forces du marché plus influentes que la politique gouvernementale.

Malgré ces complexités, la production pétrolière américaine devrait augmenter et potentiellement établir de nouveaux records dans les années à venir.

Ensuite, l’affirmation de Donald Trump selon laquelle les États-Unis disposent des plus grandes ressources énergétiques souterraines n’est pas tout à fait exacte. S’il est vrai que les États-Unis disposent de vastes réserves de charbon, de gaz naturel et de gaz de schiste, d’autres pays les dépassent dans certains domaines.

Par exemple, le Venezuela et l’Arabie saoudite ont des réserves de pétrole prouvées plus importantes, le Venezuela détenant les plus grandes réserves de pétrole conventionnel au monde. La Russie dépasse les États-Unis en termes de réserves de gaz naturel et, dans le secteur des énergies renouvelables, des pays comme la Chine et le Brésil sont en tête pour ce qui est des ressources solaires, éoliennes et hydroélectriques.

Bien que les États-Unis disposent d’une base énergétique diversifiée et substantielle, d’autres pays occupent des positions de premier plan dans certaines ressources et dominent des marchés énergétiques mondiaux spécifiques.

d. Le secteur du pétrole et du gaz naturel liquéfié : un retour en grâce ?

Le secteur des hydrocarbures, en particulier celui du gaz naturel liquéfié (GNL), pourrait tirer profit d’une présidence Trump. Sa promesse de lever le moratoire sur les permis d’exportation de GNL pourrait stimuler les investissements dans les infrastructures énergétiques.

Cependant, il est peu probable que de nouveaux permis soient délivrés avant le milieu de l’année 2025, et le marché du GNL reste sensible aux aléas géopolitiques, notamment les tensions au Moyen-Orient et en Ukraine.

De plus, l’augmentation potentielle des droits de douane pourrait faire des exportations américaines de GNL une cible de représailles de la part de certains partenaires commerciaux. Dans ce contexte, le marché du gaz domestique pourrait voir ses prix augmenter, posant la question de la rentabilité à long terme des exportations de GNL.

e. Quel impact pour la transition énergétique ?

Donald Trump a clairement exprimé son scepticisme vis-à-vis des politiques climatiques actuelles et promet un retour aux énergies fossiles, symbolisé par le slogan « drill, baby, drill ». Sa priorité ? Relancer la production pétrolière et gazière sur le sol américain, alléger les restrictions environnementales, et, possiblement, réduire les subventions allouées aux énergies renouvelables. Si ces mesures peuvent stimuler la production domestique d’hydrocarbures, elles risquent aussi de freiner la croissance des secteurs de l’éolien, du solaire et du stockage d’énergie. Avec un Congrès républicain, Trump pourrait facilement faire passer de nouvelles lois allégeant les taxes sur le pétrole et le gaz, favorisant un retour aux investissements fossiles.

f. Les conséquences sur les renouvelables et l’Inflation Reduction Act

L’Inflation Reduction Act (IRA), adoptée sous Joe Biden pour accélérer la transition énergétique, pourrait être partiellement remise en cause. Bien que son abrogation complète soit improbable – certaines mesures de l’IRA bénéficient d’un soutien bipartisan – les incitations fiscales pour les énergies propres pourraient être réévaluées.

Cela pourrait freiner les projets dans les secteurs de l’éolien et du solaire, en particulier si les crédits d’impôt sont écourtés. Donald Trump pourrait également imposer des droits de douane sur les importations d’équipements pour énergies renouvelables, renchérissant le coût de ces technologies pour les consommateurs américains et réduisant le rythme des installations renouvelables.

Les normes d’émissions pour les centrales thermiques, mises en place par l’administration Biden, seraient sans doute annulées.

Si cela pouvait renforcer la demande en charbon et en gaz, il y a un risque que l’industrie de l’énergie se trouve fragilisée dans sa capacité à s’adapter aux exigences climatiques futures, aussi bien nationales qu’internationales.

Ceci représenterait un coup de frein à la décarbonation de l’économie américaine, mais aussi un marché en berne pour les entreprises américaines de technologie verte …

g. Elon Musk peut-il avoir une influence (positive) sur Donald Trump ?

Elon Musk, bien que défenseur de l’action climatique, s’est aligné sur le président élu Donald Trump, qui a historiquement rejeté les préoccupations climatiques, créant ainsi un conflit potentiel d’intérêts et de valeurs.

Donald Trump s’est engagé à accroître la production de pétrole et à sortir de l’accord de Paris sur le climat, ce qui contraste fortement avec le soutien d’Elon Musk aux énergies durables telles que l’énergie solaire et les véhicules électriques, ainsi qu’avec son soutien occasionnel à l’énergie nucléaire.

Elon Musk a prudemment suggéré que les solutions climatiques devraient être progressives, en évitant les changements radicaux qui nuisent à l’économie ou au secteur agricole, une position en désaccord avec les écologistes qui soulignent l’urgence d’atteindre zéro émission d’ici le milieu du siècle.

Elon Musk a aussi souligné que s’il est favorable à la durabilité à long terme, des changements immédiats et radicaux ne sont pas nécessaires, un point de vue qui va à l’encontre de celui des leaders mondiaux de l’environnement qui préconisent une réduction rapide des émissions d’ici le milieu du siècle. Malgré cela, l’influence d’Elon Musk dans le cercle de Trump pourrait encore façonner l’approche de la nouvelle administration en matière d’énergie, en concurrence avec les intérêts des combustibles fossiles qui soutiennent Trump.

Les mois à venir pourraient révéler si la position progressiste d’Elon Musk sur l’énergie peut coexister avec les stratégies énergétiques traditionnelles de Donald Trump, ou si Elon Musk sera confronté aux mêmes tensions que celles qui l’ont amené à se retirer des conseils consultatifs présidentiels en 2017 pour protester contre la politique climatique … Le président à l’époque était un certain … Donald Trump !

h. L’évolution du prix du baril de pétrole dépend-elle de Donald Trump ?

La réponse est bien évidemment on à cette question. Nous rappelons une nouvelle fois ici que l’évolution du prix du baril de pétrole ne dépend pas « seulement » d’un seul facteur, mais de plusieurs :

  • L’offre et la demande
  • L’évolution du dollar
  • Le pourcentage de rabais sur le prix officiel
  • L’importance de l’aspect budgétaire pour plusieurs pays (on songe notamment à l’Arabie Saoudite, au Nigéria et au Venezuela)
  • La géopolitique (la guerre en Ukraine et les tensions au Moyen-Orient)
  • Les décisions de l’OPEP+
  • L’aspect météorologique (un hiver sera-t-il plus froid ou plus chaud)
  • Les catastrophes naturelles (dont font partie les ouragans)
  • Le nombre de tankers qui attendent au large des côtes

Le nouveau président aura donc un impact sur l’évolution du prix de l’énergie ou indirect. Par exemple, en affaiblissant la croissance chinoise à travers des barrières tarifaires cela pourrait avoir un impact sur la consommation de pétrole (la Chine est le premier consommateur mondial d’or noir.

i. Synthèse

L’administration Trump pourrait favoriser un retour en force des énergies fossiles, avec des politiques en faveur du pétrole et du gaz, ce qui risque de freiner les énergies renouvelables. Bien que les États-Unis possèdent des ressources énergétiques significatives, ils dépendent encore des importations, notamment pour des raisons économiques et logistiques. L’impact de Trump sur le prix du pétrole sera indirect et dépendra aussi de facteurs mondiaux comme la demande, la géopolitique et les décisions de l’OPEP. Enfin, l’influence potentielle d’Elon Musk auprès de Trump reste incertaine, mais pourrait encourager des initiatives énergétiques plus durables.

John Plassard 18 novembre

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